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A th e n . lih. 8.
f . 335. C . îa;
Chryjifpo.
A then, lib. 14 .
p. é i o . F. M a r tia
l z.epig. 86»
L I I .
D ia lo g u e de
S. ' Juftin avec
T r y p h o n .
4 6 0 H i s t o i r e E C C L E S I A S T 1 Q . U E .
nous expofenr au fupplice,Tousles hommes ont
naturellement Tidce de ce qui eft honnête ou honteux
: & on ne fçait pas que nous condamnons ces
infamies que l’on publie de nous : & que c’eft
pour cela que nous avons renoncé aux dieux, qui
ont commis ces crimes, & en exigeant de femb a-
bles. Si vous l’ordonnez ainfi : nous expoferons
nos maximes a to u t le'monde , afin qu’ils fe con-
vertiflent, s’il eft poffible. Car c’eft le feul motif
que nous nous fommes propofez dans cet écrit.
Notre doftrine , fi on en juge fainement, n’eft
loint bonteufe : mais au-deffiis de toute la phi-
ofopbie humaine.Du moins elle n’a rien de iem-
blable à ce qu’enfeignent les écrits des Epicuriens,
d eSo tade, de Pliilénis, & les autres femblables,
donclalefture eft permife à tout le monde. On
attribuoit à une certaine Philénis un écrit touchant
les impudicitez les plus criminelles, dont les
femmes foient capables. Sotade étoit un poëre
Inonique, infâme dans un autre genre ,&médi-
diiànt. S. Juftin ajoûte : N ous finiiTons après a-
voir fait nos efforts, & adrelfé nos prières, afin
que tous les hommes fe trouvent dignes d’arriver
à la connoiffance de la verité.Nous ne voïons pas
que cette fécondé apologie ait eu plus d’effet que
la premiere.
S. Juftin écrivit encore un traité de controvcrfe
contre les Juifs. C ’eft le récit d’une converfation
qu’il avoit eûë avec un Ju i f nommé Triphon:
qui ayant été chaffe par la guerre , s’étoit retiré
L i v r é t r o i s i e’ m e . 46 1
en Grece , & ayoit paffé bien du tems à l’étude
de la philofophie , particulièrement à Corinthe.
Ayant rencontré S. Juftin dans une promenade
publique, & l’ayant reconnu pour philofophe à
fon h ab it, il lui témoigna Teftime qu’il faifoit de
la philofophie. Et de quoi vous peut-elle fervir,
dit S. Juftin : en comparaifon de votre légiilateur
&des prophètes? Q u o i , dit T ry ph on , les philofophes
ne parlent-ils pas de Dieu, de fon unité ,
de fa providence ? L a p lû p a rt, dit faint Juftin ,
tiennent cette connoiffance inutile pour la félicité.
Ils veulent nous perfuader , que Dieu a foin de
l ’univers, des genres & des efpeces : mais non pas
de vous & de m o i, & des chofes fingulieres. Or
il n’eft pas difficile de comprendre o û aboutie
cette doftrine. C ’eft à une fécuriré & une liberté
de iuivre leurs op in ion s, de faire & de dire
tout ce qu’ils veulent : n’attendant de la part
de D ieu , ni châtiment, ni récompenfes. En effet,
iis croyent que rien ne change, & que les hommes
vivront toûjours de la même maniéré , iàns
être meilleurs ni pires. O u bien fuppoiànt Tame
immortelle & incorporelle, ils concluent qu’ils
ne feront point p u n is, pour avoir mal fa it, parce
que ce qui eft incorporel & impaffible, & qu’ils
n’ont point befoin de D ieu , puifqu’ils ne peuvent
mourir.
Alors Tryphon fouriant agréablement : Et
v o u s , dit-il, quelle opinion ayez-vous de Dieu,
& quelle eft votre phi ofopbie ? Je vous le dirai,
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Ed it. gr. la t,
1 6 1 5 . p 2 1 7 ,
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