
 
        
         
		L'Auteur  
 e n  E G  Y  P T E , .  S  Y  R  I E .  &c.  ¿05  
 C h a p i t r e  LVIL  
 Voyage  à  la  cMontagne  du  Liban.  
 Ors  que  j'ctois  à  Tripoli  je  
 à  1.1 •  -f Voulus  aiiffi  aller  voir  la  moniiiontagne  
 tagnc  du  Liban  ,  quoi  qu'il  fût  contre  
 le  fennmcnt  de  tout  le  monde  
 que  nous  y  pufllons  aller  dans  la  
 faifon  où  nous  étions.  Cependant  
 je  le  voulus  effayer  ,  &  pour  cet  
 eiFet  je  me  mis  en  chemin  le  12.  
 de  Janvier  ,  accompagné  d'un  de  
 mes  camarades  de  voiage  qui eut  la  
 même  curiolîté  que  moi.  Nous  
 montâmes  à  cheval  à  la  pointe  du  
 jour  ,  &  d'abord  nous  marchâmes  
 aflcz  longtemps  par  une  grande  
 plaine  toute  plantée  d'Oliviers,  
 dont  il  y  a  une  grande  quantité  
 aux  environs  de  Tripoli.  Au  mi- ì  
 lieu  de  ces  arbres  je  vis  les  reftes  I  
 d'un  ancien  moulin  à  huile  nommé !  
 Cabo,  qui,  quoique  fort  ruiné  à  
 prefent,  ne  lailTe  pas  deièrviren-'  
 core  à  la  même  chofe:  Autrefois  
 il  y  eut  là  un  Bourg.  Enfuite  
 ,.nous  paffàmes  le  Bourg  de  Ktftin,  
 '  &  Càfare  Cahel  qui  eft  une  belle  
 &  ancienne  mafure  derriere  laquelle  
 on  voit  la  montagne  couverte  
 de  neige;  on  la  voit  reprefentée  
 N°.  lyj.  
 Apres  cela  on  vient  au  Cloitre  
 jijjjojj  la  Madona  oii  commence  la  montagne. 
   Ce  Couvent  qui  eft  fort  
 grand  eft  bâti  tout  auprès.  Au  
 dciius  il  y  en  a  encore  un  autre  
 nommé  Hantoure  ou  Cloitre  S,  
 Cloître  de  George.  Ils  font  tous  deux  fort  
 S. George, anciens.  Apres  avoir  amfi  marché  
 longtemps  par  un  pais  de  montagnes  
 très  hautes,  mais  très  agréables  
 3-j> nous  vinmes  à  une  certaine  
 eau  qui  redèmble  à  une  petite  
 riviere  où  l'on  a  une'  très  belle  cafcadc  
 ,  dont  les  eaux  en  tombant  
 ne  caufent  qu'un  bruit  fourd,  par- 
 Ce  qu'elle  eft  entre  les  arbres.  
 Nous  defcendimes  de  cheval  auprès  
 . de  ce  ruifleau,  &  nous  y  dé- 
 J.arei,  
 jeûnâmes  ,^enfuite  de  quoi  remontant  
 à  cheval  nous  vinmes  au  bourg  
 de  Larei  où  cft  l'ancien  Cloitre  
 de  Soufa.  Là  aux  environs  les  
 yeux  ont  de  quoi  fe  repaitre  agréablement  
 par  les  belles  vues  qu'on  
 a  de  tous  côtez  entre  les  montagnes  
 ,  tant  par  les  Cafcadcs  que  
 par  divers  autres  objets.  
 Apres  cela  nous  paiTimcs  la  
 Grotte  de  S.  Marte,  &  nous  arrivâmes  
 un  peu  après  midi  à  Cmw-- 
 bin  ou  Stinoba  qui  \"cut  dire  l'ai- Canobim  
 lémblée  des  Religieux.  Cell  un  
 Couvent  fitué  fort  agréablement  
 dans  la  montagne  ,  &  tout  environné  
 d'arbres.  On  voit  par  derrière  
 en  éloignement  la  niontagne  
 du  Liban  avec  les  Neiges  dont  
 elle  eft  toujours  couverte  ,  on  en  
 a  ici  la  figure  N°.  15-4,  On  dit  
 que  ce  Couvent  a  été  bâti  par  
 l'Empereur  Theodofe.  C'eft  ici  
 que  demeure  le  Patriarche  d'An- •  
 tioche  ,  &  fa  Jurifdiftion  s'etend  
 par  tout  ce  pais  &  tout  le  long  
 de  la  côte  fur  tous  les  Chrétiens  
 Maronites.  Celui  qui  étoit  revêtu  
 de  cette  dignité  lors  que  j'y  paffai  
 étoit  une  perfonne  de  mente  
 &  fort  civile  ;  Il  s'appelloit  Stephanus  
 Tétras,  &  parloit  fort  bien  
 Italien  ,  parce  qu'il  avoit  étudié  
 quatorze  ans  à  Rome.  Il  nous  
 encouragea  à  achever  le  vovage  que  
 nous  avions  entrepris  ,  &  nous  
 dit  que  s'il  ne  neigeoit  point  la  
 nuit  prochaine  ,  nous  arriverions  
 aflèurément  le  lendemain  aux  
 Cedres.  
 Le  lendemain  donc  de  fort  bon  
 matin  comme  par  bonheur  il  n'ctoit  
 point  tombé  de  neige  ,  nous  
 montâmes  à  cheval  &  nous  
 paflàmes  le  bourg  de  Brottfa  quip^.g^j-,  
 eft  ainfi  appelle  à  caufe  de  la  
 quantité  d'amandiers  qu'il  y  a,  
 CL  q  .  '  car  
 M  Ml  
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