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s. Poth in.
j ï 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i QUE.
frais & nouvellement p ris, dont les corps n’a-l
voient point été maltraitez ; ne pouvoient fouffrir
l’incommodité de la prifon ,& y mouroient.
Pothin évêque de L y on fut de ce nombre. Il
étoit âgé de plus de quatre-vingt-dix ans : foible
& infirme , enforte qu’à peine pouvoit-il refpirer.
Le zele & le defir du martyr le fortifioit.
Il fut traîné devant le tribunal, conduit par les
m ag iftra ts, & regardé de to u t le peuple : qui
jetroit toutes fortes d’imprécations contre lu i,
comme fi' c’eût été J . C. même. Il rendit témoignage
à la vérité. Et comme le gouverneur lui
demanda qui étoit le Dieu des chrétiens, il dit:
Si vous en êtes:digne, vous le connoîrrez. Alors
on ne l’épargna p lu s, il fut traîné & battu de
tous côtez. Ceux qui étoient proche le frappoient
des mains & des pieds, iàns aucun refpeft pour
fcn âge; Ceux qui étoient lo in , lui jettoient ce
qu’ils trouvoientdans leurs m ains.Tous crôioient
commettre une grande impieté, s’ils manquoient
à lui infulter, penfant vanger ainfi leurs Dieux.
A peine refpiroit-il encore, quand il fut jetté dans
la p rifon, & y rendit l’ame deux jours après.
Dans cette prifon étoient avec les martyrs ceux
qui avoient renié la première fois qu’ils avoient
été pris. Car en ce temps-là il ne fervoit de rien
de nier. Ceux qui avoient confeifé étoient enfermez
comme chrétiens, làns être accufez d’autre
chofe : Ceux-ci étoient gardez, comme des meurtriers
& des fcelerats. En forte que les uns étoient
L i v r e q u a t r i e ’m e . 3 1 7
foulagez par la joye de leur confeifion, par l’efperance
des promeifes, par l’amour pour J . C. & par
l’elpritdupere: les autres étoient tourmentez par
leur eonfcience. Cette différence paroilfoit au dehors
Les uns avoient le vifage gai êc plein de
dignité 8c de grâce : plûtôt ornez que chargez de
leurs chaînes ; répandant une bonne odeur, qui
faifoit croire a quelques-uns,qu’ils lè lèrvoient de
parfums : les autres étoient triftes, abbatus & défigurez:
les payens même leur reprochoient leur lâcheté.
Ce ipeftacle confirmoit les autreschrétiens.
On tira premièrement de prifon quatre martyrs
pour les expofer aux bêtes, en un fpeétacle
qui fut donné exprès pour les nôtres. Ces quatre
furent Maturus, Sanélus, Blandine & Attale.
Maturus & Sanétus paiferent de nouveau par
tous les tourmens, dans l’amphithéatre, comme
s’ils n’avoient rien fouffert auparavant. Ils furent
traînez par les bêtes. On leur fit fouffrir tous les
maux que le peuple enragé demandoit par divers
cris, les uns d’un côté, les autres d’un au tre:
& fur tout la chaife de fer, où on les fit rô tir,
enforte que l’odeur frappoit les fpeélateurs. Mais
ils n’en étoient que plus furieux. Ils ne purent
toutefois tirer autre parole de Sanétus, que la
confeifion qu’il avoit accoûtumé de faire dès le
commencement. Enfin ces deux martyrs, après
avoir long-tems refilté, furent immolsz ce jour-
là: ayant tenu lieu dans ce fpeétacle, de tous les
divers combats de gladiateurs.
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