316 OPHIDIENS AGLYPHODONTES.
DESCRIPTION.
FORMES. Le corps est allongé, mais assez robuste. La queue est plutôt
courte , épaisse à sa base, mais elle s'elTile ensuite et se termine par une
petite pointe cornée. La téte est peu distincte du tronc.
ÉcAiLLnBE. Les neuf plaques sus-céphaliques ordinaires ; elles sont
courtes et un peu ramassées , ce qui est une conséquence du peu de longueur
de la téte.
Il y a sept paires de plaques sus-labiales; la troisième et la quatrième
touchent à l'oeil.
Les écailles du tronc qui sont lisses et peu allongées sont disposées sur 21
rangées longitudinales. Les gastrostèges sont au nombre de 200-206. L'anale
est simple et il y a à 48 urostèges.
DBXTS.
COLORATION. La description suivante, à part les changements que l'alcool
fait subir aux couleurs, se rapporte parfaitement aux individus de la
collection du Musée de Paris. Elle est la traduction du texte de M Holbrook,
qui, ayant vu l'animal vivant, a pu en décrire très-exactement la
livrée.
VAblabès triangle ressemble beaucoup dans son aspect général, à !'£-
laphe tacheté-, nous verrons cependant plus loin quelles sont les différences
importantes, qui éloignent l'une de l'autre ces deux Couleuvres.
« La teinte de fond des régions supérieures est un blanc de lait tirant
sur le gris et offrant souvent une nuance rougeâtre. Sur la partie antérieure
de la téte, il y a quelques taches foncées, peu distinctes et de plus
une bande tranversale, également foncée, étendue de l'extrémité antérieure
de l'une des plaques sus-orbitaires à l'autre et occupant environ la
moitié postérieure des plaques frontales. Une autre bande, de la même
temte noirâtre, s'étend de chacune des extrémités de la précédente à l'angle
de la bouche. Toute la région postérieure de la téte et la nuque sont
couvertes par une grande tache foncée ; vers son bord antérieur, on voit
un petit espace clair, et plus en arriére, un autre allongé, bordé de noir
en forme de V (1). Entre la grande tache foncée, dont il vient d'être question
, et la bande noirâtre précédemment décrite, la teinte de fond apparaît
sous forme d'une bande claire, parallèle à celte dernière, et qui se
prolonge de chaque côté, sur les tempes, en servant de bordure en quelque
sorte à celle qui, comme nous l'avons dit, se porte de l'oeil à l'angle
(1) Cette figure triangulaire , qui manque sur un sujet seulement, au
Musée de P ans , est une marque distinctive que le nom spécifique donné à
cette espèce par M. de Lacépède, est destiné à rappeler.
ISODONTIENS. S.-fl. ABLABES. 5. 517
de la bouche. Les plaques labiales sont toutes bordées de noir en arrière. »
» Sur la région médiane du tronc, en dessus , il règne une série de
taches ovalaires, foncées, toujours bordées de noir, et plus larges que
longues, ce qui est le contraire chez l'Élaphe tacheté où elles sont longitudinales
, au lieu d'élre, comme ici, placées en travers. Souvent, chez
l'Ablabès, elles sont tellement considérables, qu'on neToit plus la couleur
de fond que sous forme de bandes transversales, ce qui donne,
jusqu'à certain point, à l'animal l'apparence d'un Serpent annelé. »
« Sur chaque tlanc, il y a une série de taches irrégulièrement arrondies,
plus petites et plus sombres que celles du dos, mais relevées par un point
clair dans leur centre. »
« L'abdomen est d'un blanc d'argent; chaque gastrostège et chaque urostège
portent une ou deux taches noires en forme de quadrilatères oblongs.
Quand il n'y en a qu'une, elle occupe le milieu de la plaque ; si il y en a
deux, elles sont situées à ses extrémités. »
j> De la disposition régulière de ces taches, il résulte que toute la surface
inférieure de la Couleuvre a l'apparence d'une élégante marqueterie
blanche et noire. C'est à cette particularité , qu'est due la dénomination de
Coluber Caligaster que M. Harlan dit avoir été donnée à cette espèce
par le zoologiste Say. »
De jeunes individus en très-bon état de conservation sont tout-à-fait semblables
aux adultes.
DIMKNSIONS. M. Slorer regarde cette espèce comme l'une des plus grandes.
Elle a quelquefois, dit-il, cinq pieds de longueur (mesure anglaise) et
même au-delà.
Notre plus grand spécimen a une longueur totale de 1™,6, le Tronc et la
Jfteont0m,90. et la Çuezie , 0"',16.
MOECRS. Celte Couleuvre est peu sauvage et s'approche sans crainte des
habitations d'où le nom de Serpent de maison qu'on lui donne souvent,
et quant à celui de Serpent de lait qui sert quelquefois à la désigner , il
est da à l'habitude qu'elle a de chercher à" pénétrer dans la salle où l'on
conserve le lait destiné à l'usage de la ferme.
PATRIB. La zòne géographique de VÂblabès triangle semble être bornée
par le 3""= degré de latitude au-dessous duquel, dans les États de l'Atlantique,
M. llolbrook n'a jamais su qu'il ait été vu. Là où il manque , il est
remplacé par l'Élaphe tacheté. Au nord du 57" degré, il est cependant
abondant. Je l'ai vu , dit M. Holbrook, dans le Maine et à Rhode-Island.
Le Docteur Storer l'a rencontré dans le Massachusets ; le Docteur
Dekay à New-York ; le Docteur Hallowell en Pensylvanie ; le Docteur
Geddings dans le Maryland. A l'ouest des Monts Alleghany, cette Couleuvre
a été observée par le Docteur Pickcring.
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