
Les témoignages que l’on peut tirer des corps
enveloppés par les laves , bien loin de prouver
leur peu de chaleur ;■ me paraissent indiquer
qu’elles en ont une considérable. Les pierres à
fusil enveloppées par le courant de lave qui détruisit
Torre dcl Greco en 1794, ont été trouvées
fondues ou vitrifiées à leur superficie ; des morceaux
de fer malléable , retirés de ce meme courant
, avaient triplé de volume , et étaient, dans
l ’intérieur, cristallisés en oc taèdres ; dans des fragments
de métal de cloche et de laiton, le cuivre,
l ’étain et le zinc s’étaient séparés , etc. (1). Si des
morceaux de pierre calcaire empâtés par les laves
ont conservé leur acide carbonique , les expériences
de Hall expliquent ce fa it , et on n’en saurait
rien inférer sur l’intensité de la chaleur. Il
en est de même de morceaux de bois trouvés
dans les courants et qui y sont simplement plus
ou moins charbonnés.
L’homogénéité des laves et leur cristallisation
sont des preuves certaines de la parfaite fusion de
toutes les substances qui sont entrées dans leur
composition , et par conséquent de l’intensité du
feu des volcans.
§ 68. L’on ne peut rien dire de général sur la
grandeur des courants de lave. Dans le même volcan
elle présente les plus grandes variations ; et
d’un volcan à l’autre , elle est, en quelque sorte ,
proportionnée â la grandeur du volcan.
Le plus grand courant sorti du Vésuve, au rapport
d’IIamilton , a environ quatorze mille métrés
de long ; c e l u i de l ’éruption de i 8o5 en avait
huit mille ; celui de 1794 avait en longueur 4200,
en largeur de cent a quatre cents , et en epaisseui
de huit à dix ; celui qui sortit de l’Etna en 1787,
avait un volume quatre fois plus considérable ; et
Dolomieu rapporte que ce volcan en a fourni un
de plus de dix lieues de long. Mais le plus considérable
de ceux qui me sont connus, est celui qui
a couvert, en Islande , en 1788 , une etendue de
vingt lieues de lông sur quatre de large.
Les courants , en s’entassant les uns sur les
autres, autour des bouches volcaniques , et en s’y
entremêlant avec les produits de leurs déjections,
y forment les montagnes , dont ils sont comme la
charpente.
§ 69. Les histoires des éruptions volcaniques
font trop souvent mention des torrents d’eau et
de boue vomis par les volcans , et ce phénomène
est trop extraordinaire , pour ne pas fixer notre
attention pendant quelques instants.
M. Breislak remarque, au sujet de ces torrents,
et avec beaucoup de raison, que la plupart d entre
eux, et en particulier ceux qu’on dit être sortis du
Vésuve ou de lE tn a , ne sont dus qu’aux grandes
averses qui ont souvent lieu dans les crises volca-
Eruptions
aqueuses et
boueuses.