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4 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
pour fa religion , on croiroit qu’il avoit trahi la
caufe commune.
L’empcreur lifant la lettre d’Agrippa, fut agité
de divers mouvemcns. Enfin il s’adouci t , il lui
accorda comme une grace très-finguliere que la
ftatuë ne feroit point dédiée , & écrivit à Petrone
de ne rien innover dans le temple des Juifs. Mais,
ajoûra- t-il, fi dans les autres villes , excepté Jc-
rufalem feule , quelqu’un me veut ériger des
autels, des temple s , ou des ftatuës, quiconque
s’y oppofera , foit aufli-tôt puni , ou qu’on me
l’envoie. Il fe repentit bien tôt dc cette bonté •,&
laiifant la ftatuë de Sidon , il fit faire à Rome un
autre coloife de bronze doré , pour le tranfpor-
tcr fecretemcnt par mer , & le mettre tout d’un
coup dans le temple de Jerufalem , avant que perfonne
s’cn apperçût.
Il donna enfin audience aux députez des Juifs
d’Alexandrie. C c fut près de Rome , comme il
fe faifoit montrer les maifons qui dépendoienc
des jardins de Mécenas , & de Lamia. A n
premier abord les Juifs fe profternerent, l’appel-
lant empereur ôc augufte. Lui d’un air moc -
queur & outrageant leur demanda : Eres - vous
CCS ennemis des dieux , qui êtes les feuls à ne
me pas connoître pour un Dieu , moi qui le
fuis du confentcmcnt de tout le monde , & qui
me préferez votre Dieu fans nom ; Puis levant
les mains au ciel , il ajouta une parole que Philon
n’a ofé rapporter, tant elle étoit impie. Les
ennemis des Juifs étoient ravis. Ils battoient des
mains ; ils fautoient , Ôc donnoicnt à l’empereur
les titres de tous les dieux. Un nommé Ifidore lui
dit : Seigneur , vous déteftericz bien davantage
CCS gens , f i vous connoiifiezleur impiété ôc leur
malice. Ils ont été les feuls qui n’ont point fait
de facrifices pour votre fanté. Et quand je dis
ceux-ci , je dis tous les Juifs. Les députez des
Juifs s’écrièrent tout d’une voix : Seigneur Caïus,
c’eft une calomnie. Nous avons immolé des hecatombes
; ÔC après avoit répandu le fang fur
l ’autel , nous avons fait brûler les vidtimes toutes
entières fans emporter les chairs pour les
manger ; ôc nous l’avons fait par trois fois : la
premiere à votre avenement à l ’empire : la feconde,
quand vous revîntes de votre grande maladie:
la troifiéme , pour demander la vidtoire fur les
Germains. S o i t , dit l’empereur , vous avez fait
des facrifices , mais à un autre : dequoi cela me
fert-il , puifque ce n’eft pas à moi que vous avez
facrifié ? A ces paroles les députez friiTonnoicnt
d’horreur.
Cependant il vifitoit les apparteraens du haut ?.
en b a s , regardant les falles ôc les chambres , marquant
ce qui lui déplaifoit , & ce qu’il vouloit
changer. Les députez montoient ôc defcendoienc
après lui , pouffez ôc mocquez comme en une comedie.
Après avoir donné quelques ordres pour
fes bâtimcns , il leur demanda d’un air ferieux ;
Pourquoi ne mangez vous point de porc è II s’é-
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