de son front et le volume d.e son cerveau, mais les expfetf-
sions exagérées de quelques auteurs sur cette ressemblance
tiennent en partie à ce que l’on n ’en avait vu que
de jeunes individus , et tou t fait croire q u ’avec l’âge, son
museau devient beaucoup plus proe'minent. Il a le corps
couvert de gros poils ro u x , la face bleuâtre, les pouces de
derrière très courts comparativement aux doigts. Ses
lèvres peuvent s’alonger singulièrement, et jouissent d’une
glande mobilité. Ôn a fort altéré son histoire^ par le mélange
que I on en a fait avec celle des autres grands
singes, et surtout du Chimpansé. Après l’avoir soumise’
à une critique sévère, on trouve que l’Orang-Outaijg
n’habite que les contrées les plus o rien ta le scom m e Ma-
laca , la Cochinchine , et surtout la grande ile de Bornéo ,
d’où on l’a fait venir par Java, mais très rarement. Jeune ,
et tel qu’on l’a vu en E u ro p e , c’est un animal assez d o u x ,
qui s apprivoise et s’attache aisément, q u i , par sa conformation
, parvient à imiter un; grand nombre de nos actions;
mais dont l’intelligence ne paraîtpas s’élever autant
q u ’on l’a d it, ni même surpasser beaucoup celle du chien.
Camper a découvert et bien décrit deux sacs membraneux
qui communiquent avec les ventricules de la glotte
de cet animal, et qui assourdissent sa voix; mais il a eu
tort de croire que les angles manquent toujours à ses
pouces de derrière.
Un singe de Bornéo , qui n’est encore connu que par
son Squelette, et que l’on a nommé Pongo ( i) , ressemble
tellement à l’Orang-Outang parles proportions de
(i) Audeb. Singes, pi. anat. II. Cenotnde pongo, corrompu de celui de
iaggo, que l’on donne en Afrique au chimpanséou an mandrill, a été applique
par Buffon à une prétendue grande espèce d’orang-outang, qui n’était
que le produit imaginaire de ses combinaisons.Wurmb, naturaliste de Batavia
, l’a transporté à cet animal-ci, qu’il a décrit le premier, et dont Buffôrt
n’avaitnullé idée. Voyèz les Mém. de la soc. déBatavia, tome II, p. 245.
La pensée qu’il pourrait être un orang adulte m’est venue à la vue d’une
tete d’orang ordinaire, à museau beaucoup plus saillant que celles de très
jeûnes individus que l’on a décrites jusqn’à ce jour ; je l’ai fait connaître
dansun mémoire lu à l’Académie des Sc. en 1818. M. Tilesius et M. Bu-
dolphi paraissent l’avoir eue aussi de leur côté. Voyez les Mém. de l’Ac.
de Berlin pour 182/1, p. i3 j.
toutes ses parties et par toutes les dispositions des lions
et des sutures de sa tête, q u e , malgré la grande proéminence
de son museau, la petitesse de son crâne et la hauteur
d*es branches de sa mâchoire inférieure, on peut le
croire un adulte, sinon de l’espèce de l’orang-outang, du
moins d’une espèce très voisine. La longueur de ses bras,
celle des apophyses de ses vertèbres cervicales, et la tubérosité
de son calcanéum, peuvent lui faciliter la station et
la marche sur deux pieds. C’est le plus grand de tous
les singés , et Un animal des plus redoutables,” il approche
de la taille d o l’homme.
- Dans les autres Orangs, les bras ne descendent que jusq
u ’aux genoux. Ils n’ont point de front, et leur crâne fuit
immédiatement derrière la crête des sourcils. On pourrait
leur réserver le nom de C himpansés.
Le Chimpansé: ( Si mi a troglodytesL.) (1)
Couvert de poils noirs ou b ru n s, rares en avant. Si 1 on
s’en fiait au rapport des voyageurs , il approcherait de la
taille de l’homme, ou la surpasserait; mais on n ’en a vu
encore en Europe aucune partie qui indiquât cette grandeur.
Il habite en Guinée et au Congo, vit en troupes, se
construit des huttes de feuillages, sait s’armer de pierres
et de bâtons, el les emploie à repousser loin de sa demeure
les hommes et les éléphants; p o u rsu it, dit-on, les négresses,
et les enlève quelquefois dans les bois, etc. Les
naturalistes l’ont presque tous confondu avec YOrang-
Outang. En domesticité, il est assez docile pour être dressé
à marcher, à s’asseoir et à manger à notre manière.
(1) C’est le tjuojas morou ou le satyre d’Angola de Tulpius, qui en
donne une mauvaise figure(Obs. med., p. 271.), et le pygmée, beaucoup
mieux représenté par Tyson (Anat. ,of a P ygm y , pi. 1), et cojûé pai
Schreber, pl. I. BpScotin en avait donné une autre figure passable copiée
Athatn. acad. V I , p l 3 , et Schreb., 1. C.TJn individu qui avÇcu
ebéz Buffon, et que l’on coiiserve au muséum , est représenté, quoique
assez mal, liist. nat. XIV , I , où il est nommé Jocko. l e mêmé individu
est beaucoup mieux dans I.ecat, f Traite’ du mouvement musc. , p l I ,
ftg . i. ), sous le nom de Quimpeséj c’est aussi lui que donne Audebert,
mais d’après l’empaillé seulement II le nomme Pongo.