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qu’Adrien avoit adopté. Il portoit auffi les noms
de Verus & d ’Antonin, & eft connu fous le nom
de Lucius Verus. Il époufa Lucille fille de Marc
Aurele. Ce fut la premiere fois que l’on v it deux
empereurs Romains regner enfemble : mais Lucius
fut un homme de peu de mérité. Marc-Aurele
étoit habile & vertueux, & faifoit profeffion
ouverte de philofophie, qui étoit ce que les payens
connoiiToient de meilleur pour les moeurs : aufli
le nomme-t’on fouvent Marc Antonin le philo-
ibphc ; mais il n’en étoir pas moins attaché aux
fuperftitions du paganifme. Dès l’âge de huit ans,
l’empereur Adrien l’avoit mis dans la compagnie
Capitol. inM» des Saliens confierez à Mars. Il y paifa par toutes
les charges : reçût lui-même quelques-uns
dans la compagnie, & congédia d’autres : fans
que perfonne lui fuggerât les paroles folemnelles,
parce qu’il les fçavoit par coeur. Il affeftoit de ref-
fembler à Numa , dont il prétendoir tirer l'on
origine, & par confequent d’être exafte obferva-
teur de l’ancienne religion des Romains, & de
leurs lo ix , qui défendoient les religions étrangères.
L a fefte de philofophie qu’il avoit embraifée,
étoit celle des Stoïciens les plus fuperftitieux de
to u s; & qui faifoient profeffion d’être inflexibles
dans leurs ré folutions, & inexorables envers les
coupables.
Ainfi Marc-Aureleperiècuta les chrétiens, quoiqu’il
fe piquât de clemence, & qu’il eut acco ûtumé
,e punir au-delfous de la rigueur des loix. S’il ne fit
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M . Anton, Uh,
X I , 3,
L i v r e t r o i s i e ’ m e 4 5 7
pas d’édic pour ordonner la perfecution générale:
du moins il fouffrit des perfécutions particulières
& violentes en plufieurs provinces. Dans fon recueil
de fentences morales que nous avons, il dit:
Qii’il faut être toûjours prêt à m ourir, par un jugement
qui nous foit propre : non par une fimple
obftinarion comme les chrétiens : mais avec
raifon & gravité; en forte que l’on perfuade les
autres fans éclat. On voit par-là combien il les
connoiiloit peu. D ailleurs il étoit animé contre
eux par les philofophes, à qui leur vertu folide
étoit infupportable : parce qu’elle montroit qu’ils
n’éroient que de vains difcoureurs. Celui qui fe
fignala le plus contre eux a lo rs, fut le Cynique
Crefcent, ennemi mortel de S. Ju ftin : il étoit de
Megalopolis, fort adonné à l’argent & aux a-
mours les plus infames; federar achevé, & toû- 7^«
q tefois honore de tout le monde : l’empereur lui t - 4 7 - a . t » -
donnoit fix cens fols d’or de penfion: c’eft-à-dire
environ douze cens écus. I accufoit les chrétiens
d’être athées; & difputoit de leur doftrine,
fans la connoîrre.
Un autre Cynique donna alors un exemple rare Monfo? c -
de l’excès o ü peut porter la vanité. C’étoit Pere- nique Peregrin-
grin, autrement nommé Protée, natif de Parium
dans la T ro ad e , d’où il avoi été chaffé pour iès
crimes. Car il avoit été convaincu d’adultere &
de débauché encore pire : & il paffoit pour conftant,
qu’il avoit étouffé fon pere, trouvant qu’il
yivoit trop long-temps. Fuyant de païs en païs j
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