musement, est surpris lui-même, à l ’essai, de la
facilité qu’elle lui a procurée pour débrouiller tous
les genres d’affaires.
Elles n’est pas moins utile dans la solitude. Assez
étendue pour suffire.à l ’esprit le plus vaste, assez
variée, assez intéressante pour distraire l’ame la
plus agitée, elle console les malheureux, elle calme
les haines. Une fois élevé à la contemplation de
cette harmonie de la Nature irrésistiblement réglée
par la Providence, que l’on trouve faibles et petits
ces ressorts qu’elle a bien voulu laisser dépendre
du libre arbitre des hommes! Que l’on s’étonne de
voir tant de beaux génies se consumer, si inutilement
pour leur bonheur et pour celui des autres,
à la recherche de vaines combinaisons dont quelques
années suffisent pour faire disparaître jusqu’aux
traces.
Je l’avoue hautement, ces idées n’ont jamais été
étrangères à mes travaux, et si j’ai cherché de
tous mes moyens à propager celte paisible étude ,
c’est que, dans mon opinion, elle est plus capable
qu’aucune autre d’alimenter ce besoin d’occupation
qui a tant contribué aux troubles de notre
siècle; mais il est temps de revenir à mon objet.
11 me reste à rendre* compte des principaux
changements que j’ai faits aux méthodes dernièrement
reçues, et à témoigner ce que je dois aux
naturalistes dont les ouvrages m’en ont fourni ou
suggéré une partie.
Pour prévenir une critique qui se présentera natureJlement
à beaucoup de personnes, je dois remarquer,
d’abord , que je n’ai eu ni la prétention,
• ni le désir de classer les êtres de manière à en
former une seule ligne, ou à marquer leur supériorité
réciproque. Je regarde même toute tentative
de ce genre comme inexécutable ainsi je
n’entends pas que les mammifères ou les oiseaux,
placés les derniers, soient les plus imparfaits de
leur classe ; j’entends encore moins que le dernier
des mammifères soit plus parfait que le premier
des oiseaux, le dernier des mollusques plus parfait
que le premier des annelides ou des zoophytes ;
même en restreignant ce mot vague de plus parfait,
au sens de plus complètement organisé. Je n’ai
considéré mes divisions et subdivisions que comme
l ’èxpression graduée de la ressemblance des êtres
qui entrent dans chacune ; et quoique il y en ait où
l ’on observe une sorte de dégradation et de passage
d’une espèce à l ’autre, qui ne peut être niée, il
s’en faut de beaucoup que cette disposition soit générale.
L’échelle prétendue des êtres n’est qu’une
application erronée à la totalité de la création, de
ces observations partielles qui n’ont de justesse
qu’autant qu’on les restreint dans les limites où
elles ont été faites, et cette application, selon moi,
a nui, à un degré que l ’on aurait peine à imaginer,
aux progrès de l’histoire naturelle dans ces derniers
temps.
C’est en conformité de cette manière de voir ,
que j’ai établi ma division générale en quatre em-
T ome I. ”