254 MAMMIFÈRES.
L E H U IT IÈM E ORDRE DES M A M M IF È R E S ,
ou LES RUMINANTS (Pecora.- L . ),
#
Est peut-etre le plus naturel et le mieux déterminé
de la classe, car ces animaux ont l’air d’être
presque tous construits sur le même modèle, et les
chameaux seuls présentent quelques petites exceptions
aux caractères communs.
Le premier de ces caractères est de n’avoir d’incisives
qu à la mâchoire inférieure, presque toujours
au nombre de huit. Elles sont remplacées en
haut par un bourrelet calleux. Entre les incisives
et les molaires est nn espace vide, où se trouvent,
seulement dans quelques genres, une ou deux canines.
Les molaires, presque toujours au nombre
de six partout, ont leur couronne marquée de deux
doubles croissants, dont la convexité est tournée en
dedans dans les supérieures , en dehors dans les inférieures.
Les quatre pieds sont terminés par deux doigts
et par deux sabots, qui se regardent par une face
aplatie, en sorte qu’ils ont l ’air d’un sabot unique,
qui aurait été fendu; d’où vient, à ces animaux, le
nom de pieds fourchus, de bifurqués, etc.
Derrière le sabot sont quelquefois deux petits
ergots, vestiges de doigts latéraux. Les deux os
du métacarpe et du métatarse sont réunis en un
seul, qui porte le nom de ca n o n , mais dans cer-
RUMINAINTS. 2 5 5
taines espèces il y a aussi des vestiges de métatarsiens
et de métacarpiens latéraux.
Le nom de ruminants indique la faculté singulière
de ces animaux _, de mâcher une seconde
fois les aliments, qu’ils ramènent dans la bouche
après une première déglutition, faculté qui tient
à la structure de leurs estomacs. Ils en ont toujours
quatre, dont les trois premiers sont disposés de façon
que les aliments peuvent entrer à volonté dans
l’un des trois, parce que l’oesophage aboutit au
point de communication.
Le premier et le plus grand se nomme la p a n s e ;
il reçoit en abondance les herbes grossièrement
concassées par une première mastication. Elles se
rendent de là dans le second , appelé b o n n e t, dont
les parois ont des lames semblables à des rayons
d’abeilles. Cet estomac , fort petit et globuleux,
saisit l’herbe, l ’imbibe et la comprime en petites
pelotes, qui remontent ensuite successivement à la
bouche pour y être remâchées. L’animal se tient
en repos pour cette opération , qui dure jusqu’à ce
que toute l ’herbe, avalée d’abord dans la panse,
l ’ait subie. Les aliments, ainsi remâchés, descendent
directement dans le troisième estomac nommé
fe u i lle t , parce que ses parois ont des lames longitudinales
semblables aux feuillets d’un livre , et delà
dans le quatrième ou ca ille tte , dont les parois n’ont
que des rides, et qui est le véritable organe de la
digestion, analogue à l ’estomac simple des animaux