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Perfecution
de Domicien
Hcgefit- nf.
E v f . I I !■ hiß.
G , 10.
512 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
que 11 quelqu’un y ajoute, Dieu y aioûtcra furlui
ics playes écrites en ce livre : & fi quelqu’un cn
d iminué. Dieu ôtera fa part du livre de vie delà
iàintc cité. Cette proteftation femble regarder
principalement les écrivains, qui coiioien t les livres
: pour les obliger à tranfcrirc fidcllement celui
ci; dont il étoit plus facile d’ôter o u d ’y ajoû-
rer , fans que l’on s’en apperçût, à cauiè de ion
obfcuriré.
Dans le même tems de cette perfecution , Domitien
fçachant qu’il y avoit des Chrétiens Juifs
d’origine de la race de David , & parents de
J e s u s , qui avoir été reconnu pourMellie,&
pour roi : craignit qu’ils ne fiiTcnt quelque cntre-
priiè contre l’état. C ’étoient les petits lîls de Judas
frere de Jeilis-Chrift félon la chair, qui furent
menez à l’empereur par un foldat. L ’empereur
leur demanda s’ils étoient de la race de David;
ils le confelferent. Il leur demanda combien de
terres ils polfedoient, & combien d’argent. Ils répondirent
, qu’à eux deux ils avoient vaillant neuf
mille deniers , c’e f t - à -d ir e , trois mille quatre
cent livres de notre monnoye : & qu’ils n’avoient
pas cc bien en argent , mais en terres, contenant
feulement trente -n eu f plcrhres , qui font
fept arpens & quatre perches dc Paris. Q ii ’ils en
payoient les triburs , & en fubfiftoienr , les
cultivant eux-mêmes. En même rems ils montrèrent
leurs mains pleines de caius , & leurs
corps endurcis au travail. L ’empereur leur demanda
L i v r e S e c o n d. 3 r 3
demanda ce que c’étoit que le royaume de Jefus-
Chrift , en quel lieu, & quand il devoir régner.
Ils répondirent que ibn royaume n’étoit ni terrç-
ftre, ni dc ce monde, mais celefte & angelique ;
qui paroitroic à la fin du monde, quand il vien-
droiravec là majefté juger les vivans & les morts.
Domitien les méprifint comme des perfonnes viles,
les renvoya en liberté, làns leur faire aucun
mal. Il donna même un ordre, pour faire ceftèr la
periècution, du moins en Judée. Ces deuxconfef-
leurs gouvernèrent depuis les églilès, & vécurent
julques au tems de Trajan.
A Rome les Juifs étoient maltraitez , & me-
noient une vie très-milèrablc. O n exigeoit, avec
la derniere rigueur, les tributs dont ils étoient
chargez; jufques-là, qu’un vieillard de quatre-
vingt-dix ans qui prétendoit n’être point J u if,
fut vifité publiquement dans la place, pour voir
s i! étoit circoncis. La plûpart étoient réduits à j
la mendicité, vendoient des allumettes, & n 'a - î à u t 'i . f ”
voient pour tous meubles, qu’une corbeille, & un
peu de foin pour fe coucher. O n confondoit les
Chrétiens avec les Juifs: & plufieurs Romains fuient
accufez d’avoir paifé aux moeurs des Ju ifs ,
& de n’avoir point de dieux : ce qui fignilioit '
dans le langage des payens, cqu’ils avoient embraf
fé le Chriftianifme.
Flavius Clement, coufin germain de l’empe-
' eur, fut confuí la quatorzième année de Ibn règne,
quatre-vingt-quinze de J. C. Il avoit deux
Tome I. R r
Lomit,
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