86 MAMMIFÈRES*
dont le postérieur recouvre le cervelet, la fosse temporale
séparée de l ’orbite par une cloison osseuse;
mais pour le reste elles s’éloignent de notre forme
par degrés, en prenant un museau déplus en plus
alongé, une queue, une marche plus exclusivement,
quadrupède ; néanmoins, la liberté de leurs avant-
bras et la complication de leurs mains leur permettent
à toutes beaucoup d’actions et de gestes
semblables à ceux de l ’homme.
On les divise depuis long-temps en deux genres,
les singes et les makis, devenus aujourd’hui en quelque
sorte par la multiplication des formes secondaires,
deux petites familles, et entre lesquels il faut
placer un troisième genre, celui des ouistitis, qui
ne se rapporte bien ni à l’un ni à l’autre.
LES SINGES. ( SIMIA, Linn. )
S ont tous les q u ad rum an es q u i o n t à chaque mâchoire
q u a tre d en ts incisives d ro ite s , e t à tous les doig ts des
ongles p la ts ; deux caractères q u i les ra p p ro c h e n t de
l ’homme p lu s qu e les genres su iv an ts ; leurs molaires
n ’o n t a u s s i, comme les n ô tre s , que des tu b e rcu le s
mousses, e t ils v iv en t essentiellement de fru its ; mais
leu rsc an in e s, dépassant les a u très d e n ts , le u r fo u rn issen t
u n e arme q u i n ous man q u e , e t exigent u n vide d ans la m â choire
opposée, pour s’y loger q u a n d la bouche se ferme.
On p e u t les r é p a rtir, d ’après le n ombre de leurs mo lair
e s , en deux p rin c ip au x sous-genres, q u i se su b d iv isen
t eux-mêmes en des groupes nomb reu x ( i ) .
(t ) IV. B. Buffon avait subdivisé les singes en cinq tribus : les singes
propres, sans queue; les papions, à queue courte; les guenons, à queue
longue, à fesses calleuses; les sapajous, à queue longue et prenante, sans
q u a d r u m a n e s . 8 7
Les S iwges proprement dits, ou de l’ancien co n tin en t,
Ont le même nombre dé machelifei'eà que 1 homme,
mais diffèrent d’ailleuîs entré eUX par des caractèrês qui ont
fourni les subdivisions suivantes :
Les Orangs (1). (Sim ia . Evxl. P ithèCus. Gèoffri Vulg.
Hommes sauvages).
Sont les Seuls singes de l’ancien continent qui n’aient point
de callosités aux fesses, et leur os hyoïde, leur foie et leur
caecum ressemblent à ceux de l’homme. Leur nez ne saille
p o in t, ils n’ont point d’abajoues, ni aucun vestige de queue.
Les uns ont les bras assez longs pour atteindre a te n e
quand ils sûnt deb o u t, et les jambes au contraire très
courtes. Ce sont lés orangs proprement dits.
L’Orang-Outang. (Simia satyrus. L .) Audeb., pl. 2 , Fr.
Cuv., pl. 2. (2)
Passe pour être de tous les animaux celui qui rèsSemble
le plus à l’homme par la formé de sa tête, la grandeur
callosités ; les sagouins, à queue longue et non prenante, sans callosités ;
et Erxleben , adoptant cette division, avait traduit ces noms par simia,
papio, cercopithecus , cebus et callithrix. C’est ainsi que les noms de
cebus et de callithrix q u i, dans les anciens, désignaient des singes de
l’Afrique et des Indes , ont été transportés à des singes d’Amérique. Le
genre des papions , fondé uniquement sur la brievete de la queue, n a pu
être conservé, parce qu’il rompait trop lès rapports naturels, et tous les
autres ont dû être subdivisés; ila été nécessaire enfin de mettre hors de rang
le genre des ouistitis, que l’on comprenait dans celui des sagouins, mais
qui ne répond pas entièrement aux caractères communs des autres singes.
(1) O rang est un mot malais, signifiant être raisonnable, et qui s applique
à l’homme, à l’orang-outang et à l’éléphant. Outang veut dire
sauvage ou des bois. C’est pourquoi les voyageurs traduisent orang-
outang par homme des bois.
(2) La seule bonne figure de l’orang-outang a été long-temps celle de
Vosmaer, faite d’après un individu quia vécu a La Haye. Celle de Buffon,
Suppl. V II, pl. 1, pèche à tous égards ; celle d' Allamand ( Buff. d’Holl.
XV , pl. xr, ) est un peu meilleure ; elle a été copiée dans Schreber,
pl. 11 B. Celle de Camper, copiée ib., pl. 11 , C ., ne manque pas d exactitude;
mais on voit trop qu’elle est faite d’apres un cadavre. Bontius,
Méd.ind. 8 4 ,n’en donne qu’une tout-à-fait imaginaire, quoique Linnoeus en
ait fait le type de son troglodyte ( Amoen. ac. V I , pl. 1, § 1. )• Il y en a
d’assez bonnes dans la trad. angl. du présent ouvrage, et dans le voyage de
Krusenstern , pl. g4 et q5 , mais toujours d’après de jeunes sujets.