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L e ttre de l’é-
»lire de Smyrne
454 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Tamphithéatre. Celui ci ayant percé lem a r ty r i
le fang fortit en fi grande abond ance , qu’il écci-
gn itlc feu .L e sfp e fta teu rs s étonnoient qu’ilyeut
tant de difference entre les ch ré tien s, k les au-
t r è s hommes. Les Ju ifs infpirerent a Nicetes pere
d ’Herodes, ôc freres d’A lc é , de prier le ptoconful
que Ton ne donnât point de fepulture au corps de
S. P o ly c arp e , de p eu r, d ifoient-ils, que les chrétiens
n equ ittent le c ru c ib é , pour honorer celui-
ci. Le centurion voyant Tcmpreffement des Juifs,
fit brûler le corps au milieu du fe u , d ’où les fideles
retirèrent enfuite les o s , maigre les Ju i f s , qui les
obfervoient.
Cette hiftoire du martyre de S. Polycarpe lut
écrite par ceux qui en avoient ete témoins. Car
les fideles de Philadelphie ayant prié ceux de
Smyrne de leur en donner la rela tion; ils la leur
envoy èrent, par un nomme M a rc , en forme de
le ttre , au nom de T é g life d e Sm y rn e ,a d d r .ffé a
l ’églife de Philadelphie, ôc à toutes les églifes
catholiques du monde. lU diient d abord que le
bienheureux Polycarpe a femblé mettre le feau
à la perfecution, pour la finir. Apres avoir raconté
fon m a rty re , Sc rapporté cette parole des
perfecuteurs: De peur qu ils ne quittent le crucifié
pour adorer celui c i ; Ils ajoutent : ils ne fçavoient
p a s, que nous ne pourrons jamais quitter
J C. qui a fouffert pour e falut de tous ceux qui
fe fauvenc par tout le m on d e , ni en honorer un
autre. Car nous l’adorons parce qu’il eft le Fils
L i v r e t R o i s t e ’m e . 455
de D ieu : m a isn o u sreg a rd on sle sm a rty rs comme
íes difciples ôc fes imitateurs; ôc nous les honorons
avec ju ftic e , à caufe de leuraffeftion invincible
pour leur roi & leur maître, Puifljons- nous entrer
en leur fociete ,& e t r e a v e c e u x fe sd iic ip le s .
Après avoir dit comment le corps de S. Polycarpe
fut brûle; ils ajoutent: nous retirâmes eniuite
les os plus precieux que des pierreries, ôc que
1 or le plus épuré ; ôc nous les mîmes où il étoic
convenable. Oû le Seigneur nous fera la grace
de nous aflembler, comme il nous fera p o flib le ,
pour celebrer avec jo y e la fête de fon m a rty re ,
pour nous fouvcnir de ceux qui ont com b a ttu ,
& pour exercer ôc préparer ceux qui viendront.
C eft ce qui regarde le bienheureux Polycarpe
qui a fouffert le martyre â Sm y rn e , avec les
douze de Philadelphie ÿ mais il n’eft fait mention
que de l u i , enforte que les payens mêmes
en parlent par-tout. Car il n’a pas feulement
été un docbeur fam eu x , mais un martyre iÍlu-
dre. Et enfuite : Vous nous aviez demandé une
ample relation de ce qui s’eft paffé ; mais quand
a préfent, nous ne vous en donnons qu’un abrégé,
par notre frere Marc. Vous envoyerez cette
lettre aux freres qui font au -d e là , afin qu’ils
glorifient aufli le Seigneur. Et en fu ite : Saluez
îous les Saints. Ceux qui font avec nous vous
falueut ; ôc Evarefte , qui a écrit ceci , avec
toute fa maifon. Le bienheureux Polycarpe a
fouffert le martyre le fécond jour du mois Xanti-
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