EXPOSÉ RAPIDE DES FONCTIONS INTELLECTUELLES DES
ANIMAUX.
L ’impression des objets extérieurs sur le m o i , la
production d’une sensation , d’une image, est un
mystère impénétrable pour notre esprit, et le matérialisme
un hypothèse d’autant plus hasardée, que
la philosophie ne peut donner aucune preuve directe
de l’existence effective de la matière. Mais le
naturaliste doit examiner quelles paraissent être les
conditions matérielles de la sensation, il doit suivre
les opérations ultérieures de l ’esprit, reconnaître
jusqu’à quel point elles s’élèvent dans chaque être,*
et s’assurer s’il n’y a pas encore pour elles des conditions
de perfection dépendantes de l ’organisation
de chaque espèce ou de l’état momentané du corps
de chaque individu.
Pour que le m o i perçoive:, il faut qu’il y ait une
communication nerveuse non interrompue entre le
sens extérieur et les masses centrales du système
médullaire. Ce n’est donc que la modification éprouvée
par ces masses que le moi perçoit; aussi peut-
il y avoir des sensations très réelles sans que l ’organe
extérieur soit affecté , et qui naissent, soit dans le
trajet nerveux, soit dans la masse centrale même :
ce sont les rêves et les visions ou certaines sénsations
accidentelles.
Par masses centrales, nous entendons une partie
du système nerveux d’autant plus circonscrite que
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l’animal est plus parfait. Dans l ’homme, c’est exclusivement
une portion restreinte du cerveau ; mais
dans les reptiles , c’est déjà le cerveau et la moelle
entière, et chacune de leurs parties prise séparément;
en sorte que l’absence de tout le cerveau n’empêche
pas de sentir. L’extension est bien plus grande encore
dans les classes inférieures.
La perception acquise par le moi produit Y image
delà sensation éprouvée. Nous reportons hors de nous
la cause de la sensation ., et nous nous donnons ainsi
Y idée de l ’objet qui l ’a produite. Par une loi nécessaire
de notre intelligence, toutes les idées d’objets
matériels sont dans le temps et dans l ’espace.
Les modifications éprouvées par les masses médullaires
y laissent des impressions qui se reproduisent
, et rappellent à l ’esprit les images et les
idées : c’est la mémoire, faculté corporelle qui varie
beaucoup selon l ’âge et la santé.
Les idées qui se ressemblent, ou qui ont été
acquises en même temps, se rappellent l’une l’autre :
c’est Y association des idées. L’ordre, l ’étendue et
la promptitude de cette association constituent la
perfection de la mémoire.
Chaque objet se présente à la mémoire avec toutes
ses qualités ou avec toutes les idées accessoires.
U intelligence a le pouvoir de séparer ces idées
accessoires des objets, et de réunir celles qui se
retrouvent les mêmes dans plusieurs objets sous
une idée générale , dont l’objet n’existe réellement