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 3 4 8  V O Y A G E  
 quoi  que  peut-être  fous  la  proteftion  
 de  quelque  puiflant  Empire  ,  tel  
 que  fut  premièrement  celui  des  
 Partlies  ,  &  en  luite  celui  des  Romains  
 ,  qui  leur  ont  fouvent  difputé  
 l'Empire  en  ce  lieu  là.  Cette  
 forme  de  gouvernement  de  ce  
 peuple  ,  ''à  duré  jufqu'au  temps  
 d'Aurelien,  qui  ruina  cette  ville,  &  
 qui  emmena  profonniere  à  Rome  
 Zenobie  femme  d'Odenat.  Et  quoi  
 qu'on  l'appelle  ordinairement  Reine,  
 je  ne  trouve  pourtant  nulle  part  
 que  fon  Mari  ait  jamais  porté  le  
 titre  de  Roi:  c'étoit  feulement  un  
 des  principaux  Citoiens  ,  &  qui  
 avok  un  grand  credit  dans  le  Sénat, 
   (tel  que  l'eurent  vraifemblablement  
 avant  lui  Alilamcnes  &  
 Airanes)  Cet  Odenat  pendant  que  
 les  Romains  avoient  des  affaires  en  
 Europe  ,  s'aggrandit  &  chaifa  les  
 Parthes  par  les  armes  &  par  fon  
 credit  :  Ceux-ci  s'etoient  rendus  
 maitres  de  tout  ce  que  les  Romains  
 polfedoient  au  deçà  de  l'Eufrate,  
 &  avoient  fait  une  irruption  dans  la  
 Syrie  ,  mais  ils  furent  rechaiTez  au  
 de  là  du  fleuve  par  Odenat.  Il  mourut  
 dans  cette expedition  ,  mais  Zenobie  
 fa  femme  qui avoit  un  courage  
 mâle,  deffendit  fon  païs  non  feulement  
 contre  les  ennemis  de  dehors,  
 mais  elle  maintint  auiTi  fon  autorité  
 au  dedans,  en  retenant  le  gouvernement  
 entre  fes  mains.  Apres  cela  
 defirant  de  fecouer  le  joug  des  
 Romains,  elle  fit  egorger  toute  la  
 garnifon  qu'Aurelien  avoit  laiifée  
 dans  ce  lieu  là:  Mais  cet  Empereur  
 y  étant  retourné  avec  toute  fon  armée  
 ;  Il  prit  d'abord  la  ville  ,  &  la  
 ravagea,  fit  paiîèr  tout  le  peuple  au  
 au  fil  de  l'epée,  &  emmena  Zenobie  
 captive  à  Rome.  Ce  fut  là  le  
 dernier  fort  &  la  fin  de  la  gloire  de  
 cette  ville.  
 L a  coutume  qu'on  voit  ici  de  rea 
 u  L E V A N T  
 (monter  dans  leur  genealogie  jufqu'à  
 la  quatrième  &  à  la  cinquième  generation  
 ,  fait  voir  qu'i  s  l'avoieiit  
 en  quelque  maniere  empruntée  des  
 Juifs  qui  étoient  leurs  voifins,  avec  
 ' lefquels  peut-etre  ils  avoient  depuis  
 longtemps  entretenu  un  grand  commerce  
 ,  &  de  qui  plufieurs  d'entre  
 eux  defcendoient  (car  on  dit  que  
 Zenobie  même  étoit  Juive. )  Si  cela  
 n'eft  pas  ,  il  faut  que  ç'ait  été  une  
 coutume  de  tous  les peuples  d'Orient.  
 Ils  commencent  leur  Ere,  c'eft  à  
 dire  leur  maniere  de,compter  leurs  
 années;  depuis  la  mort  d'Alexandre  
 le  Grand  ,  comme  tous  les  Syriens  
 en  general  ,  &  même  les  Chrétiens  
 qui  font  parmi  eux,  fuiventlamême  
 coutume  jufqu'à prefent.  Mais  quoi  
 qu'ils  ecnvent  leur  Date  en  carafteres  
 Gres  ,  ils  ne  lailTent  pas  d'en  
 tranfpofer  les  lettres,  &  de  mettre  
 la  derniere  devant,  lifant  de  la  droite  
 à  la  gauche.  Par  exemple  N Y  
 lignifie  ici  4.5-0.  La  troifieme  lettre 4.  
 eft  mife  à  mon  avis  pour  marquer  le  
 jour  du  mois  fçavoir  le  dernier  
 Xandicus,  qui  repond  à notre  Avril.  
 C e  nom  de  mois,  &  les  autres  qui  
 fe  trouvent  dans  les  anciennes  Infcriptions  
 ,  viennent  des  Macédoniens, 
   avec  très  peu de  changement.  
 Au  rcfte  que  ces  gens  aient  été  Idolâtres  
 ,  cela  paroît  aifez  par  leurs  
 Dieux  Tutelaires  dont  il eft fait  mention  
 ici  &  ailleurs,  de  forte  que  le  
 commerce  qu'ils  ont  eu  avec  les  
 Juifs  ne  les  a  point  amenez  à  la  
 connoiiTance  du  vrai  Dieu,  autrement  
 il  faudroit  dire  qu'ils  s'en  feroient  
 détournez  ou  qu'ils  l'auroient  
 extrêmement  alterée,  &  feroientenfin  
 retombez  dans  l'Idolatrie.  L'autre  
 Colonne  qui  eft  pareille  à  celleci  
 pour  la  hauteur  &  la  groflèur,  z  
 fur  un  de  fes  côtez  l'Infcription  
 fui van te.  
 H  BOTAH  KAI  O  4HM0C  BAFeiX6TN  
 AMHCAMCOT  TOT  lAPIBuAgOTC  KAI  
 MOKIMON  TION  ATTOT  PrCeBeiC  KAI  
 •WAOnATPMAC  TeiMHC  XAPÎN  ,  .  .  
 O n  ne  fçauroit  lire  la  Date  de  
 cette  Infcription  ,  &  même  on  ne  
 fçait  quel  jugement  on  doit  faire  de  
 l'Infcription  entiere.  Car  il  paroît  
 aifez  étrange  qu'on  ait  élevé  une  
 Colonne  à  l'honneur  de  quelqu'un  
 donc  
 rialTa.  
 e n  E G  Y  P  T  E ,  S  Y  R  I E .  & c .  34 9  
 dont  on  y  mette  le  nom  ,  fans  dire  
 le  fujet  qui  Un  a  fait  meriter  cet  
 honneur  ,  à  moins  que  l'on  voulût  
 fuppofcr  que  c'a  éié  la  coutume  de  
 ces  peuples  d'Orient  de  faire  ces  
 vains  eftorts  pour  éternifer  leur  mémoire. 
   On  en  voit  un  exemple  
 dans  ce  que  l'Ecriture  S.  rapporte  
 d'Abfalom  i  Sam.  18;  i 8. &  peut-être  
 aufli  dans  ce  que  fit  Saiil  avant  lui  
 1.  Sam.  15:  12.  O u  peut-être  pourroit 
 on  conjefturer  que  cette  Colonne  
 auroit  été  dreffée  longtemps  
 avant  ce  cemps  là  à  une  autre  occafion  
 ,  &  puis  après  emploiée  à  cet  
 ufage  ;  car  je  tiens  pour  indubitable  
 t]ue  plufieurs  des  infcriptions  que  
 nous  vîmes  étoient  bien  plus  nouvelles  
 que  les  Colonnes  fur  lefquelles  
 elles  étoient  gravées.  
 Quand  nous  eûmes  pafle  cetObelifque  
 d'environ  cent  pas,  nous  vînmes  
 à  un  beau  Portail  fort  large  &  
 fort  haut  ,  qui  pour  la  beauté  de  
 l'ouvrage  ne  le  cedoît  à  pas  une  des  
 chofes  que  nous  avons  décrites  ci  
 deflus.  Je  fouhaitteroîs  qu'il  n'eût  
 point  eu  le  même  fort  que  tout  le  
 refte,  nous  aurions  fans  doute  un  
 beau  morceau  des  anciennes  beautez  
 de  cette  ville.  Ce  Portail  donne  
 l'entrée  dans  une  belle  allée  de  plus  
 d'une  demie-lîeuë  de  long,  oirp38.  
 j'aardes  felon  notre  maniere  de  
 compter  ,  Se  de  quarante  pieds  de  
 large  j  Elle  eft  enfermée  de  deux  
 rangs  de  colonnes  de  marbre  de  
 vingt  fix  pieds  de  haut  Se  
 de  huit  ou  neuf  de  tour.  Il  y  en  
 a  encore  cent  vingt  neuf  d'entiers;  
 mais  quand  on  fupputc  bien  ce  
 qu'il  y  en  doit  avoir  eu  ,  on  trouve  
 que  cela  va  jufqu'a  cinq  cens  
 foixante.  Il  ne  refte  rien  de  la  voûte, 
   6c  il  n'y  a  rien  à  terre que  ce  qui  
 eft  enfeveli  fous  les  ruines  :  Mais  fur  
 la  plus  part  des  colonnes  nous  trouvâmes  
 des  Infcriptions  Grecques  Se  
 d'autres  en  langues  inconuës.  Nous  
 eûmes  aflez  de  temps  pour  en  
 prendre  quelques  unes  ,  mais  qui  
 ne  font  pas  fort  inftru£tives,nimêmc  
 aifées  à  entendre.  Je  vous  les  
 donne  telles  que  je  les  ai  trouvées,  
 fans  y  obferver  d'autre  ordre  que  
 celui  auquel  elles  fe  prefenterent  à  
 lOTAION  ATPHAION  ZgEGIAAN  MOKIMOT  
 TOT  ZeBglAOT  ACGioPOBAIAAOI  
 CTN  A(TiTw  KATeAGONXeC  gtC  OAOFeCIAAA  
 eNOOPOIAN  e^THCAN  APgCANTA  ATTOIC  
 TgIMHC  XAPIN  SANMKio  TOT  H N  i  gTOTC....  
 J e  vous  donne  ,  Monfieur  ,  
 cette  Infcription  comme  la  p^cedente  
 ,  de  la  même  façon  que  je  
 l'ai  trouvée  ,  fans  y  avoir  rien  
 changé  ,  non  pas  même  à  l'égard  
 de  quelques  fautes  qui  y  étoient  î  
 feulement  ,  quand  il  y  avoit  une  
 lettre  effacée,  ou  un  demi  mot  1 Se  
 que  je  pouvois  par  quelque  conjeiture  
 remettre  les  chofes  dans  l'état  
 qu'elles  devoient  être  ,  j'ai  pris  
 la  liberté  de  fuppleer  ce  qui  manquoit. 
   
 Il  fembte  que  les  dernieres  
 ayent  été  elevées  pour  conferver  
 la  memoire  d'une  Ambaflàde  de  
 laquelle  furent  chargées  les  perfohnés  
 de  qui  les  noms  font  fur  les  
 colonnes  ,  &  que  ce  fut  pour  l'établidèment  
 du  commerce  ;  dont  
 la  négociation  reuflit  comme  ils  le  
 fouhaittoient  -,  mais  de  dire  avec  
 q u i ,  c'eft  où  il  faut que  j 'avoue  mon  
 ignorance  ,  jufqu'a  ce  que  j'aye  pu  
 conjeituref  quelle  ville  eft  entendue  
 par  oAOfÉCIAAA.  Je  ne  veux  pas  
 me  repaitre  de  cette  penfée  que  ce  
 foit  Geiia  en  Macedoine,  ou  Olgaffus  
 lieu  dont  parle  Strabon,  &  qu'il  
 dit  être  en  Bithynie  ,  Se  dont  le  
 nom  en  approche  un  peu  plus.  Ces  
 deux  lieux  font  un  peu  trop  loin  de  
 là  ,  Se  la  ville  de  Tadmor  feroit  
 mal  fuppofée  une  »illede  commerce,  
 parce  qu'elle  eft  loin  de  la  Mer  ,  8c  
 qu'elle  n'a  pas  même  l'avantage  d'être  
 auprès d'une  Riviere.  Cependant  
 la  beauté  de  cette  ville  eft  une  
 marque  que  les  richelTes  n'y  ont  pas  
 manqué  ,  Se  leur  Sel  leur  a  toujours  
 été  une  occafion  de  faire  de  grands  
 profits.  Vous  remarquerez  encore  
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