1, It! J^.
VI !
i'f
86 V O Y A G E au L EV AíN T
embraflcr leur Religion ;
voianc qu'il ne fe aiíToit
ebranlet , ils crurent qu'ils pourroicnt
mais
point
faire par la force ce qu'ils
n'avoient pu obtenir par leurs prefens
& par leurs carefles, & i s le
mirent en prifon. Apres quelques
jours on recommença à le follicker,
mais ils n'en tirerent que des reponfes
tout oppofées à l'eiperance qu'-
ils avoient eue, ce jeune Grec aimant
mieux par,,une fainte generofité,
endurer les coups de bâton ,&
même la mor t comme il la fouffrit
en effet dans la fuite, que de donner
la moindre marque aux Turcs
qu'il eût envie; d'embraiîèr leur do-
¿trine, & que de vouloir prononcer
un feul mot de leur confeilion
de foi. Au contraire il emploia iès
derniers Ibupirs à prononcer à tous
momcns ces belles paroles que l'Eglife
Grecque prononce fi fouvent
noms differens. Il' eft bien vrai
qu'ils ne font pas obligez de les
obferver toutes cinq avant que de
fe mettre à prier, mais ils ne laifiènt
pas pourtant d'en faire. une
grande affaire. La premiere de toutes
, & qui eft la plus generale,
puis qu'elle eft pratiquée des Chrétiens
auflî bien que des Turcs , eft
le bain ordinaire, qu'ils appellent
Amant. La feconde eft pour les
neceflitez du corps , & s'appelle
Taharat, ou, Tropreté. La troifieme
eft pour fe nettoier des impuretez
ou l'on pourroit être tombé
la nuit ou le jour, & elle s'appelle
Goujlu, ou Purification. La
quatrième eft ordonnée pour fe laver
de toutes les autres faletez qui
proviennent des organes des cinq
lêns de nature; pour exprimer celle
ci ils fe fervent du mot Perfan
Abdefi qui fignifie l'eau à la main,
'ans fes prières Ku'e/iE i\i>imi ,>)>»! Sei- ou ablution. Et la cinquième eft celgneuT
aie fitié de nous, &_mourant le des corps morts , & qui s'appelle
ainlî en confclîànt la foi Chrétienne,
il remporta fans doute la couronne
du martyre.
Quoi que la voix de ces Crieurs
ne feife pas tant de bruit que le fon
des cloches , elle fefait néanmoins
aflèz bien entendre : & comme il ne
pailè point de Carroilès par les
rues de Conftatinople, & qu'il y a
très peu de ces artifans dont les
metiers etourdiflènt , cette voix qui
eft claire & perçante pénétré ailement
dans tous les quartiers, & même dans
un temps calme , elle fe fait entendre
hors de la Ville , à une diftance
confidérable.
Le nombre des Muëfins eft fort
grand , & il eft encore augmenté
cpnfiderablement par ceux, qui quoi
qu'ils ne foient pas emploiez au fervice
de la Mofquée, ne laiflent pas
de monter fur les Minarets pour
avoir le plaifir d'appcller le monde,
& fe faire un' mérité d'inviter les
bons Mufulmans à venir aux Prières.
La dcrniere preparation que les
ons des'^"'''^® apportent àlapriere, confi-
Tutcs. fte à fe laver plufieurs fois, & comme
ces ablutions font au nombre de
cinq ils leurs donnent auifi cinq
Euhujakmaks, ou ablution des morts.
Comme ce qui peut fervir à entendre
la Religion des Turcs &;fes
Ceremonies, depend beaucoup de
ces ablutions, le S'. Grelot a jugé à
propos d'en traiter fort amplement,
& nous en inférerons ici un extrait
pour la fatiffailion du LeiSleur qui
fera fans doute bien aife qu'on lui
en ftice part.
De toutes les Nations du mon- Amam i,
de, dit-il, il n'y en a point qui fe
faflè une plus grande affaire de la
pureté, que la Mahometane,, tant
parmi les Turcs que parmi les Perfans.
Ces peuples en font une Loi
fondamentale , ou pour mieux dire
, toute l'eifence de leur Religion,
qui ne confifte qu'en ceremonies
extérieures. A cette occafion
ils ont été obligez * de faire bâtir
quantité de lieux deftinez aux
bains, où ils fe, peuvent laver tout
le corps. On en a un grand nombre
dans toutes les principales villes
de la Turquie, & entre eux il y
en a plufieurs qui ne le cedent point
aux anciens Thermes des Empereurs
Romains. Témoins ceux de la ville de
Biirfa , qui font des bains d'eauchaude
qui tombe dans de grands
, bafi
en E G Y P T E , SYRIE, &c.
baflins de marbre, dont font faits 8 7
auflî les bancs ou lièges qui font à
l'entour. La couverture confifte en
deux beaux Domes qui s'etcndcnt
ilir deux grandes chambres , dont
l'air & l'eau font d'urie chaleur différemment
teraperée. Avant que
d'y entrer on fe deshabille dans une
autre grande Salle qui eft plus fraîche
, deforte que tous ces bâtimens
ont neccfl"airement trois grandes Salles
pour le moins. La premiere eft
d'un air fort tempéré , mais plus
chaud pourtant que celui qu'on fent
dans la rue , la feconde eft d'une
plus grande chaleur que la premiere,
& la troifiéme eft fi chaude qu'on
n y fauroit être un moment qu'on
ne fuë. '
Ils vont tous fi fouvent aux bams
que leur revenu ordinaire n'y pourrait
pas fuffire , ii cela étoit auffi
cher qu'ailleurs. Mais comme il n'y
a point de prix fixé, & que chacun
donne ce qu'il lui pldit, ils peuvent
en être quittes pour trois ou quatre
"¡près, qui font environ deux fousmais
les Européens doivent donner
davantage. Le remps du bam eii
imite. Les Hommes y vont depuis
le grand matin jufqu'a midi, & le
refte du jour cft pour les femmes.
Les Hommes n'y vont jamais avec
elles , foit qu'ils croient avec les
Anciens , qu'il n'eft pas fain pour
les hommes de fe baigner au même
heu & à la même heure que les
femmes, Ibit que l'honnêteté & la
/ i n - y i,
dire pour la propreté & pour la fante
de tout le monde. Je croi aufli
que c'eft à cela qu'il faut attribuer,
ce que les Orientaux ne font pas fu-
- , garçons,
julqu'à l'âge de fept ou huit
ans tout au plus, qui puiiTcnt aller
aux bains avec leurs meres ou leurs
proches parentes, qui n'ont rien à
j e t s • â t a n t d e m a l ¡ d î ; ; ; ; ; ; ; - ; ¡ ^ , ^
s'ils ne fo T " " " " ™ ^ ' bien moins; paier , à moins q l n n le nie 4
S îl^ft T T ' P^''« P^-r civilité : Eneorcy en -t-il
ne faut ufer HM ^^^^z pour
roit rien au monde de meilleL fi S ce u'l's t .^o " ^ vTd
ron n'y alloit tout au pl"S qu'une jeunefl-^'n^il c o Z e L
foislemois: mais comme les Turcs de ces chofes là ne feroicnt d^
elle qm les incommode beaucoup! j^venai ait.
Cependant comme les Mahometans, Ner puen credunt , mâ aui non
font fort ferupi^eux obfervateurs! dum^reUvamul ^
des preceptes ridicules d'une Religion
aulli mal fondée qu'eft la leur, I On n'attend plus, comme on fai
Î u i r d - r e -trefoisclfez s puifte dire, interefler leur lanté par la cloche fonnepour a llRero mau xi nb"a m, t
f S e n a s f'r'"'""', ¿és quatre lëures X'
t ê n u r l - F l • I matm, & l'on ne les fermequevers
a ce que laLoi leur commande. ! huit heures du foir. Durant^Ltrce
temps
Ji: • v.' ...
f l^j' mn
É l I ' i ^ ' T ' ; : ! ! -
i l 1=
!|ii
y i i j