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notre vaiflèau contre le rempart ou doit le Capitaine Gafi-lbrahim, &
les rochers , où la Mer étoit dans qui étoit monté de foixante pieces
une fi furieufe agitation que par les
fecouiTes continuelles de notre Saïque
les cordages qui étoient autour
du Cabeilan le firent fortir hors de
fon ecuelle > ce qui caufa une telle
confternation entre nos matelots
que quelques uns faifoient déjà leur
pacquet & couroient fur le haut du
vaideaa croians que nous allions
tous brifcr contre lesfVochers : car
le fracas que le Cabeftan avoit
de Canon & de plus de cinq cens
hommes, il étoit deftiné pour Alexandrie.
Ce Capitaine écoit alors
Amiral de tous les Vaiflbaux Marchands
de Turquie , & porroit le
Pavillon au grand Mât. Il nous
empêcha de ibrtir du Port, parce
qu'il craignoit que nous ne rencontrailions
quelques Corfaircs
Chretiens , & que nous ne leur
donnaflions avis de fon arrivée en
ce lieu.fait en fortant de fa place ne leur Le 12. nous fortimes, du
fie point penfcr autre chofe finon Port fans dcploier nos voiles, mais
que le Vailfeau s'etoit heurté con- l'Amiral envoia fa Chalouppe après
tre ces rochers: mais quelques autres
cordages qui étoient attachez
autour de notre Mât d'Artimon ,
nous en garantirent. Aullî tòt nous
accourfmics tous avec des lanternes,
parce qu'il faifoit fi obfcur que nous
ne pouvions pas nous entre reconnoitre
) d'autant plus que les éclairs
iKiiis éblouiifoient la vue. Nousaniarrames
notre vaiffeau le mieux
que nous,pûmes, vû l'état oii nous
étions. Mais la plus grande difEculté
étoit que de trente hommes
dont notre Saïque étoit montée,
plus delà moitié s'en etoient allez à
terre & n'avoient pu rejoindre notre
Bord à caufe de l'agitation de
nous , avec ordre de ne partir
point avant lui. Nous attachâmes
donc une corde aux rochers fous
le Chateau Anfetmo.
Environ midi nous receûmes la Dep.utde
permiffion de partir , & comme Rhode.'!,
nous avions un bon vent de Nord,
nous primes notre route vers le
Sud, & avec nos feules voiles du
Beaupré nous courumes jufqu'à
vingt trois milles d'Italie du Cap
Lendigo ou Lindo, qui eft la patrie
la mer -, & que par confequent fi prîmes nôtre cours au
j a neceffité nous eût encore pouf-
•Jez plus loin, il nous eût été impoflible
de nous tirer d'affaire.
Jipres que nous etimes pafiî la nuit
en fi grand danger , le vent comvmença
à s'appaifer lors que le So-
.leil fe levoit , & à le tourner au
'j<iord-Oueft. Le 11. nous eûmes
.le vent Nord-Nord-Oucft , & le
-temps aiTez favorable après l'avoir
.longtemps attendu: Car les Grecs
-.»e quittent jamais le port oii ils
-.font, que le vent ne fou tout à fait
t o n , que la mer ne foit tranquille :
Se que le beau temps /le foit reve^
•nu.
Ce fut donc alors que plufieurs
Vaiffeaux partirent pour divers endroits,
mais après midi, lors que
•nous penfions auflî lever l'Ancre,
il entra dans le Port un Vaiffeau
de Conftantinople que comraan
du fameux Chares Lydius
qui fit le Coloffe. Ce Cap ell à
foixante milles de la ville de Rhodes.
Alors l'obfcurité nous permit
de mettre nos voiles, & nous
Sud-SudËft
, afin de paffet ce refte de
chemin & Caca-vD pour n'être pas
aperceus des Corfaires Chrétiens,
la crainte defquels nous avoit empêché
de mettre nos voiles pendant
le jour ; mais quand nous
fûmes quelques milles en mer,
fans pourtant perdre la Terre de"
vue , le vent tourna à l'Oucft,
mais en devenant fi mou que nous
ne ne faifions que flotter doucement
fans prefque changer de
place , cela fi-it caufe. que notre
equippage voiant qu'il n'y avoit
pas moien d'avancer ainfi notre
chemin, & faifant d'allcurs reflexion
fur le danger que nous courions
à caufe des Scampavias, ou
des Galiots qui fe tcnoient aux
environs de là, la refolution fut
prife ^ de retourner à Rhodes oii
nous arrivâmes encore une fois ,