. « F I R
î i '
s í í í :!;i
i "If»tii' JI : 'if' i
•si,,«
m'fi
¡mir.,
JS^it
h » Î!
76 VOYAGE au l e v a n t
Sultanes s'en fervent audi, lors que
le Grand Seigneur les veutmenerfur
le Canal de la Mer-Noire, ce qui
ne leur arrive pas fouvent, ou bien
lors qu'elles vont au Serrail de Scudaret
qui eft prefque .vis à vis de cette
Porte.
Autrefois cet endroit portoit le
nom à'Acropolis , ou Pointe de la
ville, parce que c'eft i'extremité de
cette langue de Terre fur laquelle
Conftantinoplc eft bâtie, on l'appelle
à prefent la Pointe du Serrail
ou Sarai-Bournu.
Apres qu'on a doublé cette Pointe
du Serrail & paffé une petite Fontaine
où la plus part des vaifleaux
vont faire de l'eau, on approche de
Kiosks deux autres Kiosks ou Pavillons,
de Sultaijqiie Sultan Soliman fit bâtir furie
bord de la Mer, afin de voir plus à
fon aife entrer & fortir fes vaifleaux
de guerre, qui étoient bien plus
nombreux & en meilleur état qu'à
prefent, & pour en donner aufli le
diverciflèment à fes Sultanes.
Le premier de ces Kiosks étoit
pour fes femmes dont il avoit un
grand nombre. 11 eft bien plus
haut que les autres, & il a fon entrée
par dedans le Serrail, fans qu'on
puiflè être vu. Il eft bâti en long
fur des arcades & il a trois belles
chambres, chacune defquelles eft
ornée de plufieurs Coupoles dorées,
& d'une efpece de petites Alcoves,
qui ont leurs Sophas, leurs
Matelas, quarreaux, tapits de pied,
& tout ce qui en depend, dont la
richeflè repond à la magnificence
des Princes Ottomans. Ces Sophas
ou Eftrades font auprès des fenêtres
qui ont des jaloufies, afin que les
Sultanes puiflènt regarder à leur aife
tout ce qui fe paflè dehors, fans
courir rifque qu'on les voye, ce qui
feroit un grand crime pour elles, &
pour ceux qu'on fauroit qui les auroient
vues. Mais les orneraens du
Kiosk des Sultanes n'ont rien que de
bourgeois en comparaifon de la grande
Salle de l'autre. On ne peut rien
imaginer au monde de plus propre.
Le marbre, les Colonnes, les jets
d'eau artificiels, les riches tapifleries,
les galeries qui regnent tout autour,
la belle vue qu'on a de tous les côtez,
& les baluftres dorez & cifelez,
en font un Palais enchanté.
On trouve quelque fois l'occaflon
d y entrer , pourvu qu'on prenne
bien le temps qu'il n'y a plus que les
gardes , & encore leur, faut-il bien
garnir les mains.
Comme ces Pavillons ne font bâtis
fur le bord de la Mer qu'afin de
prendre le divertiilèment de l'eau,
il y a toujours auprès de ce Kiosk
cinq ou fix petites Galères , quelques
grandes Caïques , & autres
barques legeres , toutes prêtes à
prendre le Grand Seigneur & fa fuite,
quand il veut s'aller divertir fur
le Canal. Ces galeres & ces barques
font fort proprement dorées & peintes
par tout, même les rames, les avirons,
& les crocs le font depuis un
bout jufqu'a l'autre, pour contribuer
de leur côté au divertiflèment
que le grand Seigneur va fouvent
prendre fur le Bofphore, quand il
fe trouve à Conftantinople.
Lors qu'on a paflg ces Kiosks, les
murailles qui ferment le Serrail commencent
à fe feparer de celle de. la
ville , & montant jufqu'au près de
l'Eglife de S. Sophie, où eft la Porte
de ce Palais, elles defcendentenfuite
vers la Propontide au deiTus du
Kiosk du Boftangi-Bachy.
CHAPIcn
E G Y P T E , SYRIE, ôcc. 77
C H A P I T R E X I I .
Trahie de pelques particularités^ concernant la Religion des
Turcs.
COmme ce n'eft qu'avec beau- crû devoir donner cet avertiflèment,
coup de r^enue & très rare- parce que je ne veux avancer ici
ment que les Turcs veulent s'en-1 comme de moi même , que ce donc
tretenir avec ceux qu'ils appellent!j'ai une connoifl-ance certaine.'
Infidcles, des chofes qui regardent I Qu^oi qu'au refte parmi ce que je
: .''Jh 'I
£ •„
leur Religion, il eft très difficile de"
s'en inftruire à fonds par eux mêmes
, à moins qu'on ne leur donne
l'efperance de fe vouloir faire
Mujuiman (c'eft ainfi qu'ils appellent
leurs fidelles.) C'eft donc principalement
par leurs livres qu'on
3cut parvenir à la connoiilànce de
eurs myfteres, quand on eft aifez
heureux pour les recouvrer, ce qui
cft très difiîcile. D'autre côté tous
ceux qui voiagent ne font pas inftruits
dans la Langue des Turcs,
& ainfi il faut qu'ils ignorent les
chofes qui font écrites en cette
Langue. Comme donc je l'ignorois
aufli, je n'ai pû m'en inftruire
que très fuperficiellement, par
les Mufulmans ; de forte que je n'entreprendrai
pas d'informer ici le
Lefteur par ma propre experience,
de ce qu'il y a de plus eflenciel
dans la Religion de Mahomet. Cependant
comme je ne doute pas
qu'il ne foit bien aife de trouver
ici quelque chofe qui regarde la
Religion des Turcs , & les principaux
points de leur creance ; &
que j'ai remarqué qu'il y a quelques
auteurs qui ont pénétré aflTez avant
dans ces Myfteres, & entre autres
M'. Ricaut Secretaire de Monfieur
Winchelfey AmbaflTadeur d'Angleterre
à la Porte , & les S'. Thevenot
& Grelot j je me perfuade que
le Leiteur ne fera pas fâché que
j'emprunte ici quelque chofe de ce
que ces M',, ont mis en lumiere &
que je prenne d'eux pour l'inftruftion
de ceux qui liront cette Hiftoire,
ce que je ne pourrois tirer
de mon propre fonds. Au refte j'ai
rapporterai de ces Meflîeurs, il y
ait plufieurs chofes où j'ai été confirmé
dans mes voiages, 'par l'inftruilion
que j'en ai prife en divers
endroits.
Depuis que Mahomet II. eut pris
la vile de Conftantinople, & qu'il
eut fait fon entrée dans l'Eglife de
S. Sophie , le Temple que les Empereurs
Chrétiens avoient dédié à
a SageflTe Eternelle du Fils de Dieu,
n'a plus fervi à la celebration des
divins Myfteres de la Religion
Chrétienne, & depuis le 2p. Mai
14^3. que la Domination des Grecs
fut renverfée par ce funefte malheur,
on n'a plus exercé dans cette
Eglife d'autre culte Religieux que
le Namas, c'eft à dire la Priere ordinaire
des Mahometans. Mais
comme on peut confiderer ce Namas
à trois égards, favoir, ou par
rapport à celui qui prie , ou par
rapport au Prochain, ou bien enfin
par rapport à Dieu j ils diftinguenc
aufli eatre ce qu'un bon Mujuiman
doit faire avant la priere publique,
pendant qu'il prie, & après qu'il
a prié, afin de s'acquitter dignement
de ce qu'il fe doit à foi même,
de ce qu'il doit à fon Prochain,
& de ce qu'il doit à Dieu conformément
à la Loi.
Les chofes qu'un bon Mufulman
doit faire avant que de prier, fe
rapportent felon eux, à cinq Points.
Le premier, c'eft de croire les Articles
de la foi Mahometanej Le fécond,
d'etre circoncis; Le troifiéme,
de pardonner à fes ennemis;
Le quatrième de crier de deflijs les minarets
pour appeller le monde à la
K 3 Priere
I
i'. .1; '
f i r ! •
I