pas assez conformes à la nature in time des animaux,
pour servir commodément de base à un traité d’anatomie
comparée ; mais les genres, quoique d’ordinaire
mieux constitués, n’offraient eux-mêmes ,
dans leur nomenclature, que des ressources insuffisantes,
parce que les espèces n’avaieiit pas été
rangées sous chacun d’eux, conformément à leurs
caractères. Ainsi, en plaçant le lamantin sous le
genre des morses, la sirènesous celui des anguilles,
Gmelin avait rendu toute proposition -générale relative
à l’organisation de ces genres, impossible ;
tout comme en rapprochant dans la même clause ,
dans le même ordre, et à côté l’un de l’autre, la
seiche et le polype d’eau douce, il avait rendu impossible
de dire rien de général sur la classe et sur
l ’ordre qui embrassaient des êtres si disparates.
3e cite là des exemples pris parmi les plus frappants
; mais il en existait une infinité de moins sensibles
au premier coup d’oeil, qui n’avaient pas des
inconvéniens moins réels.
Il ne suffisait donc pas d’avoir imaginé de nouvelles
distributions de classes et d’ordres, d’y avoir
placé convenablement les genres ; il fallait encore
examiner toutes les espèces, afin de savoir si effectivement
elles appartenaient aux genres où on les
avait mises.
Or quand j’en vins là, je trouvai non-seulement
des espèces groupées ou dispersées contre toute
raison , mais je remarquai que plusieurs n’étaient
pas même établies d’une manière positive, ni par
UE LA PREMIÈRE ÉDITION,
les caractères qu’on leur assignait, ni par les figures
et les descriptions que l’on en alléguait.
Tantôt l ’une d’elles, au moyen des synonymes,
en représente sous un seul nom plusieurs, et souvent
tellement différentes, qu’elles ne doivent pas
entrer dans le même genre ; tantôt une seule est
doublée, triplée, et reparaît successivement dans
plusieurs sous-genres, dans plusieurs genres , quelquefois
dans des ordres différents.
Que dire, par exemple, du trichecusmanatus de
Gmelin, qui, sous un seul nom spécifique, comprend
trois espèces et deux genres, deux genres
différents presque £n tout ? Sous quel nom parler
de la vélelle, qui y figure deux fois parmi les méduses
et une parmi les holothuries ? Comment y
rassemblerlesbiphores, qui y sont appelées les unes
du nomdedagysa, le plus grand nombre de celui
desalpa, et dont plusieurs sont rangées parmi les
holothuria ?
Ainsi il ne suffisait pas, pour atteindre complètement
le but, de revoir les espèces : il aurait fallu
revoir jusqu’à leurs synonymes ; c’est-à-dire qu’il
aurait fallu refaire le système des animaux.
Une telle entreprise, après le prodigieux développement
que la science a pris depuis quelques
années, eût été inexécutable dans son entier pour
tout homme isolé, même en lui supposant la plus
longue vie, et nulle autre occupation; je n’aurais
pas même été en état de préparer la simple esquisse
que je donne aujourd’hui, si j’avais été livré à mes