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Î I O H i s t o i r e e c c l e s i a s t i q u e .
artifans mêmes quittoient leurs métiers, l’un ad-
miroir fa fcience , l’autre fa bonne mine , fon habit
, fa maniéré dc vivre , les oracles les plus célèbres
chantoient fes louanges. Les villes lui cnvoïoient
des députations pour lui offrir leur amitié
, & lui demander confeil fur la règle de leur
vie , fur les autels, & les ftatuës qu’ils vouloient
dreffer. Il regloit tout , ou en leur é c r iv ant , ou
en promettant de les aller voir. Il haranguoit les
Ephcliens en public , & les cxhortoit a quitter
tout , pour s’appliquer à la phi lofophic, ¿¿à une
vieferieufe. Car Ephefe éroit une ville efféminée,
& paflionnéepourla dance : ce n’étoit que flûtes,
que tambours : lapareffe & la vanité y regnoient.
U n jour comme il .leur parloir dc la communication
des biens -, & les cxhortoit à ic
nourrir les uns les autres ; il y avoit dc petits oi-
feaux perchez dans un bois qui étoit proche. Il
en vint un autre qui vola vers eux, en criant comme
s’j.1 leur eût apporté une nouvelle. Alors ils
commencèrent tous cnfemble à crier , & s’envolèrent
avec lui. Apollonius s’arrêta , 5c dit au
peuple : Un garçon qui portoit du bled , a fait un
faux pa s , & en a répandu une grande partie dans
une telle ruë. Cet oifcau s’y eft trouvé, &c eft venu
avertir les autres de cette bonne fortune.
Plufieurs des auditeurs coururent au lieu qu’il
avoir marqué , pour voir ce qui en étoit , & revinrent
peu après, en c r ian t , & remplis d’éton-
iiement. Apollonius çontinuoic cependant d’exhorter
L i v r e P r e m i e r ? m
horter le peuple à fe communiquer leurs biens par
cet exemple des oifeaux. On crutainfi qu’il enten-
doit leur langage. Mais il eft aifé de juger qu’il
avoit remarqué en paffant ce bled répandu , ôc
avoit inventé le refte.
Il paffa aux autres villes d’Ionie. A Smirmc
trouvant les citoïcns ftudieux , Ôc curieux des
belles connoiffances, ii les y encouragea , ôc les
exhorta à s’eftimer plus eux-mêmes, que leur ville.
Elle paffoic pour la plus belle qui fût fous le foleil, roitfm.Uk %
tant par fa fituation fur le bord de la me r , que
par l’agrément de fes bâdmens, les galeries ,,lcs
peintures, l’or dont elle étoit ornée. Alexandre
e grand l’avoit bâtie telle qu’elle étoit alors. Les
Ephefiens rappellcrent Apollonius pour les délivrer
d’une pefte. Etant arrivé, il les aiTembla, &
leur dit : Prenez courage , je ferai ceffer aujourd’hui
la maladie. Il les mena tous au theatre , oû
il y avoit un temple d’Hcrcule libérateur. Là il
appcrçutun pauvre vieillard couvert de haillons,
\ portant une bcface, qui demandoit l’aumône!
Fiappez , dit - i! ,cc t ennemi des dieux: jettez lui
le p Lisdc pierres que vous pourrez. Les Ephefiens
avoient peine à s’y réfoudre : ce mifcrable leur
faifoit pitié, ôc leur demandoit grace d’une maniéré
fort touchante. Mais Apollonius ne ceiî'a
point de les preffer, qu’ils ne l’euffent affommé
& accablé de pierres, en forte qu’ils en élevcrent
nir lui un très-grand monceau. Après un peu
û intervale , Apollonius leur dit d ’ôter les pier-
Tomc I .
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