
4 7 g H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Alors le préfet dit à Garitón: Es-tu Chrétien?
Cariton dir: Je fuis Chrétien par la grace de Dieu,
Il fir la même queftion à une femme nommée
Caritine : & elle répondit de même. Puis il die
à Evelpifte : Et toi qui es-tu ? Il répondit : je
fuis efclave de Ccfir ,mais Chrétien: Jefus-Chrift
m’a affranchi ; & par ià gracc je fuis participant de
la même efperance , que ceux que vous voyez.
Eniuite le préfet demanda la même chofe à Hie-
r a x , qui dir: O ü i, je fuis auifi Chrétien. Car je
fers & adore le même Dieu. Eft-ce Ju ftin , dir le
préfet, qui vous a faits Chrétiens ? Hierax répondit
: J ’alété Chrétien , & je le ferai. Ne voulant
pas en dire davantage pour ne pas dénoncer fon
maître. Peon qui étoir préfent dit : Je fuis Chrétien.
Et qui t’a inftruit? dit le préfet ; il répondit:
Ce font mes parens. Evelpifte ajoûta : J ’écoutois
les diicours de Ju ftin , avec grand plailir; mais jai
auffi appris de mes parens à être Chrétien. Le préfet
d it: où font tes parens ? En Cappadoce, dit
Evelpifte. Le prefet demanda aufli à Hierax , en
quel païs éroient iès parens ? Hierax répondit :
N otre vrai pere eft le C h rift, & notre mere la foi,
par laquelle nous croyons en lu i: quant aux parens
que j’avois fur la terre , ils font m orts. An
refte, j’ai été tiré de la Phrigie pour venir ici. Le
préfet demanda à Libérien , ce qu’il difoir ; s’il
étoit auifi Cbrérien & impie contre les dieux ? Libérien
dir: Je fuis ftuiîi Chrétien. Car je ièrs ôc
adore le ièul vrai Dieu.
L i v r e t r o i s i e’ m e . 4 7 9
Alors le préfet fe tournant vers Ju ft in , lui dit :
Ecoute , toi qui paffes pour é lo qu en t, qui crois
avoir la vraye fcience: quand tu feras déchiré de
coups de fo ü e t, depuis la tête jufques aux pieds:
crois-tu que tu monteras au ciel ? Je c ro y , dit
Juftin ; que li je fouffre ce que vous dites, j ’aurai
ce qu’ont déjà ceux qui ont gardé les précepres
de J . C. Car je fçai que la grâce de Dieu eft re-
fervée, jufques à ce que le monde finiffe, à tous
ceux qui vivront ainfi. A quoi le préfet répondit:
T u t’imagine donc monter au ciel pour recevoir
quelque récompenfe ? Je ne me l’imagine p a s ,
d itju ftin ,lije le lç a i; & j’en iiiis affûré,queje n’en
doute poinr. Le préfet dit : Venons à ce donc
il s’a g i t , & qui eft de plus preflé. Affemblez-
v o u s , & facrifiez aux dieux , tous de concert.
Juftin d it: Aucune perfonne de bon fens ne quitte
la pieté , pour tomber dans l’erreur & lïm-
pieté. Le préfet dit : Si vous n’obéiffez à nos ordres
, vous ferez tourmentez fans mifericorde.
Juftin dit : ce que nous foubaitons le p lu s, eft
de fouffrir des tourmens pour N . S. J . C. Car
c’eft ce qui nous donnera de la confiance devant
ion tribunal terrible, où tour le monde doit com-
pàroître. Les autres martyrs en dirent autant, &
aioûterent: Faites vite ce que vous voudrez, car
nous fommes Chrétiens, & nous ne facrifions-
point aux idoles.
Le préfet ayant oüi ces paroles, prononça cette
lentence : Ceux qui n’ont pas voulu iacrifier 8c
I f