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 (lù,  par  cela  même,  considérer  comme  tout-à-fait  distinct»  
 sous  le nom  de Anoclon, a  été,  en  raison  même  de  cette  circonstance, 
   étudié  plus  particulièrement  par M.  Jourdaa,  qui  
 a  communiqué  ses observations curieuses sur ce sujet en  4834  
 à l'Académie  des siences de  Paris.  
 D'abord,  il  a  constaté  la  présence  de  sept  à  huit  crochets  
 très-courts  et  tous de  même  longueur,  mais à  peine  sensibles  
 par  l'application  et  le  frottement  du doigt  sur  les  gencives.  
 En  outre,  il  a  reconnu  une  particularité  bien  remarquable de  
 la  colonne  vertébrale  :  c'est  l'existence  de  trente  dents  des  
 plus  singulières,  formées chacune  par  la  saillie de  l'apophyse  
 épineuse inférieure du corps de la vertèbre. Il y en a vingt-deux  
 courtes et à  extrémité  tranchante, dont  la portion  libre est  recouverte  
 d'Hue  sorte  d'émail.  Ces  éminences  proviennent  des  
 vertèbres  qui  suivent  la  tète,  depuis  la  troisième  jusqu'à  la  
 vingt-quatrième.  Les  huit  autres,  plus  grosses,  à  tubercules  
 plus  gros  et semblables  à  la  couronne des dents  canines,  sont  
 aussi  revêtues  d'une  couche  de matière  éburnée.  Tous  ces  tubercules, 
   faisant  l'office  de  véritables  dents,  fbrment  saillie  
 dans  la région  antérieure  du canal  digestif;  les premières  pénètrent, 
   par leur  petite  pointe tranchante,  dans la région  pharyngienne  
 et  les  huit autres dans  le conduit oesophagien.  Tous  
 ces  tubercules  sont  dirigés  obliquement  en  avant  à  l'inverse  
 de  ce qui  existe  ordinairement  dans  les  autres  Serpents  chez  
 lesquels  généralement  les  pointes  des dents  maxillaires  sont  
 inclinées  en  arrière.  
 On  conçoit  maintenant  le rapport  qui existe dans cette  particularité  
 des dents  sus-maxillaires  si  peu  développées  et  des  
 tubercules  sous-vertébraux  faisant  l'office des  dents,  car  on  
 a  observé  que  ces sortes  de  Serpents  recherchent  spécialement  
 pour  leur  nourriture  les oeufs  des  oiseaux,  même  ceux  
 d'un  assez  grand  diamètre;  qu'ils  les  avalent  sans  en  briser  
 la  coque,  de  manière  à  les  fiiire  pénétrer  dans  leur  largo  
 gosier,  où,  en  avançant  par  l'acte  péristaltic|ije  de  la  dér  
 leptognatiiiens.  g.  rachiodon.  489  
 glulition,  la coquille se trouve  comme  limée  ou  usée  d'abord  
 par  les  saillies  tranchantes  des  apophyses  sous-vertébrales,  
 qui  agissent  comme une lame coupante;  puis engagés  davantage  
 dans  la  cavité  oesophagienne,  les  gros  tubercules  écrasent  
 la  partie ;affaiblie,  et  d'autres,  plus  pointus,  pénètrent  
 dans  l'intérieur  de  la  coquille  pour  la  briser  et en  faire  sortir  
 le contenu,  qui  est  alors  digéré.  
 Le fait  de  la présence des  débris  d'oeufs dans le tube  intestinal  
 et  les  habitudes  de  ces  animaux,  qui  recherchent  les  
 oeufs à  coquille  calcaire,  étaient  connus,  mais  on  n'avait  pas  
 indiqué  la  particularité qu'a  si bien fait connaître M.  Jourdaa  
 et dont  nous  avons  cité le  travail  dans la  synonymie.  
 IVous avons fait préparer  un  squelette du Rachiodon  Scaler,  
 pour  décrire d'après  nature  les  singularités  que  ce  Serpent  
 offre dans  sa  structure.  
 B'abord,  tout  l'appareil  des mâchoires  est  d'une  faiblesse  
 ou d'une  gracilité  extrême.  Les  os  sus-maxillaires  atteignent  
 au plus,  en arrière,  l'angle  postérieur  de l'orbite  et  vers  cette  
 extrémité  seulement,  nous  observons,  de  l'un  et  de  l'autre  
 côté,  deux  petits  crochets  très-courts,  dont  la  pointe  cependant  
 est  dirigée  en  arrière.  L'os  transverse,  à  peu  près  de  
 même  longueur  que le  sus-maxillaire,  est  mince comme un  fil  
 •et semble  se continuer  avec la portion postérieure  de  l'os  ptérygo 
 palatin  qui  ne porte  aucun  crochet.  Le palatin  proprement  
 dit est  grêle  au  milieu et assez large à sa jonction  vers la  
 partie  antérieure  du  palais.  
 L'os intra-articulaire,  porté sur  une  longue  apophyse  mastoïdienne  
 ou  temporale,  se  dirige  tout-à-fait  en  arrière,  de  
 sorte que les deux pièces réunies  égalent  la longueur du  crâne  
 et  doivent  permettre  ua  grand  évasement  ou  élargissement  
 du  gosier.  
 La mâchoire inférieure, deux  fois plus  longue  que la moitié  
 du  crâne,  est  très-faible et  ne  porte que  quatre  ou cinq  petits  
 ,crochets,  vers  le tiers  antérieur,  au  point  correspondant  à  
 il,