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 ^  .  .  Ephre . Deâkatoîre.  - 
 porrees :  J'efpere,  Moníeigneur, que Vous  voudrez  
 bien  permetire  que  je  vous  te'moigne  ici  
 combien  je  fuis  fenfible  à  cet  honneur,  que  
 je  prenne  même  la  liberté  de  vous dire, que  cela  
 n'a  pas  peu  augmenté  le  deftr  que  j'avois  de  me  
 l^eparer  bien  tôt,  fous  la  benedidion  du  Ciel,  
 a  entreprendre  un  fécond  Voyage.  C'eft aiiffi  
 dans  cette  même  vue  qu'ayant  à  remettre  mon  
 ouvrage  fous  la  preffe,  &  à  en  procurer  une  
 Edition  Franeoiie,  j ay  erù être obligé  d'errfaire  
 hommage  à  votre  Altefle  Sereniffime,  &  de  la  
 mettre, à fes  pieds  avec  toute  la  Scumiffion  dont  
 je  fuis capable.  J'ofe me promettre,  Monfeigneur,  
 que  Votre Alteiîe Sereniilîmé me pardonnera  cette  
 liberté,  qui  eft  un  effet de l'admiration  où je fuis  
 des  lumièresd'efprit,  &dë  la noble curiofité  que  
 j'ay  remarquéesen  votre Altefle Scrcniffimerdans  
 le peu  de temps que  j'ay eul'honneur de  l'entretenir. 
   Et  afin,  Monfeigneur,  de  ne  vous  point  
 importuner  par  une  trop  longue  Epître,  je  me  
 contenteray  de  joindre  aux  voeux  ardens  que  je  
 fai pour l'accroiffement de votre grandeur,  les affeurances  
 du profond refpcd avec lequel jefuis  
 M O N S E I G I S I E U R  
 2)e niotre  zAhefe  Semijümt  
 Le  tm-humbk &" tres»  
 obeifSant  Serviteur  
 C ,  DE  BRUYN.  
 P R E - '  
 P  R  E F  A  C  E,  
 ^Utant  qu'il  y  a  de  difference  entre  les  inclinations  des  
 perfonnes  qui  voyagent,  autant  y  en  a-t-il  dans  les  remarques  
 qu'ils  font,  &  dans  la  maniéré  dont  ils  les  écriv 
 e n t ,  quand  l'envie  leur  prend  d'en  faire  part  au  public.  
 C ' c f t  de  cette  diverfité  d' incHnations,  &  de  ce  different  tour  
 d'efprit  que  nous  font  venues  tant  de  Relations  de  Voyages  
 1  fi  différentes  les  unes  des  autres  ,  qu'on  croiroit  que  ce  ne  font  
 pas  des  defcriptions  d'un  même  pais.  Et  quoique  cela  femble  fort  étrang 
 e  à  ceux  qui  n'ont  pas  été  fur  les  lieux  ,  il  ne  faut  pas  pourtant  
 s'en  étonner.  Car  pendant  que  l'Efprit  d'un  Voyageur  s'occupe  tantôt  
 dans  un  endroit  &  tantôt  dans  l'autre  ,  à  confiderer  une  chofe  avec  
 application  ,  à  peine  lui  refte-t-il  du  temps  pour  prendre  garde  au  
 refte  ,  qui  peut-être  a  fait  la  principale  occupation  d'un  autre  Voyageur. 
   Ce  que  nous  venons  de  dire  en  general  ,  fe  voit  particulièrement  
 dans  les V o y a g e s  au  Levant .  Il  y  en  a  plufieurs  Relat ions  comme  tout  le  
 monde  fçaic  ,  &  toutes  écrites  par  d'habiles  gens  ,  cependant  on  ne  
 laiiTe  pas  d'y  remarquer  la  même  diverfité.  Ce  qui,  après  tout,  n'eif  
 pas  ,  à  le  bien  prendre  ,  un  défaut,  &  qui  même  eft  d'une  grande  
 utilité  ,  fur  tout  pour  ceux  qui  voyagent  aujourd'hui  ,  qui  ne  feront  
 pas  mal  de  fe  fervir  du  travail  de  ceux  qui  ont  voyagé  avant  
 eux  ,  &  qui  ont  vû  &  décrit  les  lieux  où  les  autres  veulent  aller.  
 Pour  mon  particulier  ,  je  ne  ferai  pas  diliculté  d'avouer  que  je  m'en  
 fuis  fort  bien  trouvé  ,  ayant  toujours  porté  avec  moi  les  Voyages  
 des  Sieurs  de  la  Vallé  &•  Thevenot  ,  &  m'en  étant  toujours  fervi'  
 utilement  dans  les  lieux  oii  j'ëtois.  J'ai  fait  la  même  chofede  lacompilation  
 qu'a  faite  le  D'.  Olphert  Dapper  de  diverfes  Defcriptions,  
 lors  que  j'ai  pù  recouvrer  ce  ivre.  Cela  m'étoit  d'un  fort  grand  fecours  
 5  non  feulement  pour-  fçavoir  ce  qu'il  y  avoir  de  curieux  à  voir  
 dans  chaque  endroit  où  je  me  trouvois  ,  mais  cela  me  fervoit  auflî  
 beaucoup  à  drelTer  mes  mémoires,  &  à  faire  des  abrégez  de  mes  remarques  
 ,  parce  que  je  m'en  tenois  à  ce  que  je  voyois  dans  ces  livres  
 ,  quand  je  le  trouvois  conforme  à  ce  que  la  vue  m'en  avoit  
 apris.  Mais  comme  cela  m'épargnoit  bien  du  temps,  dont  j'avois  bef 
 o in  pour  faire  mes  deiTeins  ,  cela  a  été  caufe  d'ailleurs  que  je  n'ai  
 p u  eviter  quelquefois  d'ecrire  &  de  parler  comme  les  Auteurs  que  j e  
 confultois.  Au  fonds  ,  cela  eft  il  de  grande  importance  Et  n'eft-ce  
 pas  mieux  fait  de  s'en  tenir  à  ce  qu'on  trouve  de  bien  dit  chez  les  
 autres  ,  que  d'affefter  par  un  changement  d'exprcflions  &  par  un  
 nouveau  tour  ,  de  donner  à  ce  que  nous  écrivons  un  air  de  prod 
 u û i o n  propre.  Pour  moi  je  fuis  de  cet  avis  ,  &  je  n'aurai  jamais  
 honte  d'avouer  que  dans  plufieurs  endroits  de  mon  ouvrage  
 j'ai  emprunté  diverfes  expreflions  des  auteurs  que  je  viensde  nommer.  
 C ' c f t  ainfi  encore  que  dans  la  defcription  de  Conftantinopie  ,  j'ai  
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 II!  ^  
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