Le développement des êtres organisés est plus ou
moins prompt et plus ou moins étendu , selon que
les circonstances lui sont plus ou moins favorables.
La chaleur, l’abondance e tl’espèce delà nourriture,
d’autres causes encore y influent, et cette influence
peut être générale sur tout le corps, ou partielle
sur certains organes ; de là vient que la similitude
des descendants avec leurs parents ne peut jamais
être parfaite.
Les différences de ce genre, entre les êtres organisés
, sont ce qu’on appelle des variétés.
On n’a aucune preuve que toutes les différences qui
distinguent aujourd’hui les êtres organisés soient de
nature à avoir pu être ainsi produites par les circon-
stanees.Toutcequel’on a avancé sur ce sujetest hypothétique
; l ’expérience paraît montrer au contraire
que, dans l ’état actuel du globe, les variétés sont renfermées
dans des limites assez étroites, e t, aussiloin que
nous pouvons remonter dans l ’antiquité, nous voyons
que ces limites étaient les mêmes qu’aujourd’hui.
On est donc obligé d’admettre certaines formes,
qui se sont perpétuées depuis l’origine des choses
sans excéder ces limites; et tous les etres appartenants
à l ’une de ces formes constituent ce que l ’on
appelle une espèce. Les variétés sont des subdivisions
accidentelles de 1 espèce.
La génération étant le seul moyen de connaître
les limites auxquelles les variétés peuvent s’étendre,
on doit définir l’espèce, la réunion des individus
descendus l’un de l’autre ou de parents communs}
cl de ceux qui leur ressemblent autant qu’ ils se ressemblent
entre euxj mais, quoique cette définition
soit rigoifreuse, on sent qae son application à des
individus déterminés peut être fort difficile, quand
on n’a pas fait les expériences nécessaires.
En résumé, l ’absorption, l ’assimilation, l ’exhalation,
le développement, la génération, sont les
fonctions communes à tous les corps vivants; la naissance
et la mort, les termes universels de leur existence
; un tissu aréolaire, contractile, contenant
dans ses mailles des liquides ou des gaz en mouvement,
l ’essence générale de leur structure ; des substances
presque toutes susceptibles de se convertir
en liquides ou en gaz , et des combinaisons capables
de se transformer aisément les unes dans les autres,
le fonds de leur composition chimique. Des formes
fixes, et qui se perpétuent par la génération, distinguent
leurs espèces, déterminent la complication
des fonctions secondaires propres à chacune d’elles,
et leur assignent le rôle qu’elles doivent jouer dans
l’ensemble de l ’univers. Ces formes ne se produisent
ni ne se changent elles-mêmes ; la vie suppose
leur existence ; elle ne peut s’allumer que dans des
organisations toutes préparées ; et les méditations
les plus profondes, comme les observations les plus
délicates , n’aboutissent qu’au mystère de la préexistence
des germes.
ÏOME I.