
LUT,
A b o litio n de
l ’ancienne loi,
p. 1 1 7 . A.
'464 H I sT o I RE E c o l e s I AST I QUE.
Dieu vous le pardonne , dit Juftin, car vous ne
connoiiTez pas ce que vous dites. V ous croyez vos
doéleurs qui n’entendent point le écritures; &
vous dites au hazard ce qui vous vient à Tefprir.
Mais fi vous voulez, je vous montrerai que nous
ne fommes pas trompez, & que nous avons raifon
de ne point ceffer dc confeffer ce Chrift : quelque
honte qui nous en vienne de la part des hommes
: & quelque effort que faffent es plus cruels
tyrans, pour nous y faire renoncer. Je vous ferai
v o ir, que nous n’avons pas crû de vaines fables:
mais des difcours folides & pleins de l’eiprit dc
Dieu. Les autres recommencèrent à rire , & à crier
d’une maniéré indeeente. Juftin iè leva pou rs’ea
aller. Mais T typhon le prit par le manteau, & lui
dit : qu’il ne le quitteroit point qu’il n’eut exécuté
ia promeffe. Faites-donc taire vos amis, dit
Ju ftin , & les rendez plus iàges. Enfuite ils fe fépa-
rerenr. Deux fe retirèrent, ie m oquant de leur ferieux
: Juftin & T ry p h o n , avec deux autres, s’a f
firent fur des fieges de pierre, qui étoient des deux
coftez de la lice , deftinez aux courfes. Ils parlèrent
quelque tems de la guerre de Ju d ée , puis
Ju ftin recommença en ces termes.
Ayez-vous quelqu’autre reproche à nous faire,
finon que nous ne vivons pas felon la l o i , que
nous ne fommes pas circoncis, & n’obfervons
pas le fabbat ? A-t-on auffi décriez chez vous notre
vie & nos moeurs? Je veux dire,[fi vous croyez
que nous mangeons de la chair humaine , &
qu’après
t r o i s i e ’ m e : 46c
qu après le fe ft in , les lampes éte in te s, nous commettons
des impuretez abominables. Ou fi vous
nous condamnez p ré c ifcm en t, parce que nous
fuivons cette doétrine que vous croyez fauffe?
C e il ce qui nous étonne, dit Try phon. Car ce
que dit le peuple ne mérite pas dc créance. La
nature y répugne tro p : au contraire, je fç a iq n e
les préceptes de votre évan gile font fi grands
& il merv eilleu x, que je ne croi pas que perfonne
les puiffe garder. Car j ’ai eu la curiofité de ies
lire. Ce qui nous met en peine , efl: que vous
qui prétendez avoir de la p ie té , & vous diftinguer
des au tre s, ne menez point une vie différente
des gentils ; puifque vous n’o b fe rv e z , ni les fê tes,
ni le fabbat, ni la circoncifion; & mettant
votre efpcrance en un homme crucifié, vous a ttendez
des récompenfes de D ieu , dont vous ne
pratiquez pas les com m an d em en s.N ’avez-vous
pas lu , que celui qui ne fera pas circoncis le huitième
jo u r , périra d ’entre fon peuple î ^
Juftin répondit : Il n’y aura & n’y a jam a is eu
a autre D ieu , que celui qui a créé cet univers.
Nous ne croyons pas avoir un autre Dieu que le
Vot re; mais celui-la meme qüi 3 tiré vos peres
d Egypte. C eft en lui que nous efpcrons, comme
vous, ce Dieu d ’A b rah am , d’ifaac & de Ja co b .
Mais ce n e ft, ni par M dife, ni par la lo i , que
nous efperons cn l u i , autrement nous ferions
comme vous. J ’ai appris dans l’écriture, qu’il y
3uroit une derniere lo i, ôc une alliance d’une au-
Tome I. N n n
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