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 tenir  quoi  qu'ils  promiflent  de  
 grandes  rccompenfes  à  ceux  qui  
 leur  procureroient  cette  fatilïaâi- 
 L'eau  de  cette  fource  cft  fort  
 claire  ,  Icgcrc,  &  agréable  à  boire. 
   Aurefte  il  eft  à  remarquer  que  
 les  deux  ou;'ertures  de  cette  fource  
 qui  font  fur  cette  efplanade  de  
 la  montagne,  n'y  ont  point  d'endroit  
 par  où  elles  le  déchargent,  
 mais  aux  pied  de  la  montagne feulement. 
   Je  fondai  la  profondeur  
 de  ces  fources,  &  aiant  enfoncé  
 dans  la  premiere  une  picque  
 jufqu'a  la  profondeur  d'onze  paumes,, 
  il  me  fembla  qu'elle  rencontroit  
 quelques  racines  d'arbres  cntre 
 lacées  les  unes  dans  les  autres.  
 ,,  La  feconde  fource  eft  éloignée  
 de  la  premiere  d'environ  un  jet  
 de  pierre  ,  du  côté  d'Orient  &  
 lors  que  j'en  voulus  aulll  fonderla  
 profondeur,  après  y  avoir  enfoncé  
 une  picque  de  douze  paumes,  
 je  ne  trouvai  point  de  fond;  enfuite  
 j'en  attachai  deux  bout  à  
 bout,  de  vingt  paumes  de  long,  
 mais  je  ne  pus  encore  trouver  de  
 fond.  Les  habitans  du  lieudifent  
 que  toute  la  montagne  eft  pleine  
 d'eau  ,  ce  qu'ils  prouvent  parce  
 que  toute  la  terre  qui  eft  autour  
 de  ces  fources  tremble  &  fait  du  
 bruit,  ce  qui  eft,  difent-ils,  une  
 marque  qu'il  y a d e  l'eaudefTous.  
 Auffi  eft  ce  la  caufe  qui  fait  que  
 l'eau  ne  fe  décharge  pas  par  en  
 haut  ,  mais  au  pied  de  la  montagne  
 où  elle  fe  précipite  avec  violence. 
   Les  habitans  ,  &  même  
 l'Empereur  qui  étoit  là  avec  toute  
 fon  armée  confirmoient  par  leur  
 témoignage  que  la  terre  n'avoit  
 gueres  tremblé  cette  année à  caufe  
 de  la  grande  fechereflè  qu'il  avoit  
 fait  ,  mais  que  d'autres  années  elle  
 avoit  tellement  tremblé &  grondé  
 qu'à  peine  en  pouvoit-on  approcher  
 fans  danger.  Tout  le  
 circuit  de  cette  place  reiTemble  à  
 un  grand  Lac  de  l'étendue  d'un  
 coup  de  fronde.  Au  deflbus  du  
 fommet  de  cette montagne  demeure  
 le  monde  qui  l'habite,  ils  font  
 à  environ  un  mille  de  la  fource  
 qui  eft  à  l'Occident  ,  &  ils  s'ap- 
 I  pellent  Gtiix.  Au  refte  le  champ  
 ,  où  font  les  fources  du  Nil  eft  
 ,  de  tous  les  cotez  de  très  difficile  
 1 accez  excepté  du  côté  du  Nord,  •  
 ,  qu'on  y  peut  aborder  plus  aifé- 
 ,  ment.  Au  deflbus  de  la  monta- 
 ,  gne  ,  à  l'eloignement  d'environ  
 ,  un  mille  on  voit  fortir  des  en- 
 ,  trailles  de  la  terre  dans  le  fond  
 ,  d'une  profonde  vallée  un  bouillon  
 ,  qui  forme  une  riviere,  qui fe joint  
 ,  peu  de  temps  après  au  Nil.  On  
 ,  croit  qu'elle  a  la  même  fource,  
 j mais  qu'elle  coule  quelque  temps  
 ,  dans  des  Canaux  fous  terre  ,  &  
 ,  qu'elle  ne  commence  à fe  montrer  
 (  qu'en  cet  endroit.  Le  Canal  que  
 ,  forment  ces  fources,  &  qui  coni- 
 ,  mence  au  bas  de  la  montagne  ,  
 ,  prend  fon  cours  vers  l'Orient  à  la  
 >  longueur  d'une  portée  de  mouf- 
 ,  quet,  &  enfuite  il  fe  tourne  vers  
 ,  le  Nord.  A  un  quart  de  lieuë  de  
 ,  là  on  voit  un  autre  petit  ruiflèau  
 > qui  fort  avec  bruit d'entre les pier- 
 ,  res  &  les  rochers,  auquel  à peu  de  
 ,  diftance  de  là  fe  viennent  joindre  
 ,  deux  autres  qui  prciuient  leur  
 ,  cours  vers  l'Orient  ;  C'eft  ainfi  
 j que  le  Nil  s'accroift  peu  à  peu  en  
 ,  recevant  continuellement  de  nou- 
 >  relies  rivieres  qui  y  apportent  
 ,  beaucoup  d'eaux.  A  une  journée  
 ,  de  chemin  il  fe  joint  à  un  grand  
 ,  Canal  nommé  Ja-rnu  ,  qui  en- 
 ,  fuite  fe  tourne  vers  l'Occident,  
 ,  à  vingt  cinq  lieues  de  fa  premie- 
 ,  re  fource.  Alors  il  change  de  
 ,  cours  tirant  vers  l'Orient  &  
 ,  tombe  dans  un  certain  grand  
 ,  Lac  qui  eft  au  pais  appellé  Bed,  
 ,  qui  depend  en  partie  du  Roiau- 
 ,  me  de  Gojam  &  en  partie  de  
 ,  celui  de  Bambie  -,  &  il  s'y  jette  
 ,  avec  tant  de  rapidité  qu'on  di- 
 ,  ftingue  fort  bien  l'eau  du  Nil  
 ,  d'avec  celle  du  Lac  ,  &  tout  le  
 ,  courant  de  ces  deux  eaux  mêlé  
 ,  avec  celle  du  Lac  continue  à  
 ,  couler  enfemble.  Auilî  tôt  qu'il  
 , eft  forti  de  ce  Lac  il  tire  du  cô- 
 ,  té  du  midi  par  diveriës  courbû- 
 ,  res  &  il  arrofe  le  pais  nommé  
 ,  Alata  qui  eft  à  cinq  lieues  de  
 ,  l'embouchure  du  Lac.  Là  paiiànt  
 entre  des  rocher.i  hauts  de  
 q^uae 
 n  E G Y  P T E ,  S Y R I E ,  &c.  
 quatorze  coudées  ,  il  fe  preci- 
 „  pite  en  bas  avec  un  bruit  epou- 
 „  vantable  ,  &  en  élevant  une  
 „  pouflierc  d'eau  qui  paroit  de  loin  
 „  comme  un  brouillard  :  un  peu  
 „  après  il  fe  cache  tellement  entre  
 j,  deux  rochers  qu'à  peine  le  peur- 
 „  on  voir.  Les  pointes  de  ces  
 , ,  deux  rochers  font  fi  proches  l'u-,  
 „  ne  de  l'autre,  que  l'Empereur  en j  
 2 2 9  
 , , d o n t  les  racines  font  tellement  
 „  entrelacées  les  unes  dans  les  au- 
 „  taes,  qu'en  été  l'on  peut  marcher  
 „  dcflùs.  Au  milieu  de  ce  Lac  il  
 „ i l  y  a  deux  fontaines  fort  gran- 
 „  des  &  fort  profondes  ,  qui  
 „  ne  font  pas  fort  éloignées  l'une  
 „  de  l'autre  ,  d'où  il  fort  une  
 ..  eau  fort  dure  ,  qui  coule  
 par  deux  c ,,a e  1 aiiiit,  4u._  i i^u.pv-.^u,  •  hemins  diftc^r e^ ns  au  
 iettint  un  pont  dcffiis  y  eft  fou-!,,  travers  de  ces Arbres du  cote  d  Ownt  
 palTé  avec  fon  armée.  A-;„ricnt,  &  à  une  portee  de  mou- 
 '  p r c s  qu'il  a  arrofé  à  l'Orient  le  „  quet  de  là  te  tourne  vcns  le  
 TRoiaume  de  Begti  »«^OT,  de  j „  Nord.  A  une  demie  hcue  de  
 'Gojam  ,  &  les  autres  qui  font  »ces  fontames  ou  de  ces  (ources  
 „  entre  deux,  comme  Amhar,  Olaca, 
   Xaoa  &  Tiamot,  il  tire  tout  
 d'un  coup  ,  vers  le  Roiaume  de  
 Gojam,  &  après  avoir  arrofé  les  
 Provinces  de  Bifan  &  de  Guman  
 „ o u  voit  une  quantité  d'eau  qm  
 „  fait  une  aftcz grande iiviere qui re_- 
 „  çoit  plufieurs  autres  petits  ruif- 
 „  féaux.  Apres  que  cette  Riviere  a  
 „  coulé  l'efpace  de  quinze  milles  en  
 ca,  il  vient  fi  près  du  Roiaume  „  failiint  plufieurs  tours,  elle  en  rçde  
 Goiam  qu'il  n'éft  plus  qu'à  :  „  çoit  une  autre  plus  grande  appel- 
 =  •  -  '  '  „l é e G iWi î ,  qui  aptes  y  avoir  de- 
 „  chargé  fes  eaux,  y  pert  aufli  foa  
 „  nom.  Un  peu  après  du  côté  
 Branti  &  
 une  journée  de  chemin  de  fa  
 ,  fource  Apres  cela  il  prend  un  
 coule  vers  Fazolo  &  
 ''  Omèa.~ea  qui  eft  un  Roiaume  i „  d'Orient  elle  reçoit  
 "  de  Païens  qu'  Eraz  SeUchnJias  „  Kelti  qui  font  deux  autres  nvie- 
 "  frère  de  l'Empereur  fournit  à  fa I  „  res  ,  &  continuant  plus  loin  fon  
 'JpuiiTanee  par  le  moyen  d'une  ,,  cours  vers  l'Orient  elle  fe  jette  
 ^  Grande  armée  l'an  1Ó13.  Et  par-1 „  dans  le  Lac  des  Abiilins  avelie  
 oe  que  c'etoit  un  Roiaume  dei,.  Bar  'Dembea,  ou  Mer  de  'Dem- 
 „  grande  étendue  &  qui  avoit  été  
 „  jufques  là  inconnu  ,  il  le  nomma  
 „  Aizolam,  c'eft  à  dire  le  nouveau  
 „  monde.  Delà  le  Nil  fe  courbant  
 „  tourne  de  l'Orient  au  Nord,  &  
 „  après  avoir  traverfé  quantité  de  
 „  Provinces  &  de  Roiaumes  de  
 „  grande  etenduë,  il  fe  rend  dans  
 „  l'Egypte  &  va  enfin  décharger  
 • „  fes  eaux  dans la Mer  Mediterranée.  
 „  L'autre  découverte  nous  a  été  
 „  donnée  par  le  T.  Telles  Jefuite  
 „  qui  dit  dans  fon  Hiftoire  d'E- 
 „  thiophie  imprimée  à  Lisbonne,  
 llyadans,,  &  qu'a  fuivie  à  cet  égard  Melton  
 au  chap.  y.  de  fes  voiages,  
 „  bea  ,  lequel  aiant  traverfé  fans  
 „  pourtant  y  confondre  fes  eaux  a- 
 „  vec  celle  de  ce  Lac  ,  elle,  reçoit  
 „  plufieurs  autres  rivieres  confidera- 
 ,,  bles,  &  même  celle  de  Tokoje  au- 
 „  près  d'Egypte.  
 „  Auffi  tôt  que  le  Nil  quieltpro- 
 „  prement  cette  riviere  ,  eft  forti  
 „  du  Lac  de  T>embea  ,  il  fe  tourne  
 „  au  Ssd-Eft  ,  biffant  à  l'Orient  les  
 „  Roiaumes  de  Begamidr  Ambara  
 „  &  Voleka  ,  &  fe  tournant  enfuite  
 „  au  Midi  ,  il  laiflTe au  Sud-Eft  le  
 ,,  Roiaume  de  Sauva,  ,  &  recom- 
 „  çant  à  couler  vers  l'Eft-Nord-Eft,  
 „  il  laide  au  Sud-Eft  Gans,  Gaffa- 
 „  ta,  &  Bizamo,  puis  après  il  tra- 
 „  verfe  les  pais  de  Ganga  &  de  Gaufre  
 S ù f d e " . ,  qu'au  milieu  du  Roiaume  de  
 Occdmi.i-  „  Gojam  qui  eft  a  douze  degrez  de  
 à  Latitude  Meridionale  &  dans  la  
 Îmmeni',,  Province  de  Sakahala  dans  une  
 me  fante,,  plaine  raifoniiablement  grande  &  
 d'imprcffi-  jj^yjg  environnée  de  hautes  mon- 
 K r d : „ t a g n e s i l y  a  un  petit  Lac  large  
 Tradiic-  „  en  quatté  d'environ  un  jet  de  
 „  pierre  ,  plein  de  petits  arbres  
 ,  &  continuant  jufqu'a  celui  
 „  de  Fafcalo  ,  il  vient  au  païs  de  
 „  Funch  ou  dans  la  Nubie,  &delà  
 „  en  Egypte.  
 Nous  avons  affez  long  temps  ete  
 dans  la  pcnfée  que  ces  deux  voiaeeurs  
 avoient  vû  deux  différentes  
 F  f  ,  faur