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 en  EGYP  T  E,  S Y R  IE,  &c.  175  
 notre  vaiflèau  contre  le  rempart  ou  doit  le  Capitaine  Gafi-lbrahim,  &  
 les  rochers  ,  où  la  Mer  étoit  dans  qui  étoit  monté  de  foixante  pieces  
 une  fi  furieufe  agitation  que  par  les  
 fecouiTes  continuelles  de  notre  Saïque  
 les  cordages  qui  étoient  autour  
 du  Cabeilan  le  firent  fortir  hors  de  
 fon  ecuelle  >  ce  qui  caufa  une  telle  
 confternation  entre  nos  matelots  
 que  quelques  uns  faifoient  déjà  leur  
 pacquet  &  couroient  fur  le  haut  du  
 vaideaa  croians  que  nous  allions  
 tous  brifcr  contre  lesfVochers :  car  
 le  fracas  que  le  Cabeftan  avoit  
 de  Canon  &  de  plus  de  cinq  cens  
 hommes,  il  étoit  deftiné  pour  Alexandrie. 
   Ce  Capitaine  écoit  alors  
 Amiral  de  tous  les  Vaiflbaux  Marchands  
 de  Turquie  ,  &  porroit  le  
 Pavillon  au  grand  Mât.  Il  nous  
 empêcha  de  ibrtir  du  Port,  parce  
 qu'il  craignoit  que  nous  ne  rencontrailions  
 quelques  Corfaircs  
 Chretiens  ,  &  que  nous  ne  leur  
 donnaflions  avis  de  fon  arrivée  en  
 ce  lieu.fait  en  fortant  de  fa  place  ne  leur    Le  12.  nous  fortimes,  du  
 fie  point  penfcr  autre  chofe  finon  Port  fans  dcploier  nos voiles,  mais  
 que  le  Vailfeau  s'etoit  heurté  con-  l'Amiral  envoia  fa Chalouppe  après  
 tre  ces  rochers:  mais  quelques  autres  
 cordages  qui  étoient  attachez  
 autour  de  notre  Mât  d'Artimon  ,  
 nous  en  garantirent.  Aullî  tòt  nous  
 accourfmics  tous  avec  des  lanternes,  
 parce  qu'il  faifoit  fi  obfcur  que  nous  
 ne  pouvions  pas  nous  entre  reconnoitre  
 )  d'autant  plus  que  les  éclairs  
 iKiiis  éblouiifoient  la  vue.  Nousaniarrames  
 notre  vaiffeau  le  mieux  
 que  nous,pûmes,  vû  l'état  oii  nous  
 étions.  Mais  la  plus  grande  difEculté  
 étoit  que  de  trente  hommes  
 dont  notre  Saïque  étoit  montée,  
 plus  delà  moitié s'en  etoient  allez  à  
 terre  &  n'avoient  pu  rejoindre  notre  
 Bord  à  caufe  de  l'agitation  de  
 nous  ,  avec  ordre  de  ne  partir  
 point  avant  lui.  Nous  attachâmes  
 donc  une  corde  aux  rochers  fous  
 le  Chateau  Anfetmo.  
 Environ  midi  nous  receûmes  la  Dep.utde  
 permiffion  de  partir  ,  &  comme Rhode.'!,  
 nous  avions  un  bon  vent  de  Nord,  
 nous  primes  notre  route  vers  le  
 Sud,  &  avec  nos  feules  voiles  du  
 Beaupré  nous  courumes  jufqu'à  
 vingt  trois  milles  d'Italie  du  Cap  
 Lendigo  ou  Lindo,  qui  eft  la  patrie  
 la  mer  -,  &  que  par  confequent  fi  prîmes  nôtre  cours  au  
 j a  neceffité  nous  eût  encore  pouf- 
 •Jez  plus  loin,  il  nous  eût  été  impoflible  
 de  nous  tirer  d'affaire.  
 Jipres  que  nous  etimes  pafiî  la  nuit  
 en  fi  grand  danger ,  le  vent  comvmença  
 à  s'appaifer  lors  que  le  So- 
 .leil  fe  levoit  ,  &  à  le  tourner  au  
 'j<iord-Oueft.  Le  11.  nous  eûmes  
 .le  vent  Nord-Nord-Oucft  ,  &  le  
 -temps  aiTez  favorable  après  l'avoir  
 .longtemps  attendu:  Car  les  Grecs  
 -.»e  quittent  jamais  le  port  oii  ils  
 -.font,  que  le  vent  ne  fou  tout  à fait  
 t o n ,  que  la mer  ne  foit  tranquille :  
 Se  que  le  beau  temps  /le  foit  reve^  
 •nu.  
 Ce  fut  donc  alors  que  plufieurs  
 Vaiffeaux  partirent  pour  divers  endroits, 
   mais  après  midi,  lors  que  
 •nous  penfions  auflî  lever  l'Ancre,  
 il  entra  dans  le  Port  un  Vaiffeau  
 de  Conftantinople  que  comraan  
 du  fameux  Chares  Lydius  
 qui  fit  le  Coloffe.  Ce  Cap  ell  à  
 foixante  milles  de  la  ville  de  Rhodes. 
   Alors  l'obfcurité  nous  permit  
 de  mettre  nos  voiles,  &  nous  
 Sud-SudËft  
 ,  afin  de  paffet  ce  refte  de  
 chemin  &  Caca-vD pour  n'être  pas  
 aperceus  des  Corfaires  Chrétiens,  
 la  crainte  defquels  nous  avoit  empêché  
 de  mettre  nos  voiles  pendant  
 le  jour  ;  mais  quand  nous  
 fûmes  quelques  milles  en  mer,  
 fans  pourtant  perdre  la  Terre  de"  
 vue  ,  le  vent  tourna  à  l'Oucft,  
 mais  en  devenant  fi mou  que  nous  
 ne  ne  faifions  que  flotter  doucement  
 fans  prefque  changer  de  
 place  ,  cela  fi-it  caufe.  que  notre  
 equippage  voiant  qu'il  n'y  avoit  
 pas  moien  d'avancer  ainfi  notre  
 chemin,  &  faifant  d'allcurs  reflexion  
 fur  le  danger  que  nous  courions  
 à  caufe  des  Scampavias,  ou  
 des  Galiots  qui  fe  tcnoient  aux  
 environs  de  là,  la  refolution  fut  
 prife ^ de  retourner  à  Rhodes  oii  
 nous  arrivâmes  encore  une  fois  ,