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appliquèrent cette prophétie à V efpaficn ; & quel,
ques Juifs donnèrent dans cette flaterie , même
Su, t. c. J . Jofeph l’hiftoricn ; qui dès qu’il fut pr is , lui dit
^ Beii.c. grande afl'urance : Vous me délivrerez
bien-tôt quand vous ferez empereur. Il y en eut
qui reconnurent Vefpafien pour le Meflie , tout
idolâtre qu’il étoit. Et peut-être fut-ce parce mot
i f , & pouraccomplir les prophéties,qui difoient
que le Meffie feroit un prince de paix •. que Vefpafien
fit enfuite bâtir à Rome le magnifique
temple de la paix, dont on voit encore les ruines,
& des infcriptions qui leconfacrent à la paix éternelle.
Vefpafien paifa en Italie fur la fin de cette
année foixante & neuf , & envoïa fon fils Tite
en Judée avec des rroupes , pour y achever la
guerre. Lui cependant fut reconnu empereur, du
confentement de tout le monde , k régna paifi-
blement pendant dix ans.
^ c guerre civile étant finie à Rome , k le comciemauafico
mctcc tétabli avec les provinces; faint Clement,
nnihieii?. ^ fculcmcnt cncorc prêtre , fit rcponfe
à l’églife de Corinthe fur le fujet de la divifion
qui y étoit arrivée. Sa lettre commence en
cestermes ; L ’églife dc Dieu qui eft à Rome , à l’c-
glife dc Dieu qui cil à Corinthe , à ceux qui font
appeliez k fanélifiëz par la volonté de Dieu en
notre Seigneur J .C . Que la gracc & la paix de Dieu
tout pmi fant , par J. C . s’accroiflc fur chacun de
vous, & foit mutuelle. Nous craignon.s, mes chers
l^rerçsj que les aflhélions qui nous font arrivées,
n’aïent
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n’aiënt retardé l’application que nous devions
avoir aux queftions que vous nous avez fai te s,
touchant l’impie & déteftablc fédition , dont les
élus de Dieu doivent être fi éloignez : k qu’un
petit nombre d’infolens k d’emportez ont échauffée,
jufqu’à un tel point d’extravagance, que votre
nom fi fameux , fi venerable & fi aimable à tous
les hommes , cn a fouiFcrt de grands reproches.
Car qui n’eftimoit votre vertu , k la fermeté de
votre fo i , pour peu qu’il eut demeuré parmi vous ;
Qui n’admiroit la fageffe k la modération chrétienne
de votre pieté ? Qui ne publioit la m agnificence
de votre hofpitalité ? Qui ne vous elli-
moit heureux; pour la perfedlion & la sûreté de
votre fcience ? "Vous faifiez tout fans acception dc
perfonnes : & vous marchiez fuivant les loix de
Dieu , fournis à vos pafteurs. Vous rendiez l ’honneur
convenable à vos anciens. Vous avertiffiez
les jeunes gens, d’avoir des fentimens honnêtes k
modérez : k les femmes, d’agir en tout avec une
confcience pure & chafte , aimant leurs maris
comme elles d o iv e n t , demeurant dans la regle de
la foumiffion , s’appliquant à la conduite de leur
mailon , avec une grande modeftie.
Vousétiez tous dans des fentimens d’humilité,
fans aucune vanité : plutôt difpofez à vous fou-
nictcre , qu’à foumettre les autres, & à donner,
qu’a recevoir ; contens de ce que Dieu vous donne
pour le voïage de cette v ie, & vous appliquant
foigneulemcnt à fa parole , vous la _
gardiez
Tome 1. H h
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