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398 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
vertu qui confervoitle pleroma, nommée Horos,
c’eft-à-dire terme , autrement 5 f;(«ros,c’eft-à-dirc
c ro ix , & de plulieurs autres noms. Horos donc
avoit remis Sophie dans le pleroma: mais l’effort
qu’elle avoit fait pour en fortir , ôc fon defir de
vo ir le p ere, étoit une fubftancc Ipirituelle, foible
& informe, qui étoit demeurée hors le pleroma.
C ’eft ce qu’ils nommoient Euthymefis, autrement
.Achamothy ou plûtôt Hachamoth, d’un nom hebreu,
qui fignifie figefle au pluriel. Iliè trouve fouvent
tians l’Ecriture pour le fingulier. Après que fa mere
Sophie avoir été remife dans le pleroma, & rendue
à fon époux Teletos; Nouixvoit produit une
autre coup e, par la providence du Pere ; de peur
qu’il n’arrivât à quelqu’un des Eones un accident
femblable à celui de Sophie. Cette nouvelle couple
étoit le Chrift & le S. Eiprit, qui avoient affermi
le pleroma & l’union de tous les Eones. Le Chrift
leur a vo it appris à connoître le Pere, ouplûtôtà
fe contenter de fca roir qu’il eft incompréhenfible:
le S. Eiprit leur avoir appris à le loüer ,& à demeurer
dans un parfait repos. Dans cette joye tous les
Eones, pour témoigner au Pere leur recoiinoiffan-
c e , avoienr produit de fon confentement, & du
C h r i f t ,& du S.Eiprit, J esus ou le Sauveur,contribuant
chacun ce qu’il avoit de plus exquis, en
forte qu’il étoit comme la fleur de tout le pleroma,
ôc portoit les noms de tous les Eones, particulie-
ment ceux de Chrift & de Verbe , parce qu’il
procedoit d’eux rous ,. ainfi expliquoient-ilscct-
L i v r e t r o i s i e ’ m e . 399
re parole de S. Paul ; que tout eft raffemblé en c«;./ i. 7.
|. C.lls ajoûtoient, que pour faire honneur au
Sauveur , avoient été produits en même temps
des anges de même nature que lui , comme fes
gardes. T o u t cela fe trouvoit dans l’écriture. La
chute du dernier ôc douzième des Eones étoit
niarquéepar la chute de Judas,le douzième des
apôtres : & par la maladie de la femme affligée u m t , . IX . 20^
d’une perte de fang pendant douze ans. C ’étoit
Sophie dont la fubftance s’écouloit à l’infinie, fi
la vertu du fils, c’eft-à-dire H o ro s , ne l’avoif arrêtée
& guéri.
Cependant Achamoth étoit demeurée hors du
pleroma , comme un miferable avorton informe
& imparfait. Chrift en eut p itié , étendit fà croix,
èc lui donna la forme de l ’ê tre , mais non de la
connoiftànce. Enfuite il retira fa vertu , & la
laiffa dans une grande détrefle de connoître là mifere
, ôc fe voir hors du pleroma fàns pouvoir y
arriver. Elle fut donc accueillie de toutes fortes
de paffions, de trifteflè,=de crainte ,d ’angoiiê, &
enfin fe tourna à celui qui lui avoit donné la vie :
& de - là vint la matière ôc tout ce monde vifible.
Car ce mouvement die con v e r fim fut la
caufe des ames ; la trifteffe & la crainte produi-
firent la matière. S.es larmes firent les fleuves &
la mer. Son découragement ftupide &,infènfible
fit la terre. Mais ceci a befoin d’êice un peu plus
expliqué.
Quand Achamoth eut fait cet e ffort, pour fe
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