230 VOYAGE au LE VAN T
fources du Ni l , parce que nousellimions
qu'il y avoir une auJTi grande
dilFcreiice entre les lieux qu'ils décrivent
qu'entre les noms qu'ils leur
donnent , que nous ne croïons pas
qui pufTcnt convenir à une même
cholè. Nous penfions donc que
quent aux deux Auteurs dont nous
parlons. Qu'on apporte donc quelque
jugement en lifant les deux endroits
dont il s'agit , & l'on s'apperccvra
facilement que ces deux
voiageurs n'ont vu & n'ont décrit
que la même fource, & que h petidans
ces deux defcriptions nous avi- te différence qu'il paroift y avoir en
ons non feulement ce que nous trouvons
dans les Cartes de Ptolomée
touchant la fource du Nil qui eft a
l'Occident, & le Lac qui eft du même
côté, qui eft prccifément ce cjue
le P. Pais décrit: Mais aufli que Telles
pouvoir bien nous avoir décrit
'autre l'ource & l'autre Lac qui font
tre eux peut bien fervir de preuve
qu'il n'ont pas écrit de concert pour
en fiure accroire aux Lcftciirs, mais
que bien loin de rendre li iir relations
fufpefte , elle ne peur fervir
qu'a nous faire ajouter plus de foi
à ce qu'ils ont écrit.
Telles dit qu'il a trouvé ces foura
l'Orient > & qu'ainli Ptolomée :ces au milieu du Roiaiune de Gopouvoit
bien être juftifié par ces!jam; P. Pais les marque audi dans
deux écrivains contre tous ceux qui ^ le même Roiaume, & cela dans in
lui contredirent. i partie Occidentale. D'où nous pou-
Mais quand on regarde la chofe j vons condurre que ce font les mède
plus près, il paroi tcvidementqi ie|mes fources que Ptolomée a décrila
contradiftion app.arcnte qu'il y aires, & qu'il dit couler dans le Lac
entre ces deux Auteurs ne vient que j Occidental du Nil. Telles place ce
de ce que le P. Telles nomme quel- jRoiaume à douze degrez au de là de
ques lieux dont P. Pais ne fait point , la digne Equino£!:aIe,& tout de même
quoi qu'il marque pourle
Nil d'cnhaut traverfe
trouvons dans les Cartes de
Ptolomée qu'a douze degrez au de là
plufieurs pais qu'il nc nommepoint: de la Ligne font les montagnes de la
auflibien que de la méprifc qui eft af-1 Lune d'où l'on dit que le Nil a fa
fez ordinaire dans la prononciation fource qui vient des eaux de Ncides
langues dcspaïsetrangcrs,quieil:|ge. Comme aiiifi le Roiaume de
caufe que ne les epellant pas bien, iGojam eft marqué douze degrez au
on croit trouver une difference ef- 'de là de la Ligne dans les Cartesdc
fcncielle où il n'y en a point effeiti-|VilIcher , quoi qu'on n'en voye
vemenr. Quand les Nations étrangères
, comme les gens du Levant
ou même les Européens, par cxemq
"
rien dans cellesdeSanfon.
Ces fources font felon P. Pais
dans la Province de Sahala queTclple
les Efpagnols, les Italiens ou les | les appelle Sahakala: mais il eft ai-
François veulent ecrire un mot Allemand
fur la fimple prononciation
qu'ils en ont ouie , combien ne le
déguifent-ils pas.^ Il en eft de même de
nous à l'égard des Orientaux & des
autres peuples. Il m'eft fouvent arrivé
qu'aptes avoir oui prononcer
quelques mots aux gens du Levant,
& que je croiois avoir parfaitement
fé de voir que l'un ou l'autre l'a mal
epellé , ou que P. Pais l'a mis par
abbreviation , ce qui eft un ufage
fi commun que cela nc doit faire
aucune peine.
à. Ces deux Auteurs remarquent
que dans le lieu où font ces fources
il y a plufieurs arbres ; Car
Telles dit que le champ eft plein
bien entendus & retenus dans ma de petits arbres , & Pais remarque
memoire, lors que je lesvouloisdire ' ' " . . . . . .
devant les perfonnes qui entendoienrbien
la langue, jetrouvoisque
je m'y étoistrompé, & qu'en les prononçant
devant eux je les faifois pâmer
de rire. Ce qui m'eft arrivé peut
arriver à tous les autres, &parconicque
dans la fource qu'ils fonda, la
pieque dont il fe fervoit s'arreftaentre
les racines des arbres.
Telles décrit ces fources comme
aiant été trouvées dans un champ
environné de hautes montagnes ; &
Pais nous les rcprefente iiir le fommet
en EGYPTE,
met d'une vallée, lequel fommetfait
une efpece de plaine toute environnée
de montagnes. Mais Pais remarque
auffi que cette grande plaine
eft aulTi fur une montagne qui eft affez
acceillble du côté du Nord
(vraifemblablement parce qu'on y
defcend des montagnes de la î^une)
mais de très diiïcile accez des autres
cotez.
Telles a trouvé ces fources dans
nn petit Lac large en quarté d'environ
S Y R I E , &c. 231
joindre, qu'on appelle Gema. Si
ce font quinze lieuës d'Allemagne
telles qu'on les compte fur les Cartes
un jet de piere plein d'arbrifj'eaux
dont les racines font tellement
cntre-laeées les unes dans les
autres qu'en été on peut aller deffus.
Vrai-femblablement Telles les
a vues dans une année plus humide
& dans une autre faifon que Pais ,
car quand ce dernier les vit l'eau ne
debordoit point par deifus la fource:
Mais il remarque auiTi que quand il
fe trouva là l'an 1618. c'eroituneaniiée
d'une grande fechereiTe, & il
remarque encore expreffement que
le circuit de l'endroit où font les
fources a la forme d'un petit Lac de
l'erenduë d'une pierre jettée avec la
fronde, deforte que dans une année
humide ce n'eft pas une chofe étonnante
que Telles ait trouvé que l'eau
de ces fontaines ne couloir pas loin
l'une de l'autre, & qu'entre ces arbres
elle couloir par Jeux chemins
vers l'Orient & qu'a une portée de
moufquet de là elle fe tournoit vers
le Nord.
Telles dit qu'a un demi mille on
voit une grande quantité d'eaux
qui font une riviere confiderablc;|
Vrai-femblabement c'cft l'eau que:
Pais a remarqué qui fort de ces fon-j
raines au pied de la montagne (endroit
où il ne femble pas que Telles
foir alléj & qui prenant fon cours,
forme une riviere qui félon l'un &
l'autre de ces auteurs, recevant plufieurs
petits ruiiTeaux dont Pais en
nomme trois, s'accroît toujours de
plus en plus.
Qui eft-ce qui n'apperçoit pas
jufqu'ici une afTez grande conformité
entre ces deux Auteurs.'
A quinze lieuës de là Telles fait
voir que le Nil eft augmenté par
une autre grande riviere qui .s'y vient
marines, & qui reviennent à vingt
lieuès Francoifes elles font un Degré
ou une bonne journée de chemin.
Or conferez cela avec ce que
dit Pais qu'aprcs une journée de
chemin le Nil fe joint à une grande
riviere appcllée fa-Ma , & il fera
fort aifé de remarquer qu'il n'y a de
la difference qu'a la manière de provnonccr
ce nom.
D'ici ces deux Auteurs fuivcnt le
Nil en fon cours vers l'Orient, où
aiant receu felon Telles encore deux
rivieres fçavoir Kelri & Branti, il
fe jette dans un grand Lac qui felon
Pais eft dans la Province appellée
Bed & qui depend en partie du
, R o i a ume de Gojam & en parne de
celui de Bambie. Mais ici la méi
prife de la prononciation fait cncoi
re un changement du D. en B. car
'dans Thevenot 1. j . e. 69. où il parle
de l'Ethiopie ou Abillinie , nous
ne voions point entre les Roiaumes
! ou Provinces de ce grand Empire
de pais qui s'appelle Bambia, mais
! bien Dambia : & • c'eft conformément
à cela que Telles nous parle
d'un Lac de ce nom, c'eft celui que
\ par un petit changemeet du fon des
voielles il appel e Bar Dembea ou
^Mcr de Dembea.
' De ce Lac ils le fuivent encore
au Sud ou Sud-Eft , où il coule
par un païs que Telles ne nomme
point, mais que Pais nomme
' Alata , & ils remarquent comment
du côté d'Orient il arrofc de fes
eaux le Roiaume de Begamidri Se
Ambata appelle par Telles Ambara
& Olaca que Telles nomme Voleka,
outre plufieurs autres païs que
Pais ne nomme point , mais de
quelques uns defqucls on trouve
les noms dans Telles, comme au
contraire on en trouve d'autres
chez Pais que Telles a paifez fous
iilence, jufqu'à ce que l'un & l'autre le
fuivent encore auprès de Bifanquc
Telles nomme Bifamo,d'où felon que
le fait obfcrverPais , il fe rapproche
jufqu'a une journée près, d'où enfuite
, felon le témoignage de l'un
&
ni
Ì i