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 fources  du  Ni l ,  parce  que  nousellimions  
 qu'il  y  avoir  une  auJTi  grande  
 dilFcreiice  entre  les  lieux  qu'ils  décrivent  
 qu'entre  les  noms  qu'ils  leur  
 donnent  ,  que  nous  ne  croïons  pas  
 qui  pufTcnt  convenir  à  une  même  
 cholè.  Nous  penfions  donc  que  
 quent  aux  deux  Auteurs  dont  nous  
 parlons.  Qu'on  apporte  donc  quelque  
 jugement  en  lifant  les  deux  endroits  
 dont  il  s'agit  ,  &  l'on  s'apperccvra  
 facilement  que  ces  deux  
 voiageurs  n'ont  vu  &  n'ont  décrit  
 que  la  même  fource,  &  que  h  petidans  
 ces  deux  defcriptions  nous  avi-  te  différence  qu'il  paroift  y avoir  en  
 ons  non  feulement  ce  que nous  trouvons  
 dans  les  Cartes  de  Ptolomée  
 touchant  la  fource  du  Nil  qui  eft  a  
 l'Occident,  &  le  Lac  qui  eft  du  même  
 côté,  qui  eft  prccifément  ce  cjue  
 le  P.  Pais  décrit:  Mais aufli que  Telles  
 pouvoir  bien  nous  avoir  décrit  
 'autre  l'ource  &  l'autre  Lac qui  font  
 tre  eux  peut  bien  fervir  de  preuve  
 qu'il  n'ont  pas  écrit  de  concert  pour  
 en  fiure  accroire  aux  Lcftciirs,  mais  
 que  bien  loin  de  rendre  li iir  relations  
 fufpefte  ,  elle  ne  peur  fervir  
 qu'a  nous  faire  ajouter  plus  de  foi  
 à  ce qu'ils ont  écrit.  
 Telles  dit  qu'il  a  trouvé  ces  foura  
 l'Orient  >  &  qu'ainli  Ptolomée  :ces  au  milieu  du  Roiaiune  de  Gopouvoit  
 bien  être  juftifié  par  ces!jam;  P.  Pais  les  marque  audi  dans  
 deux  écrivains  contre  tous  ceux  qui  ^ le  même  Roiaume,  &  cela  dans  in  
 lui  contredirent.  i partie  Occidentale.  D'où  nous  pou- 
 Mais  quand  on  regarde  la  chofe  j vons  condurre  que  ce  font  les  mède  
 plus  près,  il paroi tcvidementqi ie|mes  fources  que  Ptolomée  a  décrila  
 contradiftion  app.arcnte  qu'il  y  aires,  &  qu'il  dit  couler  dans  le  Lac  
 entre  ces  deux  Auteurs  ne  vient  que  j Occidental  du  Nil.  Telles  place  ce  
 de  ce  que  le  P.  Telles  nomme  quel-  jRoiaume  à  douze  degrez  au  de là  de  
 ques  lieux  dont  P.  Pais  ne  fait point , la digne Equino£!:aIe,&  tout  de  même  
 quoi  qu'il  marque  pourle  
 Nil  d'cnhaut  traverfe  
 trouvons  dans  les  Cartes  de  
 Ptolomée  qu'a  douze  degrez  au de  là  
 plufieurs  pais  qu'il  nc  nommepoint:  de  la  Ligne  font  les  montagnes de  la  
 auflibien  que  de la méprifc qui eft af-1 Lune  d'où  l'on  dit  que  le  Nil  a  fa  
 fez  ordinaire  dans  la  prononciation  fource  qui  vient  des  eaux  de  Ncides  
 langues  dcspaïsetrangcrs,quieil:|ge.  Comme  aiiifi  le  Roiaume  de  
 caufe  que  ne  les  epellant  pas  bien,  iGojam  eft  marqué  douze  degrez  au  
 on  croit  trouver  une  difference ef-  'de  là  de  la  Ligne  dans  les  Cartesdc  
 fcncielle  où  il  n'y  en  a  point  effeiti-|VilIcher  ,  quoi  qu'on  n'en  voye  
 vemenr.  Quand  les  Nations  étrangères  
 ,  comme  les  gens  du  Levant  
 ou  même  les  Européens,  par  cxemq 
 "  
 rien  dans  cellesdeSanfon.  
 Ces  fources  font  felon  P.  Pais  
 dans  la  Province  de  Sahala  queTclple  
 les  Efpagnols,  les  Italiens  ou les | les  appelle  Sahakala:  mais  il  eft  ai- 
 François  veulent  ecrire  un  mot  Allemand  
 fur  la  fimple  prononciation  
 qu'ils  en  ont  ouie  ,  combien  ne  le  
 déguifent-ils pas.^ Il en eft de même  de  
 nous  à  l'égard  des  Orientaux  &  des  
 autres  peuples.  Il  m'eft  fouvent  arrivé  
 qu'aptes  avoir  oui  prononcer  
 quelques  mots  aux  gens  du  Levant,  
 &  que  je  croiois  avoir  parfaitement  
 fé  de  voir  que  l'un  ou  l'autre  l'a  mal  
 epellé  ,  ou  que  P.  Pais  l'a  mis  par  
 abbreviation  ,  ce  qui  eft  un  ufage  
 fi  commun  que  cela  nc  doit  faire  
 aucune  peine.  
 à. Ces  deux  Auteurs  remarquent  
 que  dans  le  lieu  où  font  ces  fources  
 il  y  a  plufieurs  arbres  ;  Car  
 Telles  dit  que  le  champ  eft  plein  
 bien  entendus  &  retenus  dans  ma  de  petits  arbres  ,  &  Pais  remarque  
 memoire,  lors  que  je  lesvouloisdire  '  '  "  . . . . . .  
 devant  les  perfonnes  qui  entendoienrbien  
 la langue,  jetrouvoisque  
 je m'y  étoistrompé,  & qu'en  les  prononçant  
 devant  eux  je  les  faifois pâmer  
 de  rire.  Ce  qui m'eft arrivé  peut  
 arriver  à tous les autres,  &parconicque  
 dans  la  fource  qu'ils  fonda,  la  
 pieque  dont  il  fe  fervoit  s'arreftaentre  
 les  racines  des  arbres.  
 Telles  décrit  ces  fources  comme  
 aiant  été  trouvées  dans  un  champ  
 environné  de  hautes  montagnes  ;  &  
 Pais  nous  les  rcprefente  iiir  le  fommet  
 en  EGYPTE,  
 met  d'une  vallée,  lequel  fommetfait  
 une  efpece  de  plaine  toute  environnée  
 de  montagnes.  Mais  Pais  remarque  
 auffi que  cette  grande  plaine  
 eft  aulTi  fur  une  montagne  qui eft affez  
 acceillble  du  côté  du  Nord  
 (vraifemblablement  parce  qu'on  y  
 defcend  des  montagnes  de  la  î^une)  
 mais  de  très  diiïcile  accez  des  autres  
 cotez.  
 Telles  a  trouvé  ces  fources  dans  
 nn  petit  Lac  large  en  quarté  d'environ  
 S Y R I E ,  &c.  231  
 joindre,  qu'on  appelle  Gema.  Si  
 ce  font  quinze  lieuës  d'Allemagne  
 telles  qu'on  les  compte  fur  les  Cartes  
 un  jet  de  piere  plein  d'arbrifj'eaux  
 dont  les  racines  font  tellement  
 cntre-laeées  les  unes  dans  les  
 autres  qu'en  été  on  peut  aller  deffus. 
   Vrai-femblablement  Telles  les  
 a  vues  dans  une  année  plus  humide  
 &  dans  une  autre  faifon  que  Pais  ,  
 car  quand  ce  dernier  les  vit  l'eau  ne  
 debordoit  point  par  deifus  la fource:  
 Mais  il  remarque  auiTi  que  quand  il  
 fe trouva  là  l'an  1618.  c'eroituneaniiée  
 d'une  grande  fechereiTe,  &  il  
 remarque  encore  expreffement  que  
 le  circuit  de  l'endroit  où  font  les  
 fources  a  la  forme  d'un  petit  Lac  de  
 l'erenduë  d'une  pierre  jettée  avec  la  
 fronde,  deforte  que  dans  une  année  
 humide  ce  n'eft  pas  une  chofe  étonnante  
 que  Telles  ait  trouvé que  l'eau  
 de  ces  fontaines  ne  couloir  pas  loin  
 l'une  de  l'autre,  &  qu'entre  ces  arbres  
 elle  couloir  par  Jeux  chemins  
 vers  l'Orient  &  qu'a  une portée  de  
 moufquet  de  là  elle  fe  tournoit  vers  
 le  Nord.  
 Telles  dit  qu'a  un  demi  mille  on  
 voit  une  grande  quantité  d'eaux  
 qui  font  une  riviere  confiderablc;|  
 Vrai-femblabement  c'cft  l'eau  que:  
 Pais  a  remarqué  qui  fort  de  ces  fon-j  
 raines  au  pied  de  la  montagne  (endroit  
 où  il  ne  femble  pas  que  Telles  
 foir  alléj  &  qui  prenant  fon  cours,  
 forme  une  riviere  qui  félon  l'un  &  
 l'autre  de  ces  auteurs,  recevant  plufieurs  
 petits  ruiiTeaux  dont  Pais  en  
 nomme  trois,  s'accroît  toujours  de  
 plus  en  plus.  
 Qui  eft-ce  qui  n'apperçoit  pas  
 jufqu'ici  une  afTez grande  conformité  
 entre  ces  deux  Auteurs.'  
 A  quinze  lieuës  de  là  Telles  fait  
 voir  que  le  Nil  eft  augmenté  par  
 une  autre  grande  riviere qui .s'y vient  
 marines,  & qui  reviennent  à  vingt  
 lieuès  Francoifes  elles  font  un  Degré  
 ou  une  bonne  journée  de  chemin. 
   Or  conferez  cela  avec  ce  que  
 dit  Pais  qu'aprcs  une  journée  de  
 chemin  le  Nil  fe  joint  à  une  grande  
 riviere  appcllée  fa-Ma  ,  &  il  fera  
 fort  aifé  de  remarquer  qu'il  n'y  a  de  
 la  difference  qu'a  la  manière de  provnonccr  
 ce  nom.  
 D'ici  ces  deux  Auteurs  fuivcnt  le  
 Nil  en  fon  cours  vers  l'Orient,  où  
 aiant  receu  felon  Telles  encore  deux  
 rivieres  fçavoir  Kelri  &  Branti,  il  
 fe  jette  dans  un  grand  Lac  qui  felon  
 Pais  eft  dans  la  Province  appellée  
 Bed  &  qui  depend  en  partie  du  
 , R o i a ume  de  Gojam  &  en  parne  de  
 celui  de  Bambie.  Mais  ici  la  méi  
 prife  de  la  prononciation  fait  cncoi  
 re  un  changement  du  D.  en  B.  car  
 'dans  Thevenot  1.  j .  e.  69.  où  il parle  
 de  l'Ethiopie  ou  Abillinie  ,  nous  
 ne  voions  point  entre  les  Roiaumes  
 ! ou  Provinces  de  ce  grand  Empire  
 de  pais  qui  s'appelle  Bambia,  mais  
 ! bien  Dambia  :  &  • c'eft  conformément  
 à  cela  que  Telles  nous  parle  
 d'un  Lac  de  ce  nom,  c'eft  celui  que  
 \ par  un  petit  changemeet  du  fon  des  
 voielles  il  appel  e  Bar  Dembea  ou  
 ^Mcr  de  Dembea.  
 '  De  ce  Lac  ils  le  fuivent  encore  
 au  Sud  ou  Sud-Eft  ,  où  il  coule  
 par  un  païs  que  Telles  ne  nomme  
 point,  mais  que  Pais  nomme  
 ' Alata  ,  &  ils  remarquent  comment  
 du  côté  d'Orient  il  arrofc  de  fes  
 eaux  le  Roiaume  de  Begamidri  Se  
 Ambata  appelle  par  Telles  Ambara  
 &  Olaca  que  Telles  nomme  Voleka, 
   outre  plufieurs  autres  païs  que  
 Pais  ne  nomme  point  ,  mais  de  
 quelques  uns  defqucls  on  trouve  
 les  noms  dans  Telles,  comme  au  
 contraire  on  en  trouve  d'autres  
 chez  Pais  que  Telles  a  paifez  fous  
 iilence,  jufqu'à ce que l'un & l'autre  le  
 fuivent  encore  auprès  de  Bifanquc  
 Telles  nomme Bifamo,d'où felon  que  
 le  fait  obfcrverPais  ,  il fe  rapproche  
 jufqu'a  une  journée  près,  d'où  enfuite  
 ,  felon  le  témoignage  de  l'un  
 &  
 ni  
 Ì  i