
naires, peuvent provenir en partie des erreurs de l’observation:
avec les meilleurs instruments on ne saurait répondre d’une,
deux , trois et même quatre secondes dans la détermination de
la latitude d’un lieu , et par conséquent dans la longueur d’un
arc mesuré. De plus, des attractions locales, provenantde l’inégale
répartition de la masse terrestre aux environs du lieu ou
l ’on opère, peuvent avoir dévié le fil à plomb ou le niveau,
et avoir occasioné encore une erreur dans cette même détermination;
de sorte qu’il serait bien possible que tous les
arcs cités et leurs diverses parties appartinssent réellement à
une ellipse aplatie de , ou de car c’est entre ces
deux nombres que les physiciens et les astronomes pensent
que se trouve l ’aplatissement réel.
Cependant, lorsqu’on voit les diverses parties de l’arc dernièrement
mesuré en France, comparées entre elles, n’indiquer qu’un
aplatissement de | tandis que la comparaison de leur ensemble
avec le degré de l’équateur indique , et avec le
degré de Laponie ; lorsqu’on voit deux degrés consécutifs mesurés
par M. Mudge présenter une différence de 216 mètres en
moins, tandis qu’on aurait du en avoir une de 33 en plus; lorsqu’on
voit les opérations d’un aussi habile observateur que
la Caille donner jusqu’à — 9 d'aplatissement, etc., il est bièn difficile
de croire que tous les méridiens terrestres soient des ellipses
parfaites et égales, c’est-à-dire que la terre soit un solide de révolution.
« Sa figure, dit M. Laplace, est très-composée,
»comme il est naturel de le penser, lorsqu’on fait attention aux
»grandes inégalités de sa surface, à la différente densité des part
i e s qui la recouvrent, et aux irrégularités du contour et de la
»profondeur des mers. »
Au reste , les irrégularités n’ont lieu que dans
les détails ; car la terre, dans son ensemble, est
bien réellement un ellipsoïde aplati. Les observations
astronomiques le prouvent, et les inégalités
du mouvement de la lune , tant en longitude
qu’en latitude, donnent pour l'aplatissement
(1).
Nous avons vu que cet aplatissement est précisément
celui qui est indiqué par les lois de l’hydrostatique
, c’est-à-dire que la terre a exactement
la même figure qu’elle devrait avoir si elle eût été
originairement fluide. Par quel singulier hasard,
si elle eût été toujours solide , aurait-elle eu une
forme si extraordinaire , qui est une suite nécessaire
des propriétés des fluides, et qui leur paraît
exclusivement propre ? Elle s’est pliée à celte
forme singulière ; et pour qu’elle ait pu le faire, il
a fallu, de toute nécessité, que dans l’origine ses
molécules aient été indépendantes les unes des
autres, c’est-à-dire qu’elles aient formé une
masse fluide.
Nous retrouvons une figure semblable dans les
autres planètes ; e t , abstraction faite de quelques
irrégularités dues à des causes particulières, leur
aplatissement est d’autant plus considérable que
leur mouvement de rotation est plus rapide ; ainsi
que cela doit être, d’après les lois de l’équilibre
des fluides. Jupiter , par exemple , qui fait une
révolution sur son axe en 9h 56' , présente un
aplatissement de yj| Il en est à très-peu près de
même de Saturne : preuve manifeste que l’aplatis-
Conséquence.
La terre a
été fluide.
(r) Laplace, Mécanique céleste.