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4 7 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q .u e .
grandes chofes. Et après avoir expliqué ces myfteres
, il ajoûte : que la conduite de David à l’égard
de la femme d’U r ie , & fa penitence , marque
bien , que les anciens ne croyoient p a s , qu’il
fût permis à chacun d’époufer autant de femmes
qu’il v o u d ro it, & comme il voudroit : ainfi que
fo n t , dit- i l , aujourd’hui les gens de votre nation:
qui prennent des femmes, fous le nom de mariage
, en tous les pais où ils vont. Ce que S. Juftin
dit ici de David , femble avoir ce fens. Si David
cûr crû pouvoir ulèr ièlon la paillon , de la liberté
du divorce & de la polygamie : il n’eût eu rien
à cacher : & fans faire mourir U rie , il l’eût obligé
d’autorité à répudier fa femme : comme Augufte
depuis obligea Drufus à répudier Livie:
mais ces mariages n’étoient que des concubinages
palliez.
S. Juftin fcclla de fon fang la foi qu’il avoit fi
bien défendue, & fouffrit le martyre, environ Tan
fta. Martyr. ^ foixaiite & fept. Il fut amené avec ceux qui Jweera, p. 4 3 . X 1
An. 1Í7. raccompagnoient, devant Ruftique préfet de Rome
: qui lui demanda à quel genre d’érude il s’étoit
appliqué. S, Juftin répondit : J ’ay effayé de toutes
fortes de d o d r in e s , & enfin je me fuis appliqué
à celle des Chrétiens : quoiqu’elle ne plaii'e
pas à ceux qui fuivent l’erreur. Quelle eft cette
d od rin e ? dit le préfet. Ju ftin répondit ; L a doctrine
des Chrétiens, eft de croire un feul Dieu,
créateur de toutes les choies vifibles & invifibîes,
ôc de confeffer N . S. J . C. fils de Dieu , qui doit
L Y I I .
M a r ty re de
S.j Juftin,
venir juger le genre humain, qui a annoncé le falut
& inftruit ceux qui ont reçû fa bonne doctrine.
Pour moi je fuis un homme foible & incapable
de dire quelquecbofe degrand de fa divinité
infinie. Je confeffe que c’eft la charge des prophètes,
qui par inlpiration divine ont prédit, plufieurs
fiécles auparavant, que le fils de Dieu vien-
drok dans le monde.
Le préfet demanda en quel lieu s’affembloient
les Chrétiens. Juftin répondit : Chacun s’aftêm-
ble où il v eu t, & où il peut. Croyez - vous que
nous ayons accoûtumé de nous affembler tous
cn un même lieu ? Il n’en eft pas ainfi. S. Juftin
parloir de la forte, pour ne pas trahir fes freres,
en découvrant les lieux de lleurs affemblées; &
d ’ailleurs il vouloir dire , que leur culte n’écoit
pas attaché à de certains lieux, comme celui des
payens. C ’eft pourquoi il ajoûta : Le Dieu des
Chrétiens n’eft pas enfermé dans un lieu. Comme
il eft invifible , il remplit le Ciel & la terre :
les fidèles l’adorent par to u t, & le glorifient par
tout. Le préfet dit : Dis donc en quel lieu tu af-
femb'es tes difciples. S. Juftin répondit: J ’ai demeuré
jufques à préfent auprès de la maifon d’un
nommé Martin, & du bain Timotinum. C’eft la
fcconde fois que je fuis venu à Rome , & je ne connois
point d’autre lieu. (Que fi quelqu’un à voulu
me venir trouver , je lui ai communiqué la doctrine
de la vérité. T u es donc Cbrérien ? dit le préfet
: Affurément, répondit Ju ftin , je fuis Chrétien.
O o o iij