
5 t S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Blandine fut attachée à une piece de bois j
pour être deyorée par les bêtes : & ce Ipeftaclc
donnoit courage aux martyrs à qui elle reprelèn-
toit le Sauveur crucifié. On la traitoir ainfi, parce
qu’elle étoit elclave. Aucune des bêtes ne lui
roucha : elle fut detachée & remife dans la prifon.
Le peuple demandoit inftamment Attale,
car il éroit connu. On lui fit faire le tour dc Tamphithéatre
avec un écriteau devant lu i, oü éroit
en latin : C ’eft le chrétien Attale. Le peuple fre-
milToit contre lui : mais le gouverneur ayant apris
qu’il étoit citoyen Romain, le fit remettre en prifon
avec les autres; attendant la réponfe de Tempereur
, à qui il avoit écrit à leur fujet.
y En cet état les martyrs firent paroître leur hu-
Humiiité &cha- milité & Icut chatité. Ils defiroient tellement
nté des Mat- qu’aptés avoir confeifé ibn nom,
non feulement une fois ou deux, mais plufieurs
fo is , ayant été expofez aux bêtes, brû le z , couverts
de playes ; ils ne s’attribuoient pas le nom
de martyrs, & ne nous permettoient pas de le
leur donner. Mais fi quelqu’un de nous es nommoit
martyrs, en leur écrivant ou en leur parlant;
ils s’en plaignoient amèrement. Ils cedoient ce
titre à J . C . le vrai & fidele témoin, le premier
né d’entre les m orts, le chef de la vie divine ; &
faifoient mention de ceux qui étoient déjà fortis
du monde. Ceux-là, difoient-ils, font martyrs,
que J . C. a daigné recevoir dans la confeifion dc
fon n om ,‘la ieelant ainfi par leur morr: Nous
ty rs.
Z u f, V, hijî. c* 1
L i v r e q u a t r i e ’ m e . 5 1 9
autre s, ne fommes que de petits confelfcurs. Ils
prioient les freres avec larmes, de faire pour eux
de ferventes prières , afin qu’ils fouffrilfent jufi
ques à la fin : & ils montroient par leurs aftions
la force du martyre , parlant aux payens avec
grande liberté. Ils éroient remplis de la crainte de
Dieu, & s’humilioient fous fa main puilïànte:
exculànt tout le monde, n’acculàntperfonne, &
priant pour ceux qui les maltraitoient. Leur plus
grande application étoit de retirer de la gueule de
l’ennemi ceux qu’il fembloit avoir engloutis.
Car ils ne s’élevoient pas de gloire contre ceux
qui étoient tombez , mais ils fuppléoient aux befoins
des autres, par leur abondance, leur montrant
une tendrelfe maternelle, ôc répandant pour
eux beaucoup de larmes, devant le pere celefte.
Ils demandèrent la vie, ôc elle leur fut accordée ;
enforte qu’ils en firent part à leurs freres. Leur patience
ôc leurs exhortations donnèrent du coeur
à ceux qui avoient renié la f o i , ôc les dilpoferent
à confelfer.
Enrre les martyrs étoit un nommé Alcibiade ,
accoûtumé à mener une vie très-auftere, ôc à ne
prendre, pour toute nourriture, que du pain ôc dc
Teau. Il vouloit continuer dans la prifon : mais
Attale après fon premier combat de Tamphitéa-
tre, apprit par révélation, qu’Alcibiade ne faifoit
pas bien , de ne pas ulèr des créatures de D ie u ,
ôc qu’il étoit aux autres une occafion de icandale.
Alcibiade fe laiifa perfuader : Ôc dès lors il man