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ao H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q ,u e .
& Selene fous la figure de Minerve. Leurs pretre.s
vivoient dans la débauche, s’appliquoient à la magie
, aux enchantemens,aux charmes pour donner
de l’amour,à l’explication des fonges,& à toutes les
vaines cur iof i tez.Cet tefcde ne fut point pcrfecu-
tée : ôc toutefois elle ne paroiiToit plus en aucun
lieu du monde deux cens ans après.
IX. Vers ce même tems, fur la fin du regne dc
T^Apoiionms de “fiacre , OU 311 Commencement du regne de Ca-
Thihur. i,ita hgula, il vint à Ant ioche un autre fameux impof-
ApcU.ht. i. cap. nommé Apollonius : que les païens n’ont
pas eu honre d’oppofer aux apôtres & à J. C .
même. Il étoit né à T y ane en Cappadoce, d’une
famille ancienne & de parens riches. Il avoit un
grand efprit naturel, une excellente mémoire,
parloir très-bien g rec , ôc étoit fi beau , qu’il at-
tiroit les ïeux de tout le monde. A quatorze
ans fon pere l ’cnvoïa à Tarfe en Cilicie , pour é-
tudier la réchorique. Mais il s’appliqua à la philo-
fophie , ik choific la f cd e dc Puhagore , dont il
commença à faire profeflion à l’âge dc feize ans.
Il renonça aux viandes animées, comme n’étant
pas pures ôc épaiiTiifant l’e fp r i t , & ne fc nourrif-
foit que d’herbes & de légumes. Il ne condam-
noit pas le vin, & toutefois il s’en abftenoir, comme
capable de troubler la fereniré de l’ame. Il
marchoit nuds pieds fans fandales, & ne s’habil-
loit que de lin , pour ne rien porter qui vînt des
animaux. Il laiiToitcroître fes cheveux, & v iv o k
dans le temple d’Efculapc : faifant croire qu’iî
L i v r e P r e m i e r . 1 1
¿[oit fon favor i,& que ce dieu guéniToit volontiers
les malades en fa prefence. On venoit de tous côtez
voir ce jeune homme.
Il parut défincerefTé , en donnant la moitié dc
fon bien à fon frere aîné , ôc diftribuant la plus
grande partie de l’autre motié à ceux de fes parens
qui en avoient befoin , en forte qu’il en garda
peu pour lui. Il renonça au mariage 6c fit pro-
feilion de vivre en continence : toutefois il ne
put éviter d’être accufé de quelque amour deshonnête.
Pendant cinq ans il garda le filence , mais
ce n’étoit pas pour fe cacher. Il ne laiifa pas de
converfer avec les homme s , & de fe promener
dans la Pamphylie ôc la Cilicie.En cet état il ap-
paifoitles féditions, en fe montrant feulement au
peuple : il parloir par fignes ; 6c au befoin il écri-
voic quelques mots.
C c fut après ces cinq ans de filence qu’il vint
à Antio'che , 6c commença â parler dans les lieux
où il jugeoit les hommes les plus raifonnablcs ,
méprifant les autres. Son ftile n’étoit ni d’une é-
Icvation poétique , ni d’une politeiÎe trop affectée.
Il n’ufoit ni d’ironie , ni de détours pour
iurprendre les auditeurs , comme Socrntc avoit
fait. Mais il parloir décifivement en ces termes :
Je fçai : il me fcmble : il faut fçavoir. Ses fen-
tences, qu’il prononçoit comme autant d’oracles,
étoient courtes 6c folides ; les mots propres 6c fi-
gnificatifs. Je ne cherche pas comme es autres
philofophes , difoit-il. J’ai cherché étant jeune ;
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