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4 4 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
avec peu de perfonnes. Toute fon occupation
jour & nuit étoir de prier pour toutes les églii'es
du monde. Car c’étoit fa coûtume. Trois jours
avant qu’il fût pris ,il eut une vifion dans lapriere
, & vit fon chevet brûler. Il fe tourna vers ceux
quiétoient avec lu i, & leur dit en prophétie; Je
dois être brûlé vif. Comme on continuoit de le
chercher , il paifa dans une autre maifon de campagne.
Ceux qui le cherchoient y arrivèrent auf-
fitôt ; & ne le trouvant pas, ils prirent deux jeunes
g arçons, dont Tun cédant aux tourmens, le
découvrit.
C ’étoit des archers & des cavaliers armez comme
pour prendre un v o leu r, qui marchoient conduits
par ce garçon un vendredi au foir. Ils arrivèrent
tard, & trouvèrent S. Policarpe couché
dans une chambre haute. Il eût pû fe retirer
dans une autre m a ifon , mais il ne voulut p a s, &
d it; L a volonté du Seigneur foit faite. Ayant
donc oüi arriver ces g e n s , il defcendit & leur
parla. Eux étonnez de fon âge & de ià fermeté,
difoient : Faloit-il iè tant preifer , pour prendre ce
bonvieillard? Auffi-tôt il leur fit donner à boire
& à manger , autant qu’ils voulurent : & les pria
de lui accorder une heure, pour prier librement.
L ’ayant obtenue il pria debout animé de la grâce ;
enforte que pendant deux heures il ne pur cef-
ièr. Ceux qui Tentendoient furent étonnez , Sc
plufieurs fe repentoient d’être venus prendre un
vieillard fi divin. Dans cette priere il fit mention
de
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L i v r e t r o i s i e’ m b; 449
tous c e u x qu ’il avoir jama i s c o n n u s , g r a n d s &
pet i ts , conf ide rabl c s ou n o n , & de toute l ’ é g l i f e
cathol ique r é p an d u e dans le mon de .
Sa priere étant achevée , & Theure de partir
étant v en u e , ils le conduifirent â la v ille , monté
fur un âne. C ’écoit le jour du grand famedi, c’cil
à d i r e , comme Ton c ro it, la veille de pâques.
Herode qui étoit Ireuarque, &c fon pere N ic e te s ,
vinrent au d e v an t, Sc leprirent dans leur chariot.
L’irenarque étoic dans ces villes un magiilrac
fhareé de faire arrêter les féditieux, ôc de main-
• ° I . 11 • ‘ / 11. r '40. tenir la tranquillité publique : Ion nom lienifie & i & uh.
J ■ T T J , -KT - 49. Coi. Theoi. juge de paix. Herode Sc N icetes ayant avec eux ^ dom.
S- Polycarpe, lui d ifoien t: Quel mal y a-t’i l , de
dire : Seigneur C c fa r, facrifier & fe fauver ? S. Polycarpe
ne répondit rien d ’abord. Et comme ils
le p relfo ient, il d it : Je ne ferai point ce que vous
me confeillez. Alors ils lui dirent des in ju re s, Sc
le chalferent du ch a rio t, avec tant de précipita- .
tion, qu’il tom ba , Sc fe blelfa à Tos de la jambe,
îl ne s’en émût p o in t, Sc comme s’il n’eût rien
fouffcrt, il marcha gayement Ôc felailïaconduire
a Tamphithéatre. Le bruit y étoit fi g r an d , que
l ’on n’y pouvoit rien entendre. Lorfqu’il y entra,
il vint du ciel une v o ix , qui d i: : C o u ra g e , Polycarpe,
tiens ferme. Perfonne ne vit celui qui parloir
; mais les chrétiens qui étoient p réfens, entendirent
la voix.
Il s’a v an ç a , ôc quand on fçût qu’il étoit pris ,
d s’excita un grand tumulte. On le préienta au
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