
 
        
         
		en  EGYPTE.  
 Toute  riilc  a  quantité  de  Lentifques  
 ,  mais  principalement  aux  
 environs  du  Bourg  de  Ry.  On  
 me  difoit  que  dans  les  mois  d'Août  
 &  de  Septembre  on  fait  des  trous  
 à  ces  arbres  par  où  le  Maftic  qui  
 ell:  la  gomme  qu'ils produiicnt,  ibrt  
 le  long  de  l'ecorce,  &  s'amaiTe  au  
 pied  en  forme  de  gâteau,  que  des  
 peribnnes  qui  font  là  dans  de  petites  
 huttes  pour  y  prendre  garde,  
 ont  le  foin  de  recueillir & de conferver. 
   Les  habitans  du  pais  fçavent  
 ce  qu'ils  en  doivent  donner par chaque  
 année  au  Grand  Seigneur  ,  &  
 ce  qui  leur  en  refte ils  font  obligez  
 de  le  vendre  à  un  certain  prix  au  
 Fermier  qui  en  a  le parti,  fans qu'il  
 leur  foie permis  de  s'en  défaire  au.  
 rremenr.  Celui  ci  fçait  bieri  puis  
 après  en  négocier  à  fon  proiît.  On  
 fe  fcrt de  ce Maftic  a  pluficurs  chofcs  
 ,  c'eft  une  efpece  de  gomme  
 blanche  &  dont  l'odeur  n'eft  pas  
 defagreable.  Les  Grecs  &  particulièrement  
 les  femmes  en  ufent  beaucoup, 
   fur  tout  à  le mâcher,  &pour  
 l'ordinaire  elles  en  font  iî  infatuées  
 qu'elles  en  ont  continuellement  
 dans  la  bouche,  cela  les  fait  beaucoup  
 cracher  ,  &  elles  s'imaginent  
 que  cela  fert à leur  blanchir  les  dents  
 &  à  leur  rendre  l'haleine  plus  agréable. 
   ^  
 A  fix milles  de  la  ville du  côté  du  
 Echoie N o rd  on  voit  les  rcftes de  l'Echoie  
 d'Homeie d'Homère.  Elle  eft  taillée  dans  le  
 roc  ,  elle  a  fes fiegcs  tout  au  tour.  
 &  au  milieu  un  petit  autel,  le  tout  
 de  pierre  vive.  Les  murailles  &  la  
 -voûte  en  font  rompues,  &  le  reftc  
 fort  gâté  des  injures  de  l'air.  Il  y  
 en  a qui prétendent  quecefoitlelieu  
 ou  eft né  Horaere  &  où  il a  été  en- 
 S Y R I E . & C .  Î69  
 comme  il  T)omi)  vefcovato  ,  ou  l'Evefché, 
   nommé  autrement  la  Madona  
 della  Trave.  La  Capella,  ouh  
 Chapelle,  qui  cft  l'EglIfe  des  Capucins  
 s  La  Madona  delRafario,  
 ou  notre  Dame  du  Rolaire,  nommé  
 autrement  S.  Sebafticn,  c'eib  le  
 souvent  des Jacobins  ou  Freres Préchei; 
 «  ;  S.  Nocolo  qui  eft  l'Eglife  
 des  Socolanti  ou  Cordeliers;  &  S.  
 Antonio  qui  eft  le  couvent  des  lefuites. 
   
 terre.  
 Du  côté  du  Couchant  à  fcpt  milles  
 de  la  ville  il  y  a  un  Cloître  fameux  
 nommé  Nianioni.  Les  gens  
 du  païs  difent  qu'il  a  été  bâti  par  
 Helene.  Par  dehors  il  rclTemble  à  
 un  Fort  revetu  de  pierres  ;  Il  n'a  
 .qu'une  Porte  &  une  petite  Eglife,  
 mais  qui  eft  très  propre  ,  e  le  eft  
 prcfque  toute  de  Porphyre  avec  de  
 fort belles Colonnes.  
 Les  Latins  y  ont  cinq  Eglifes,  
 Au  refte  cette  Ifte  a  toutes  fortes  
 de  vivres  neceflàires  &  entre  autres  
 du  bled  &  de  bons  vins,  mais  qui  
 font  un  peu  gros  ,  &  c'eft  la  feule  
 chofe  que  le  peu  de  liberté qu'il  ont  
 fous  la  Domination  des  Turcs  aie  
 confervée.  
 Les  habitans  y  vivent  en  pleine  
 liberté  en  payant  feulement  leur  tribut  
 tous  les  ans.  
 Il  y  a  là  pluficurs  familles  confiderables  
 dont  quelques  unes  fe  vantent  
 d'etre  líTues  de  la  Maifon  de  
 JuJiiniani.  
 On  y  fait  beaucoup  d'étoffes  de  
 Damas,  de  Satin,  &  d'autres.  
 Les  Femmes  y  font  fort  belles,  
 blanches  ,  &  la  plus  parc  avec  des  ,  
 cheveux  blonds,  ell®  font  enjouées m"  T  
 & ^pleines  d'agrémeAt,  jufques  là Scio.  
 qu'il  faut  que  j'avouë  que  je  n'en  ai  
 trouvé  nulle  part  de  fi  agreables.  
 On  les  voit  toujours  fort  proprement  
 habillées  ,  & coiffées  d'une  
 maniere  qui  a  quelque  chofe  de  galant. 
   Elles  ont  une  coiffure de  toile  
 de  batifte  à  la  quelle  elles  attachent  
 tant  par  devant  que  par  derriere des  
 bouquets  de  plumes  noires,  & où elles  
 laiiTent  pendre  negligement  un  
 ruban  ou  cordon  noir.  J'en  deflinai  
 une  des plus  confidérables,  telle  
 qu'elle  eft  reprefentée  de  l'autre  côté. 
   La  maniere  ordinaire  n'eft  pourtant  
 pas  fi magnifique.  Le  refte  de  
 leur  habillement  ne  me  plut  pas  
 tant  ,  parce  qu'il  empêche  que  leur  
 belle  taille  ne  paroiffe  ,  car  elles  
 portent  un  corps trop court,  &  leurs  
 juppes  font  trop  courtes  aullî  &  
 trop  epaifTes.  Leur  fouliers  font  
 hauts  &  garnis  par  dedans  de  Semelles  
 de  Liege  ;  &  couverts  par  
 defllis  de  velours  ,  ou  de  quelque  
 ctoiFe