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 brailcs  en  terre,  d'où  l'autre  le retire  
 aufli  tôt  avec  un  crochet  de  fer;  
 mais  il  n'eft  pas  fi  tôt  retiré,  que  le  
 premier  le  refrappe  de  laraafllië,  &  
 ils  continuent  toujours  de  mefmc  
 julqu'au  jour  du  jugement.  D'autres  
 diicnt  que  le  coup  qui  fc donne  
 e It  d'une  maiiiië  de  fer  toute  rouge,  
 &  que  le  malheureux  qui  l'a  receu  
 en  cil  enfoncé  en  terre  d'une  telle  
 violence  ,  &  qu'il  y  eft  tellement  
 preffé, que  le  lait  qu'il  a  fuccé  des  
 mammelles  de  fa mere  lui  coule  par  
 une  grande  différence  dans  leurs  
 états,  les  uns  reiplendiflâns  comme  
 le  foleil,  les  autres  comme  la  Lune,  
 &  les  autres  comme les étoiles.  Au  
 contraire  on  enverra  de noirs,  d'affreux  
 &  d'horribles,  qui,  la  langue  
 enflée  &  pendante  hors  de  la  bouche  
 , feront  des  cris & des  hurlemcns  
 eternels.  Ceux-ci  font  les  Calomniateurs  
 ,  les  Ufuriers  ,  &  autres  
 iêmblables.  Mais  ils  fe  donnent  
 bien  de  garde  de  mettre  au  nombre  
 de  ces  dannez  ,  ceux  qui  commet.  
 le  nez.  Mais  s'il  repond  bien,  les  tent  le  péché  contre  nature,  parce  
 deux  Anges  noirs  le  laiilent  auflî'qu'ils  font  fort  addonnez  à  ce  vice,  
 tôt,  &  il  en  vient  en  leur place deux  Us  difent  encore  que  les  Anges  
 .  'H  
 " !  I  
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 ni  
 autres  qui  font  plus  blancs  que  
 la  neige  ,  &  qui  fc  vont  placer  l'un  
 à  ia  tête,  &  l'autre  à  fes pieds pour  
 lui  tenir  compagnie  jufqu'au  jourdu  
 Jugement.  
 Voila  pour  ce  qui  regarde  la fepulture  
 des  Turcs  ,  à  quoi  il  faut  
 un  vifage amiable  à ceux  
 qui  auront  gardé  les  commande- 
 ' mens  de  Dieu.  Et  que  Dieu  aueontraire  
 fe  montrera  fort  irrité  contre  
 les  Empereurs,  les Rois,  & les Princes  
 qui  par  des  voies  injuftes &  violentes  
 fe  feront  rendus  maitres  du  
 Opinion que  nous  ajoutions un  mot  au  fujet  
 bien  d'autrui,  ce  qui  fervira  à  leur  
 touctan^'^"  dernier  Jugement  &  de  la  Re-' condannation.  Qu'il  commandera  
 irSeroier Airreftion.  Ils  croient  qu'il  y  a  au  que  les  hommes  reiTufcitez  foient  
 Jugement, Ciel  un  Ange  qui  tient  une  trom-  - -  •  
 ?  P^'^te  toute  prette  pour  annoncer  la  
 iunett.0D.  monde,  &  qu'au  fon  de  cetmontreront  
 te  trompette  les  hommes  &  les  Anges  
 mourront,  &  qu'il  y  aura  un  fi  
 horrible  tremblement  de  terre,  mêlé  
 avec  le  feu  du  Ciel  ,  que  la  Terre  
 &  les Montagnes  feront  reduites  en  
 cendre.  Et  qu'à  la  fin  l'Ange,  au  
 fon  de  la  trompette  duquel les hommes  
 &  les  Anges  feroient  morts,  
 mourra  auffi lui même  ens'etouffant  
 avec  fes  propres  ailes.  Enfuite  de  
 cela  Dieu  fera  tomber  fur  la  terre  
 durant  l'efpace de  quarante  jours  une  
 douce  pluye  que  les Turcs  &  les  
 Arabes appellent  Surchement,  c'eft à  
 dire  U  pkyé  de  la  mifértcorde,  que  
 cette  pluye  fera  reffufciter les  ames  
 &  les Anges,  &  alors  l'Ange avec fa  
 trompette  fonnera  pour  la  derniere  
 fois,  &  tous  les morts  apparoitront  
 avec  leurs  corps.  Alors  il  y  aura  
 coupez  &  divifez  en  foixante  dix  
 parties  ,  &  qu'ils  foient  interrogez  
 fur  le  bien  &  le  mal  qu'ils  auront  
 fait,  &  que  fi  leur  tête  &  leur  coeur  
 ne  veulent  pas  confeffèr  franchement  
 leurs  pechez  ,  tous  les  autres  
 membres  le  feront  en  prefence  de  
 tout  le  monde.  Qucnfuitc  S.  Michel  
 pefera  les  corps  un  à  un  dans  
 fes  balances  ,  que  les Anges  feront  
 diverfes  troupes,  &  que  les  Chérubins  
 &  les  Séraphins  fe  tiendront  
 des deux  côtez,  conduifant  avec  une  
 agréable  harmonie,  &  au  fon de  
 divers  inftrumens  de  mufique,  les  
 Turcs,  les  Arabes,  les Maures,  les  
 Barbares  ,  les  Chrétiens  ,  &  les  
 Juifs,  en  Paradis  après qu'ils  auront  
 été  jugez  chacun  par  leur  Prophète.  
 Car  c'eft  leur  croiance  qu'on  peut  
 être  fauvé  dans  toutes  fortes de  Re^  
 ligions.  &c.  
 CHAPIcn  
 E G Y P T E .  S Y R I E . & c .  izp  
 C h a p i t r e  XX.  
 Hahillemem  des  Turcs  tant  des Hommes  que des  Femmes,  
 comme  aujji  des  Juifs.  Ton/ure  des  cheveux  &  de  la barbe.  Maniere  de  
 faluer,  côté  bonora.ble.  Belle  taille  des Turcs.  &c.  
 i f ï j i «  
 dJ^Sil-  A  Chrétiens  font  
 le"  ' des XX' " c o n f t a n s  dans  leur  maniere  
 Turcs,  de  s'habiller,  autant  les  Turcs  y  
 taiit  conftans.boniraes  ,  n  i    L'on  nei   fç. ait  ce  
 (|oe  des q i e  c clt  chez  eux  que  de  changer  
 Femmes,  de  mode.  Ce  qui  y  a  été  en  ufage  
 des  les  temps  les  plus  eloignez  
 s'y  pratique  encore  aujourd'hui.  
 AuHl  leur  maniere  de  s'habiller  eft  
 lent  diftinguer  les.  portent  . brochées  
 d'or  &  d'argent.  Un  Feredge, 
   qui  eft  un  vêtement  qui  ne  
 reflèmble  pas  mal  à  nos  Juftaucorps  
 ,  excepté  qu'il  cft  plus  long,  
 ciu'il  va  jufqu'aux  pieds  ,  &  qu'- 
 il  a  les  manches  fort  larges  &  fort  
 longues  ,  eft  etendu  négligemment  
 fur  le  'Boliman  ,  &  leur  fert  de  
 fort  grave,  mâle,  &  agreable  à  la] manteau.  Pour  ce  qui  regarde  la  
 vue,  
 leur  
 Car  
 partie  bailè  du  corps,  elle  n'eft  pas  
 feulement  couverte  du  caleçon  &  
 de  la  chemife  ,  les  hommes  ont  
 encore  par  deflus  un  haut  de  
 chauffes  de  Drap  rouge  qui  leur  
 va  jufqu'aux  talons  ,  &  au  bas  il  
 y  a  des  chauffons  de  cuir  jaune  
 qui  y  font  coufus,  ils  les  appellent  
 Méfiés.  Leurs  Tapouches  font  de  
 la  même  couleur,  &  faites  à  peu  
 près  comme  nos  pantoufles.  Le  
 talon  eft  égal  au  refte de  la  femelle, 
   mais  garni  feulement  d'un  demi  
 cercle  de  fer  de  la  figure  d'un  
 fer  de  cheval.  Ils  ont  fur  la  tête  
 un  bonnet  de  velours  rouge  entortillé  
 d'un  Turban  blanc  ou  rouge,  
 privilege  de  le  porter  verd  
 a  quoi  ne  contribue  pas  peu  
 belle  taille  &  leur  bon  air.  
 on  ne  voit  prefque  point  
 chez  eux  de  boiTus,  de  manchots,  
 d'eftropiez,  ni  de  gens  qui  aient  de  
 tels  autres  défauts.  Ils mettent  d'abord  
 un  caleçon  fur  leur  corps  
 nud,  tant  les  hommes  que  les femmes  
 ,  car  la  maniéré  de  s'habiller  
 des  deux  fexes  eft  à  peu  prés  
 la  même.  Ce  caleçon  n'a  d'ouverture  
 ni  par  devant  ni  par  
 derriere.  Par  deflîis  le  caleçon  
 ils  vêtent  la  chemife  ,  &  fur  
 la  chemife  le  Doliman  ,  qui  eft  
 une  cfpece  de  longue  foutane  qui  j  
 leur  va  jufqu'aux  pieds,  &  qui  a|  
 des  manches  étroites  qui  fe  bon-  i Le  
 tonnent  auprès  de  la main ;  en  été  
 elle  eft  de  toile  ou  de  moullêline  
 n'eft  accordé  
 peuvent  donner  
 qu a  ceux  qui  
 de  bonnes  preulayée, 
   &  en  hyver  elle  eft  de  (atin  ves  qu'ils  font  delcendus  de  Maou  
 de  quelque  autre  etotie,  &  or-  homet.  On  les  appelle  Sherifs  ou  
 dinairement  doublée  de  coton.  Ils  Emirs  comme  qui  diroit  les  
 font  ceints  au  deflus  des  reins  d'a-  ' bles,  &  il  y  en  a  un  grand  nomne  
 echarpe  de  foye  ,  &  quelque  |bre,  parce  que  fi  la  fille  d'un  Emir  
 fois  d'une  couroie  de  cuir  large Te  marie  à  un  Turc  qui  ne  le  foic  
 de  deux  ou  trois  doigts,  garnie  pas,  & qu'elle  enfante  un  mâle,  il  
 d'une  boude  d'or  oil  d'argent,  &  I eft Emir  à  caufe de  fa Mere& il jouit  
 qui  ferme  tous  leurs  habits.  Les ¡de  tous  les  privileges  des  Nobles,  
 femmes  de  qu.alité  &  de  moiens  comme  s'il  en  defcendoit  en  ligne  
 mettent  des  pierreries  fur  cette Imafculine.  Les  femmes  qui  font  
 ceinture,  mais  les  hommes  ne  les ¡de  cette  famille  fe  font  aufll  reportent  
 ordinairement  que  de  foye I connoitre  pour  defcenduës  de  Matoute  
 fimple  ,  &  ceux  que  fe  veu- ! homet  ,  par  un  morceau  d'étoffé  
 R  ver- 
 '^Yl  AU  i f / I  l  
 s  J  
 i ï i W  
 'Sril  'r  
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