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ch Ap IT R E xxxm.
Conformité du Tah d'Egypte aux envirom de Damiette,
avec celui àe Hollande. Un uaiffeau ok le feu prend faute dans le Nil.
Deicription de la Mer Morte, & d'un beauhoisqn'ily aentreHamiette
à- cette Mer. Tarticularitez touchant cette ville, naiffance furprenante
d'un Turc nômmê l'Enfant mort.- Hardiefe des faucons en ce
Tais &c.
• Fres que nous eûmes payé le i une efpece d ~ . V /Umî- e valina n.-eva-inu x , r rmfa(is l qi ur i
G n E < 5 Y P T E , S Y R I E , &c . i8i
peage accoutumé qui va a un
demi Ecu pour chaque perfonne,
nous allâmes à la maifon d'un Prêtre
' Grec pour nous remettre un
peu de notre fatigue,en ypaffant le
temps agréablement. Il nous avertit
qu'il y avoit en bas fur la Riviere
une Saïque à l'ancre i qui alloit à
Jaffa , & que trois Religieux qui
vouloient aller à Jcrufalem venoient
de s'y embarquer ce matin même.
J ' a l l a i donc voir la ville en grand
hâte, & je fis mes provifions pour
le chemin : en fuite de quoi étant
defcendu fur la Riviere avec une
petite barque nous arrivâmes à la
Saïque &• nous fîmes marché pour
la voiture avec le Capitaine , &
font blancs par le cou, grifâtres iiir
le dos ) & noirs par tout ailleurs.
Il y en a encore plufieurs autres qui
fe tiennent dans l'eau. J'appris que
le 24. Macs à deux heures après mi- ^^^
d i , dans l'endroit à peu près oii nous fait fauter
étions» le feu avoit prisàunbatteaunn vaifen
faifant cuire du CaiFé , que cc'^'™'
feu avoit pris à la poudre, & qu'il
avoit fait fauter le vaiiTeau avec
foixante dix hommes qu'il y avoit,
dont il n'y en eut que dix qui
echapperent , en fe jettant daiis
l'eau aiTez à temps , & fe fauvant a
terre à la nage. Le premier d'Avril
nous fumes contraints par le grand
demeurer à bord. Le 2.
à. Damiette avec
vent de
nous retournâmes
nous demeurâmes là dans l'efperan- une barque , & nous y vîmes proce
de partir dans un ou deux jours. mener en Ceremonie deux enftins
Le pais paroit ici, tant au dcf- Turcs qui devoient être circoncis,
fus qu'au delTous du Nil, prefquej Le même jour je deflinaide deftout
femblable à celui de Hollan- fus unemaifon, une très belle vue du
de, avec de bons pâturages &quan- pais avec le cours de la Riviere du
tité de vaches qui y paiflTent , ce'Nil,cela eft rcprefentéN". (>().
qui me parut également agreable & ; En fuite je m'en allai avec les
furprenant. La Riviere court avec
rapidité , & à d'un côté du fable
fres, les. Etangs &. les lacs que le
Nil fait par, fes iru^ridafions dans ces
endroits qui. de leur nature font'enfoncez
û;-:.mareca£eux. D'ici l'on
peut , en deux fois vingt quatre
heures , traverfer à Tieria, &,allant
de la à Gaza, venir en peu de temps
ajerufalem : Aufll,aurois-jc tâché
de k.faite; mais comrne l'on,me dit
que dans huit ou dix jours je trouverois
fans-manquer uneoccafion,
& que cependant la fête de Pafques
alloit fe paflcr, - je me flaictai del'efpcrance
de pouvoir encore aller a
Jerullilcm par eau.
Entre Damiete & la mer dont je
Bois. viens de parler , on paife par un
bois fi fertile, fi agreable, & fi divcrtiffant
qu'il faut que j'avouë que
je n'ai jamais nen vu de pareil, &
que je ne croi pas qu'il y ait rien de
plus beau aU monde. J'y trouvai
quantité de gros orangers 5 & citronniers
, de même que diverfes
fortés de figuiers , & entre autres
une qu'on appelle Figuier d'Adam.
Le fruit en ell fort gros & fort long,
de même que les fueilles qui ont
bien une braiTe de long, & environ
deux paumes de large. Il y en a
encore une autre forte du même
nom , dont les fueilles font rondes
& fort epaifles. A ceux de cette
derniere efpece les figues y font attachées
comme une grappe de raifin,
& elles font douces comme du fuqiii
fait par tout un bord relevé à
peu près de la même maniere que
les Dunes à Schevehng. De
trois Religieux dont j'ai parlé, voir Mer
Mare Morto , ou la Mer Morte ,
qui eft à deux milles d'Italie de
l'Orient de Damiette. On lui a doñeé
ce nom à caufe qu'elle eft de tous
tre tôté fçavoir à la droite en ve-;les côtez environnée de la Terre,
nant de Damiete, qui eft le côtéiSc qu'elle n'a point d'iiïïië. Peutde
la Terre, on a , comme j'ai dit,¡être eft-ce une de ces fofles ou de
le plus beau païs qu'on puifle fou- ces étangs dont Strabon parle dans
haitter : On voit plufieurs fortes fon 16. Livre & qu'il dit être fur le
d'oifeaux extraordinaires , comme] chemin de la montagne Cafius, &
des aigles, de certains grands oi- de la Colonne de Pompée à Pelufifeaux
blancs, qui font fort beaux, um ou Damiete. Là, dit-il, efl le
& qui fe tiennent tantôt fur la terre chemin à Telufe & à Gcrra & la
& tantôt dans l'eau : comme aulTi f o f f e appellee Chair ins
tiers See. ils font m è l p z confufémcnt
les uns parmi les autres, U ce m_Ê-.
lange corifus fait pas un effet;
defagreablç a la vue.
Tout le Bois eft partagé en divers
partcrrps à la façon des jardins,
à proportion de ce ,qiie chaque particulier
en poffede , & chacune de
ces portions eft environnée & ièparée
des autres par de,'petits foffez.
' Pour ce qui eft ,de la Mer Mort
e , elle eft extraordinairement poiffonneufe
fournit une efpece de
Kabeliaus comme les nôtres & auffi
grands. Nous en achetâmes un
pour la valeur d'environ huit fous»
& nous le trouvâmes de très bon
goût. Les anguilles qui eft encore
un poiflbn qu'ils ont commun
avec nous, y font aulli en grande
quantité. Nous les aprêtions à la
maniere de nos petites anguilles
que nous faifons frire dans la poile,
& le beurre qui eft fort bon
en ce païs là , quoi qu'il ne foit
pas falé , nous venoit fort à propos.
Les bons religeux les trouvoient
fort à leur goût & les mangeoient
de fi bon apetit qu'on auroit
dit à les voir que c'étoit des
gens de Sardam, qui comme on le
fait font fort frians de ce poiffon.
Les oifeaux que l'on a ici ne le
& eues lont uuui-i-b luhuhu un i"- ce—de—nt 1 point au pr oifl„b n. )' 'y' vis
cre II y en a encore une troifiéme .entre autres pluhcurs 1 ellicans qui
forte qui porte auffi le même nom. nageoient au bord de l'eau , de
Ù' les Gouffres,
L'arbre en eft fort gros, & Icsfiieil-
Ics au contraire petites, mais ferrées
les unes auprès des autres, & tout
à fiiit diflercntes de celles qu'on
voit en Italie. Les cannes de fucre
y croiflent aulTi, & une grande
quantité de ces arbres qui produifent
la CaiTe, j'en vis quelques branches
toutes pleines dés tuiaux dans
lefquels elle eft enfermée.
Les Grenadiers y font en quantité
, mais les palmiers s'y font remarquer
entre tous les autres arbres,
& êiî'fi-grand nombre que ce bois"
en eft rempli.
Outre tous ces arbres on y en voit
plufieurs autres plus petits , comme
des Ccrifiers , Pruniers , Abricomême
que des oyes , & d'autres fortes
d'oifeaux de riviere, en fi grande
quantité qu'on ne les pouvoit
compter.
On y prend aufll pendant l'hiver
beaucoup de Poules de Damiette
comme on les appelle. Elles
font d'une très belle couleur»
car elles ont le cou & l'eftomaeh
comme les Paons, & du refte clles
font pour le moins auffi grofles
que les Faifans.
l'aurois fort fouhaitté d'en acheter,
mais il me fut impoffible d'en
trouver, parce qu'on en avoit pris
fort peu cette année, & encore ce
peu qui n'alloit qu'a environ une
viiiftaine, etoit entre les mains d'un
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