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4 8 6 F I i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
rayant chez les barbares ; vos peuples en furent
e'clairez fous le grand regne d’Augufte , &c elle
porta bonheur à votre empire. Car depuis ce
tems la puiifance & la gloire des Romains à toûjours
été croilTant. Vous y avez heureufement
fuccedé , & la eonferverez avec votre fils , fi vous
gardez cette philofophie : qui a été élevée avec
Tempire, & que vos ancêtres ont honorée, avec
les autres religions. Auffi depuis ce tems n’avez-
Vous eu aucun mauvais fuccès,mais toûjours de
la profperité & de la gloire : fuivant les voeux de
tout le monde. N eton & Domitien ont été les
feuls de rous ; q u i, à la perfuafion de quelques envieux
, ont voulu décrier notre doétrine. G’eft
d’eux que le menfonge & la calomnie fe font débordez
fur nous , par une coûtume fans raifon.
Mais la pieté de vos peres a corrigé leur aveuglement
: réprimant fouvent pàr écrit ceux qui ont
ofé faire de nouvelles entrcprifes contre nous.
Adrien votre ayeul écrivit entr’autres à Fonda-
nus gouverneur d’Afie. Votre pere , lors même
que vous gomoerniez tout avec lu i , a écrit aux
villes force fujet : & nommément aux Lariffiens,
aux Theffaloniciens, aux Athéniens. Vous qui
avez les mêmes fentimens, & encore plus humains
& plus dignes d’un philofophe : nous fommes
perfuadez, que vous nous accorderez tout
ce que nous vous demanderons. Ce font les paroles
de Meliton. Ce qu’il dit de Néron & de
Domitien peut fignifier, qu’ils furent les iculs,
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qui firent de nouvelles loix contre les Chrétiens ;
mais il y avoir toûjours affez de prétextes de les
perfecurer , en vertu des anciennes loix , qui défendoient
les religions étrangères. D ’ailleurs il
étoit bon de montrer , que la perfécurion avoir
commencé par deux ty ran s, dont la mémoire
ctoit fi odieuiè.
Soir que Tempereur eût égard à cette requête, ^arc
ou autrement ; on rapporte avec vrai-femblance
à cette dixième année de fon regne , la lettre
qu’il écrivit en faveur des Cbrétiens, aux peuples
de TAfie mineure. Il paroît que c’eft une réponfe
: en ce qu’il ne s’explique qu’à d em i, fuppo-
fant leur confultation. Voici la lettre entiere :
L ’empereur Céfar Marc Aurele , Antonin , Augu
fte , Arménien , fouverain pontife, tribun du
peuple la quinzième fo is , confuí la troifiéme fois ;
à la communauté de TAfie , iàlut. Je fçai que les
dieux mêmes onr foin que ces fortes de gens ne
demeurent pas cachez. Car ils ont bien plus d’in-
terêt que vous à punir ceux qui ne veulent pas
les adorer. Mettant ces gens dans le trouble, «,&/.
vous confirmez l’opinion qu’ils ont de v o u s, lorfqu’ils
vous accufent d’impieré. Il leur eft plus
avantageux d’être accufez en apparence, & de
mourir pour leur Dieu , quede vivre. Ainfi ils demeurent
vainqueurs : prodiguant leur v ie , plûtôt
que de ceder à ce que vous defirez d’eux. Quant
^ aux tremblemens de terre palTez ou prefens : il
|- eft bon de vous avertir, que vous vous décourar
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