m
.;r!i
OPniBÎENS AGLYPnODONTES.
DIJIENSIONS. L a longueur des individus varie beaucoup : on a vu de
vieilles femelles qui avaient atteint plus d'un mètre. TJn très-beau spécimen
rapporté de Sicile par Bibron a l'",58, la queue est comprise dans
ce chiffre pour O^.sa. Le plus grand nombre n'a jamais que la moitié et
même le tiers de cette taille. On conçoit que leur diamètre suive les mêmes
proportions, de trois centimètres à 0"',015 et môme à 0™,01 seulement.
Nous avons cependant des individus pris en France et dont le tronc, avec
la tête, a 1™, et la queue 0™,25.
OBSERVATIONS. Il nous est plusieurs fois arrivé quand, au premier printemps,
nous rencontrions de grosses femelles endormies à l'ardeur du soleil,
de remarquer dans un sillon longitudinal qui règne alors le long de
leur dos, par suite de leur abstinence d'hivernation pendant laquelle elles
ont beaucoup maigri, de remarquer, disons-nous, une humeur fluide
comme huileuse. Cette sorte d'huile porte une odeur désagréable et infecte.
Les doigts s'en impreignent si fortement qu'il devient très-difficile de s'en
débarrasser. Au reste, souvent aussi, au moment où l'on saisit ces reptiles,
il laissent sortir par le cloaque non seulement les matières fécales et la
bouillie claire des urines, mais une humeur très-puante, fournie par une
glande anale particulière. Ces émanations sont probablement destinées à
les protéger, en dégoûtant les oiseaux de proie et les animaux carnassiers,
qui répugnent alors à en faire leur nourriture.
Ces Couleuvres se trouvent assez souvent non loin des habitations, au
moins pendant la belle saison. Elles profitent des tas de pailles rassemblées
en meules, près des grandes cultures, pour s'y introduire et y déposer
leurs oeufs, qui sont réunis ordinairement en chapelet ; le nombre de
ces oeufs varie de 9 à 15. Ils sont joints entre eux par une matière gluante
qui, lorsqu'elle est desséchée, forme une sorte de ligament flexible et
un peu élastique. La coque de ces oeufs est molle et blanche.
On en trouve souvent dans les fumiers des grandes basses-cours des fermes
: ils ont donné lieu, dans les campagnes, à un préjugé qui est véritablement
excusable, et en voici la raison. Comme il n'est pas rare que de
vieux coqs, par on ne sait quelle circonstance, qui parait liée à l'affaiblissement
de leurs organes génitaux, pondent des sortes d'oeufs ou de coques
molles, comme membraneuses, sur lesquelles il semble manquer la matière
calcaire qui donne de la solidité aux oeufs de poules, on a trouvé quelquefois
de ces petits oeufs qu'on norame hardés et qui avaient été évidemment
pondus par des coqs. Si l'on examine leur contenu, jamais on n'y
trouve que de la glaire ou une sorte d'albumine épaisse, sans germe et sans
vitellas. D'un autre côté, cependant, des oeufs à peu près semblables pour
le volume et la mollesse de l'enveloppe, mais qui provenaient véritablement
de la Couleuvre à collier, comme on a pu s'en assurer, en observant
SÏNCRANTÉIIIENS. G. TROPIDONOTE. 1. S.^O
le développement du germe, ayant été trouvés dans les mêmes circonstances
on les a considérés comme étant les mêmes que les oeufs hardés pondus
par les vieux coqs. De là, comme on le comprend, est née la croyance
que ces mâles âgés pouvaient produire des Serpents.
TJn autre préjugé bien plus répandu, parce que le fait a été, dit-on, fort
souvent vérifié et parce que des auteurs graves, de grands et célèbres naturalistes
l'ont consigné comme réel, dans leurs ouvrages, c'est que ce
Serpent, qui aimerait beaucoup le lait, emploie quelque procédé pour se
rapprocher des vaches pendant leur sommeil. Il saisirait alors un des
pis de la mamelle et y resterait suspendu en entourant la cuisse de l'animal
des replis de son corps. Ainsi transporté, le Serpent, suiva-nt celte
tradition, suce et tête à loisir le lait; ce qui même ne déplaît point aux vaches
; elles sembleraient même l'appeler dans certains cas. Or, comme
nons avons cherché à le démontrer ailleurs (i), il y a de grandes diiTicultés
anatomiques et physiologiques nécessaires à rappeler ici qui s'opposent à
ce qu'on admette la possibilité d'un pareil manège.
D'abord, quand on examine la structure des pièces osseuses qui constituent
le pourtour de la bouche d'un Serpent, ce qu'il est surtout facile
de faire chez celui-ci, on reconnaît 1." que ses deux mâchoires sont munies
d'une série longitudinale de dents pointues, acérées, courbées en crochets,
dont toutes les pointes sont dirigées en arrière vers la gorge; 2." que
les os palatins et ptérygoïdiens forment une seconde paire de mâchoires
supérieures internes armées de la même manière et même d'un plus grand
nombre de dents présentant encore une disposition semblable. Par conséquent,
cette première circonstance que le mamelon serait saisi entre les
deux mâchoires, deviendrait la perte inévitable du Serpent, et par suite
déterminerait une très-grave inflammation de la mamelle de la vache. Car
tous ces crochets, courbés dans le même sens et en arrière, deviendraient
autant d'hameçons qui, pénétrant dans les chairs, ne pourraient en être
extraits que par autant de déchirures, dont l'effet pernicieux serait comparable
à celui que produirait une lame de scie à dents aiguës, bien distinctes
et qui ne se trouveraient pas sur le même plan.
Il faut se rappeler aussi que pour opérer la succion, au moins telle que
l'exercent les mamifères lorsqu'ils têtent, il faut que le vide ptiisse
s'opérer dans la bouche, dont la cavité est fermée par les lèvres, les
joues, la base de la langue, l'épiglotte et par le voile du palais. C'est dans
ce but évidemment, que les arrière-nariMs s'ouvrent derrière le voile du
palais, chez les mammifères, au devant du pharynx; la respiration peut
alors s'exécuter librement après chaque mouvement de succion et pendant
que la gorgée de liquide remplit encore la cavité de la bouche.
(1) Voir tome VI, pages 159 et suivantes.
• i i •
' r i !
' ' y.•,