M
M I
i , d" Y 11 ' 1
m
mffm:
'Defcription de la Ville d'^JIexaniirie & de ce qui eß au%
enVirons.
Colonne
de
-
ne
12.
: que de venir i la defcripde
la ville d'Alexandrie,
j'ai envie de donner au Leiteur celle
de la Colonne de Pompée, qui
p^^^ cft une pièce qui après tant de fie-
" " ' c l c s ecôulez, ne laiffê pas d'etre encore
debout. Cette Colonne qu'on
croit qui a été elevée par Jules Cefar
pour être un monument de la
viftoire qu'il remporta fur Pompée ,
eft à deux cens pas de la ville fur uhautcur
ou fur un coteau. Le
de Juin j'allai accompagné d'un
JanilTaire & d'unDrogueman, voir
cette piece d'Antiquité, & en prendre
le deffcin. Je fis la même chofe
de la ville dans cet endroit là même,
& je l'achevai quelques jours après.
Elle paroift telle qu'on la voit N". S)(î.
Pour ce qui eft de la Colonne,
elle eft fur un Pied-d'cftal quarré
haut de fept ou huit pieds & large
de quatorze à chacune de fes faces.
C e pied-d'eftal eft pofé fur une bafe
quarrée haute d'environ un demi
pied , & large de vingt , faite de
plufieurs pierres maffonnées enfemblc.
huit pieds. Au haut il y a un beait
L-hapiteau proportionné à la groffeur
Le Corps de la Colonne même
n'eft que d'une feule pierre , que
quelques uns croient être de Granit,&
d'autres . que c'eft une efpece de pâte
ou de ciment qui avec le temps a pris
la forme de pierre. Pourmoi jecroi
que c'eft une vraye pierre de taille,
du moins autant que j'ai pû le reconnoitre
par l'épreuve que j'en ai
faite. Et fi cela eft vrai , comme
perfonne prefque n'en doute, il y a
fujet de s'étonner comment on a pu
dreifcr une pierre de cette grandeur;
Car après l'avoir mefurée j'ai trouv
é qu'elle a quatre vingt dix pieds
de haut , & que fa groifeiir eft telle
que fix hommes peuvent à peine
l'embraflèr , ce qui revient felon
k mefure que j'en ai prife, à trente
de la Colonne, mais fait d'une
piece féparée. Pendant que
j'etois occupé à deffiner-la ville,
il vint une Caravane s'arrêter au
lieu où j'etois & y dreifer fes Tentes
, de la manière que cela eft
reprefenté dans la figure. Auili
tôt quelques Arabes commencèrent
à s'en féparer pour aller voir la
Colonne , & regardant en même
temps ce que je faifois (car il n'eft
pas néceflaire de rien faire ici fecretement
, parce que c'eft un lieu
tout ruiné & au fujet duquel les
Turcs n'ont aucune deffiance) l'un Simplicité
de la troupe qui me regardoit &
qui confideroit attentivement mon ¡¡"j'^'^ voiouvrage
, demanda aux autres s'ils ant l'Aucomprenoient
bien ce que je faifois,
& comme tous lui répondoient que quechofc.
non, il leur dit en portant fon doigt,
à fon front , qu'il falloir que je
fudè un homme d'un grand efprits
parce que j'étois occupé à faire
quelques caraiteres par le moien
defquels je pufte découvrir les tréfors
qui étoient cachez fous ces ruines
pour les enlever lors que j'en
trou\»crois une occafion favorable.
Dés que ces Arabes fe furent retirez
je demandai au Drogenian quelle
penfée ils avoient eue de moi , &
quand il me l'eut dit je lui répondis
que j'etois fâché de ce qu'ils
ne s'entendoient pas mieux à deviner.
Un jour ou deux après je deflînai vuëd'une
une vuë de dedans la ville , elle entrée à
repréfente une entrée d'Alexandrie
par à côté , par une brèche d'un
pan de muraille & de quelques Tours
qui font tombées , cela i'e voit N°.
97. on voit de là la pleine Mer
,avec les deux Châteaux qui en gar-
H h dent