• I" '
36 VOY AG E au L E V A N T
auiîi à la maniere des Turcs, mais
ils retiennent toujours leur air naturel.
Les Venitiens dont il y avoit très
peu dans le temps que j'y demeurois,
& qui avoient un Grec pour leur
Conlul, etoient aullî habillez comme
les Turcs.
C H A P I T R E VIII.
Départ de S my me, yoyage par terre Konjlaminople.
des brigans. Apres cela on vient
1 encore à une belle & grande plaine,
qui s étend à plus d'une journée de
chemin , c'eft où Alexandre défit
|les armées de Darius, commandées
par fes Généraux. Au bout de cette
plaine & près de la montagne eit
la ville de Magnefie, que ceux du
pais appellent Manajfia. C'eft une
grande & agréable ville , dans laquelle
& aux environs, il etoitmort
PEndant que j'attendois à Smyrne
une occaiion pour m'en aller
par terre à Conftantinople,
j'eus le bonheur de rencontrer un
Hollandois & deux François , qui
s'y tenoient aulli dans le même
deiTein. Il arriva encore que deux
Turcs de diftinftion , dont l'un
étoit un Aga, & l'autre le Soubachi,
c'eft à dire le Baillif de Smyrne
, fe préparèrent à faire le même
voyage , ce qui nous obligea
de leur aller demander leur proteftion.
Depart de
i>myrne.
Le 4. de Décembre nous
partîmes de Smyrne fur le foir faifant
tous enfembic une aflêz
groflè compagnie, parce que ces
deux Turcs menoient avec eux un
grand nombre de ferviteurs. Apres
deux heures démarché, nous
nous trouvâmes à un Bourg nommé
Barnaba- Barnabachi , ou nous allâmes def-
^ i, t-tvjlt lliui L
i t l t e precedent plus de trente mille
Fedii.
Jakatfwie
cendre au logis d'un Turc, comme
c'eft la coutume fur cette route où
les Turcs font fort hofpitaliers. Ils
reçoivent fort volontiers les Chrétiens
, & les traittent bien, &le
lendemain ils fe contentent d'un
petit prefent qu'on leur fait en partant.
Ce qui a introduit cette coutume
, c'eft que ce chemin eft fort
frequenté des Francs , & que les
Turcs font bien aifes qu'ils aillent
loger chez eux.
. Le lendemain de bon matin nous
nous rcmifmcs en chemin, & nous
paffames par Jakatfwie, bourg fitué
auprès d'une monragne , joignant
laquelle s'etend une agreable plaine.
A une heure de là on rencontre une
fontaine entre les montagnes, autour
de laquelle plufieurs malheureux
ont perdu la vie par la main
1 ^w ixillic
perfonnes de la Pefte, comme nous
1 avons déjà dit. Il „ y a que cette
feule ville dans toute la Turquie,
ou il y ait une maifon à renfermer
les fous; auflî y mene-t-on tous
ceux qui ont l'efprit blcifé, ce quia
donne heu à ce proverbe. liJ. Uui
, " ^ianaffia, quand on parle de
, quelcun qui n'a pas la tête bien tim-
, bree.
Au midi de cette ville il y a une
haute montagne fur laquelle eft un
Chateau qui paroit fort ancien II
eft marqué dans la planche fuivante
21. à la lettre A. Trois ceintures
de murailles environnent la
montagne, dont il n'y a que laplus
baife qui eft a peu près à moitié
chemin , qui l'environne entièrement,
& pour les deux autres, elles
ne le font qu'en partie.
A main gauche au pied de la
montagne on a une vue très at^réable
fur le vieux Serrail du Grand
Seigneur, où il tenoit fa Cour avant
qu il l'eut tranfportée à Brufa.
La ville eft raifonnablemcntgrande
& peuplée. Elle a plufieurs belles
Mofquées, & quantité de boutiques
qui lont toutes de bois, comme
dans les autres villes de la
X urquie.
Devant
i ^
f
te -