
tière, et qui tend à les amener vers le centre de
la terre , exerce une action continuelle sur les diverses
parties de l’édifice du globe ; et dès que
les bases qui les soutiennent viennent à céder ou
à manquer , elle occasione leur affaissement ou
leur chute.
Ses effets ont dû se faire sentir dès les premiers
moments de la formation de masses minérales,
dans le sein même des eaux. Lorsque les précipités
, en s’amoncelant, se furent élevés à une
certaine hauteur , leur matière , encore molle ou
sans cohérence, dut céder sous son poids et se tasser
; mais n’étant point par-tout egalement dense,
et se trouvant en plus grande quantité dans un lieu
que dans un autre, le tassement ne put être partout
é gal, il dut être plus considérable dans un
endroit que dans un autre : par conséquent, des
portions de terrain durent se détacher du reste du
sol, et pencher ou s’incliner vers le côté qui avait
le plus cédé ; il se produisit ainsi des fentes ; des
couches se plièrent ou se brisèrent^ et leurs portions
s’inclinèrent diversement ; de là une partie
des affaissements, inflexions et renversements de
couches que l’on trouve à chaque pas dans la nature.
Tous ceux qui ont observé l ’intérieur de la
terre , ou seulement visité quelques houillères ,
savent que très-souvent, lorsqu on y rencontre
une fente soit vide / soit remplie , et par conséquent
transformée en faille ou filon , la partie
des couches d’un des côtés de la fente est plus
basse que la partie des mêmes couches placée de
l’autre côté : cette différence de niveau est quelquefois
de plusieurs mètres , et elle provient évidemment
de ce qu’à l’époque de la formation de
la fente, une des deux portions du terrain, cédant
à l’action de la pesanteur , s’est affaissée.
Indépendamment des grands affaissements de
terrain dus aux cavernes ou vides qui peuvent
exister dans la croûte minérale du globe , et dont
nous parlerons plus bas, la pesanteur a occasioné
et occasione encore journellement de nombreux
et continuels éboulements de rochers ( § 45') : le
fond de la plupart des vallées est couvert de blocs
provenant d’une pareille cause , et qui sont d’un
volume souvent très-considérable. Dans la vallée
de Locana , au-dessus de Novasca , dans les Alpes
piémontaises, on chemine long-tems au milieu de
quartiers de granité qui ont plus de mille mètres
cubes : une des montagnes qui dominent cette
partie du chemin , présente une énorme face
taillée à pic , toute fendillée , montrant encore ,
dans toute sa fraîcheur , la place d’où ces quartiers
se sont récemment détachés. De pareils faits
se retrouvent dans un très-grand nombre de vallées
; ils y ont ete remarqués par tous les géo-
1 ogistes : tous ' y ont entendu fréquemment des
chutes de rochers , tous y ont vu, chaque année ,
de nouvelles avalanches de pierres.