OPHIDIENS AGLYPHODONTES.
flancs portent des taches brunes ou noires bien distinctes.
La langue nous a paru noire et non blanche. Une femelle»
prise sur la grande montagne ,^Great Hili; à Pinang, et loin
de l'eau^, avait de longueur 5 p. 5.1/2 anglais, et sa circonférence,'
dans le point le plus volumineux du tronc, un pied.
Malgré le volume du ventre, le serpent se déplaçait sans
difficulté, mais lentement :. il préférait le repos, et ne cherchait
à mordre que quand on le touchait; quelquefois, et sous
l'influence de la lumière, il manquait son but. Peu de temjis
après qu'il avait été capturé , on remarqua que les côtes des
régions postérieures étaient saillantes,^ que le reste du corps
restait immobile, et dans l'espace de 23 minutes environ, il
donna successivement naissance à 27 jeunes, et après la sortie
de chacun d'eux, il s'échappait du cloaque de la mère une
sérosité sanguinolente. A deux exceptions près, tous les foetus
sortirent látete la première; ils étaient très-actifs et cherchaient
déjà à mordre. Leurs dents étaient fort dévéloppées,
et peu de temps après leur naissance, leur épiderme se détacha
par grands lambeaux, ce qui arrive, dit M. Cantor,
aux foetus de divers Homalopsis.
Ces jeunes Acrochordes furent placés dans l'eau, ce qui parut
leur déplaire, car ils cherchèrent aussitôt à en sortir. Ils
avaient presque tous quarante-huit centimètres de longueur.
Les Malais de Pinang assurent que cette espèce est trèsrare.
Durant un séjour de 20 années à Singapoure, le docteur
Montgomerie n€ l'a observée qu'une seule fois.
La physionomie de cet Acrochorde est d'une ressemblance
frappante avec celle des chiens de la race pure des bouledogues.
Le nom malais de cette espèce est ular Karong,
ou ular laut.
Telle est la description de M. Cantor; on voit qu'elle est
en rapport avec celle de M. Hornstedt, mais plus complète.
Nous avons dans la collection du musée plusieurs individus
dont l'un, le plus ancien, vu par M. de Lacépède, consistait
ACROCnOKDIENS. 0. ACROCHORDE. 39
en une peau que l'on a bourrée depuis ; mais comme cette
dépouille avait été altérée, on y avait remplacé les lambeaux
qui manquaient par des morceaux de peau de chien de mer,
de même teinte brune.
Un très-grand individu de plus d'un mètre et demi de longueur,
certainement adulte, est très-bien conservé dans l'alcool.
Son dos est noir, les côtés gris-sale, tachetés irrégulièrement
de noir, le ventre pâle. La mâchoire supérieure est profondément
échancrée au museau et l'inférieure, dont les branches
sont bien séparées, offre, dans la région antérieure, un tubercule
solide, destiné à fermer l'orifice qui serait resté béant ea
haut par la forte échancrure du museau. Les tubercules présentent
une ligne saillante sur un promontoire entouré de
beaucoup d'aspérités régulièrement distribuées en cercle.
Un individu plus jeune offre tout-à-fait les mêmes particularités,
excepté que les tubercules sont moins saillants. Tous
ces individus proviennent de Java. Plusieurs ont été rapportés
par M. Leschenault.
Voici quelques notes particulières que nous ajouterons à
celles qui précèdent. La tête est plus longue que large , e t cependant
elle est plus grosse que le cou ; les narines sont toutà
fait en avant sur le museau, qui est comme tronqué ; les
bords des lèvres portent des plaques çt non des tubercules ,
dont celles du bas sont plus petites. Les yeux sont petits, entourés
de granulations plus grêles ; la queue , beaucoup plus
étroite à sa base que le tronc, finit en pointe hérissée de tubercules.
Dans quelques individus mieux conservés, tout le fond de la
peau est d'une teinte jaune, avec des lignes parallèles d'un
brun noirâtre ; mais elles ne se suivent pas dans toute la longueur.
La queue porte de petites taches transversales à partir
du milieu. On voit, derrière l'oeil, un trait d'un brun foncé
qui se dirige obliquement vers la commissure des mâchoires