128 V O Y A G E au L E V ANT
brailcs en terre, d'où l'autre le retire
aufli tôt avec un crochet de fer;
mais il n'eft pas fi tôt retiré, que le
premier le refrappe de laraafllië, &
ils continuent toujours de mefmc
julqu'au jour du jugement. D'autres
diicnt que le coup qui fc donne
e It d'une maiiiië de fer toute rouge,
& que le malheureux qui l'a receu
en cil enfoncé en terre d'une telle
violence , & qu'il y eft tellement
preffé, que le lait qu'il a fuccé des
mammelles de fa mere lui coule par
une grande différence dans leurs
états, les uns reiplendiflâns comme
le foleil, les autres comme la Lune,
& les autres comme les étoiles. Au
contraire on enverra de noirs, d'affreux
& d'horribles, qui, la langue
enflée & pendante hors de la bouche
, feront des cris & des hurlemcns
eternels. Ceux-ci font les Calomniateurs
, les Ufuriers , & autres
iêmblables. Mais ils fe donnent
bien de garde de mettre au nombre
de ces dannez , ceux qui commet.
le nez. Mais s'il repond bien, les tent le péché contre nature, parce
deux Anges noirs le laiilent auflî'qu'ils font fort addonnez à ce vice,
tôt, & il en vient en leur place deux Us difent encore que les Anges
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ni
autres qui font plus blancs que
la neige , & qui fc vont placer l'un
à ia tête, & l'autre à fes pieds pour
lui tenir compagnie jufqu'au jourdu
Jugement.
Voila pour ce qui regarde la fepulture
des Turcs , à quoi il faut
un vifage amiable à ceux
qui auront gardé les commande-
' mens de Dieu. Et que Dieu aueontraire
fe montrera fort irrité contre
les Empereurs, les Rois, & les Princes
qui par des voies injuftes & violentes
fe feront rendus maitres du
Opinion que nous ajoutions un mot au fujet
bien d'autrui, ce qui fervira à leur
touctan^'^" dernier Jugement & de la Re-' condannation. Qu'il commandera
irSeroier Airreftion. Ils croient qu'il y a au que les hommes reiTufcitez foient
Jugement, Ciel un Ange qui tient une trom- - - •
? P^'^te toute prette pour annoncer la
iunett.0D. monde, & qu'au fon de cetmontreront
te trompette les hommes & les Anges
mourront, & qu'il y aura un fi
horrible tremblement de terre, mêlé
avec le feu du Ciel , que la Terre
& les Montagnes feront reduites en
cendre. Et qu'à la fin l'Ange, au
fon de la trompette duquel les hommes
& les Anges feroient morts,
mourra auffi lui même ens'etouffant
avec fes propres ailes. Enfuite de
cela Dieu fera tomber fur la terre
durant l'efpace de quarante jours une
douce pluye que les Turcs & les
Arabes appellent Surchement, c'eft à
dire U pkyé de la mifértcorde, que
cette pluye fera reffufciter les ames
& les Anges, & alors l'Ange avec fa
trompette fonnera pour la derniere
fois, & tous les morts apparoitront
avec leurs corps. Alors il y aura
coupez & divifez en foixante dix
parties , & qu'ils foient interrogez
fur le bien & le mal qu'ils auront
fait, & que fi leur tête & leur coeur
ne veulent pas confeffèr franchement
leurs pechez , tous les autres
membres le feront en prefence de
tout le monde. Qucnfuitc S. Michel
pefera les corps un à un dans
fes balances , que les Anges feront
diverfes troupes, & que les Chérubins
& les Séraphins fe tiendront
des deux côtez, conduifant avec une
agréable harmonie, & au fon de
divers inftrumens de mufique, les
Turcs, les Arabes, les Maures, les
Barbares , les Chrétiens , & les
Juifs, en Paradis après qu'ils auront
été jugez chacun par leur Prophète.
Car c'eft leur croiance qu'on peut
être fauvé dans toutes fortes de Re^
ligions. &c.
CHAPIcn
E G Y P T E . S Y R I E . & c . izp
C h a p i t r e XX.
Hahillemem des Turcs tant des Hommes que des Femmes,
comme aujji des Juifs. Ton/ure des cheveux & de la barbe. Maniere de
faluer, côté bonora.ble. Belle taille des Turcs. &c.
i f ï j i «
dJ^Sil- A Chrétiens font
le" ' des XX' " c o n f t a n s dans leur maniere
Turcs, de s'habiller, autant les Turcs y
taiit conftans.boniraes , n i L'on nei fç. ait ce
(|oe des q i e c clt chez eux que de changer
Femmes, de mode. Ce qui y a été en ufage
des les temps les plus eloignez
s'y pratique encore aujourd'hui.
AuHl leur maniere de s'habiller eft
lent diftinguer les. portent . brochées
d'or & d'argent. Un Feredge,
qui eft un vêtement qui ne
reflèmble pas mal à nos Juftaucorps
, excepté qu'il cft plus long,
ciu'il va jufqu'aux pieds , & qu'-
il a les manches fort larges & fort
longues , eft etendu négligemment
fur le 'Boliman , & leur fert de
fort grave, mâle, & agreable à la] manteau. Pour ce qui regarde la
vue,
leur
Car
partie bailè du corps, elle n'eft pas
feulement couverte du caleçon &
de la chemife , les hommes ont
encore par deflus un haut de
chauffes de Drap rouge qui leur
va jufqu'aux talons , & au bas il
y a des chauffons de cuir jaune
qui y font coufus, ils les appellent
Méfiés. Leurs Tapouches font de
la même couleur, & faites à peu
près comme nos pantoufles. Le
talon eft égal au refte de la femelle,
mais garni feulement d'un demi
cercle de fer de la figure d'un
fer de cheval. Ils ont fur la tête
un bonnet de velours rouge entortillé
d'un Turban blanc ou rouge,
privilege de le porter verd
a quoi ne contribue pas peu
belle taille & leur bon air.
on ne voit prefque point
chez eux de boiTus, de manchots,
d'eftropiez, ni de gens qui aient de
tels autres défauts. Ils mettent d'abord
un caleçon fur leur corps
nud, tant les hommes que les femmes
, car la maniéré de s'habiller
des deux fexes eft à peu prés
la même. Ce caleçon n'a d'ouverture
ni par devant ni par
derriere. Par deflîis le caleçon
ils vêtent la chemife , & fur
la chemife le Doliman , qui eft
une cfpece de longue foutane qui j
leur va jufqu'aux pieds, & qui a|
des manches étroites qui fe bon- i Le
tonnent auprès de la main ; en été
elle eft de toile ou de moullêline
n'eft accordé
peuvent donner
qu a ceux qui
de bonnes preulayée,
& en hyver elle eft de (atin ves qu'ils font delcendus de Maou
de quelque autre etotie, & or- homet. On les appelle Sherifs ou
dinairement doublée de coton. Ils Emirs comme qui diroit les
font ceints au deflus des reins d'a- ' bles, & il y en a un grand nomne
echarpe de foye , & quelque |bre, parce que fi la fille d'un Emir
fois d'une couroie de cuir large Te marie à un Turc qui ne le foic
de deux ou trois doigts, garnie pas, & qu'elle enfante un mâle, il
d'une boude d'or oil d'argent, & I eft Emir à caufe de fa Mere& il jouit
qui ferme tous leurs habits. Les ¡de tous les privileges des Nobles,
femmes de qu.alité & de moiens comme s'il en defcendoit en ligne
mettent des pierreries fur cette Imafculine. Les femmes qui font
ceinture, mais les hommes ne les ¡de cette famille fe font aufll reportent
ordinairement que de foye I connoitre pour defcenduës de Matoute
fimple , & ceux que fe veu- ! homet , par un morceau d'étoffé
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