
 
        
         
		l i l i  li  if  
 1 0 2  V  O  Y  A  G  E  au  
 &  de  chanter  l'Epitrc  :  Apres  quoi  
 fi  le  Diacre  veut  fe  marier,  cela  lui  
 eft permis I  pourvu  qu'il  en  avertifft  
 l'Evcquc  ,  &  qu'il  lui  nomme  la  
 Fille  &  le  lieu  de  fa  demeure,  afin  
 qu'il  fe puiiTe  informer  de fa vie,  de  
 fes  moeurs,  &  de  fa  beauté.  Car  
 la  femme  d'un  Tapas  ou  Prêtre  
 Grec  doit  être  Sage,  charte,  &  belle  
 >  de  forte que  fi  quelqu'une  de  
 ces  qualitez  manque  à  une  fille,  elle  
 ne  doit  pas  pretendre de  devenir  
 Tapadia,  c'eft  à  dire  femme  d'un  
 Tapas.  
 On  s'etonnera  peut-être  de  ce qui  
 vient  d'être  dit,  que  les femmes  des  
 Prêtres  Grecs  doivent  être  belles,  
 &  qu'on  ne  fe  donne  pas  le  même  
 foin  pour  choifir celle  des  Seculicrs.  
 Mais  li  l'on  fait  attention  à  ce  que  
 ces  Prêtres  Grecs  ne  fe  peuvent marier  
 qu'une fois,  au lieu que les autres  
 le  peuvent  faire  plufieurs  fois  ,  on  
 ne  trouvera  pas  qu'un  Papas  ait  
 mauvaife  raifon  de  fe pourvoir  d'une  
 femme  qui  ait  en  elle  feule  autant  
 de  bonnes  qualitez,quetoutescelles  
 qu'un  Seculier  pourroit  epouièr  les  
 unes  après  les  autres.  Aufli  cela  
 leur  rêuffit-il  fouvent  très  bien,  
 puifque  s'il  y  a  quelque  jeune  beauté  
 dans  le  quartier  d'un  Prêtre  qui  
 fonge à  fe marier  ,  chacun  s'emprefi'e  
 de  la  lui donner  ,  &  c'eft fans  
 doute  afin  que  la  beauté  des  femmes  
 Grecques  puiiîè  être  confacrée,  
 fi  non  à  Dieu,  au  moins  à  lès  Miniftres  
 ,  &  que  les  plus  agreabies  
 étant  unies  avec  des  perfonnes  qui  
 font  obligées  d'être  plus  faintes  que  
 les  autres,  on  ne  puillè  pas  dire des  
 autres  femmes  que  l'on  veut  louer,  
 ce  qui  eft  fi  ordinaire  dans  la  bouche  
 des  Grecs  ,  quand  ils  veulent  
 cajoler  une  femme  ,  qu'elle  paiTe  en  
 beauté  &  en  vertu  la  plus  belle  Tapadia  
 ,  pour  dire  qu'il  ne  fe  peut  
 rien  trouver  de  plus  accompli  dans  
 le  monde.  Auili  ces  Papadies  ont  
 elles  outre  leur  beauté  naturelle  une  
 modeftie charmante.  Le voile  blanc  
 qu'elles  portent  fur  la  tête,  la  propreté  
 de  leur  habit,  Se la  firaplicité  
 de  leur  converfetion  ont  des  attraits  
 fi puiffans  ,  qu'on  ne  fçauroit  fe  
 deffendre  de  les  aimer.  
 L E V A N T  
 pour  cela  qu'on  permet  aux  jéunes  
 Papas  de  quitter  ,  pour  quelque  
 temps,  le  fervice  qu'ils  font  dans  
 l'Eglife,  afin  d'aller  faire  l'amour  &  
 de  donner  ordre  à  leur mariage,  qui  
 s'accomplit  felon  la maniéré accoutumée, 
   après quoi  ils  reprennent  leurs  
 fondions  ordinaires  ,  recevant  aurefte  
 le  Saine  i:)iaconaî  ,  qui  leur  
 donne  ie  pouvoir  de  lire  l'Evangile  ,  
 lors  qu'on  célébré  la  Communion-,  
 &  de  fervir  a  l'Autel  conjointement  
 avec  le  Prêtre  ,  jufqu'a  ce  qu'ils  
 foient  en  état  d'être  eux  mêmes  receus  
 Prêtres,  &  de  pouvoir  comme  
 les  autres  celebrcr  l'EuchartJlie.  
 Outre  ces  principaux Miniftres  de  
 l'Eglife  Grecque,  il  y  en  a  encore  
 d'autres  moindres  ,  &  qui  n'ont  
 point  les  Ordres.  Les  premiers  de  
 ceux  ci  font  les  Skeuophflakes  ou  
 Sacriftains  :  leur  charge  eft  d'avoir  
 foin  des  vaiflèaux  facrez &  de  tous  
 les  utenciles  de  l'Eglife.  Les  féconds  
 font  les  Colonarchi  ou  Antiphonaires, 
   qui  font  d'ordinaire  da  
 jeunes  hommes  qui  font  favoir  aux  
 Chantres  quels  font  les Cantiques  &  
 les  Pfaumes  qu'on  doit  chanter  Se  
 fur  quel  ton.  Les  troiiiêmes  font  
 les  Tyroroi  ou  Portiers,  qui  ont  le  
 foin  d'ouvrir  &  de fermer  les  Portes  
 de  l'Eglife;  &  les  derniers  font  les  
 Condilaphti  ,  qui  entretiennent  les  
 luminaires.  
 Pour  ce  qui  regarde l'ordre du'fer-  Service!  
 vice,  il  eft  different felon  les  Cloî-''«''^ê'"«  
 très  &  les  revenus  des  Eglifes.  Dans  
 les  Cloîtres  les  Moines  fe  levent  à  
 Minuit  pour  faire  un  fervice  particulier  
 qu'ils  appellent  MefonuBicon.  
 Ce  fervice  dure  ordinairement  deux  
 heures  ,  mais  quand  il  arrive  une  
 Fête  extraordinaire  ou  quelque  folennitê, 
   foit  qu'elle  foit  d'obligation  
 ou  un  effet  d'une  devotion  particulière  
 ,  ce  MefonuCticon  eft  changé  
 en  HoloniilÎicon  ,  c'eft  à  dire  
 que  le  fervice  dure  pendant  toute  
 la  nuit,  &  c'eft  dans  la  vue  de  fe  
 preparer  par  ces  longues  pricres  à  
 mieux  cc ebrer  la  fête  qui  les  doit  
 fuivre:  mais  les  abus  qui  s'y  font  
 gliiTez  devroient  les  avoir  fait  retrancher  
 il  y  a  long  temps  ,  ou  du  
 C'eft  aufli  moins  on  auroit  dû  les  reformer  ii  
 l'Ee 
 n  E G Y P T E / S Y R I E ,  &c.  
 l'Eglife  Grecque  étoit  pour  
 Pafteurs  vigilans  &  éclaire;  
 vue  de  
 „  lairez.  Car  
 tout  s'y  paiîè  d'ordinaire  avec  tant  
 de  confufion  ,  à  caufe  de  la  grande  
 affluence  du  monde,  &  l'on  y  
 garde  ii  peu  le  refpeft  qui  eft  
 dcu  aux  lieux  faints  ,  qu'on  n'y  
 voit  rien  qui  reifemble  au  fervice  
 divin  ,  à  quoi  ne  contribuent  pas  
 peu  les  paroles  rudes  des  Religieux  
 mêmes,  qui  n'ont  point  honte  de  
 fe  quereller  &  de  faire  êclatter  
 leur  colere  aux  moindres  occafi- 
 "ns.  
 Apres  le  MefonttBicon  l'Oortros  
 1 0 3  
 vont  travailler  jufqu'a  quatre  heures  
 après  midi.  Alors  au  bruit  du  
 Simantirion  qui  leur  fert  de  cloches  
 comme  nous  avons  di t ,  ils  retournent  
 à  l'Eglife  pour  y  faire  le  fervice  
 du  foir  qu'ils  appellent  Efpcrinos. 
   Apres  cela  ils  font  quelque  
 léger  exercice  jufqu'a  fix  heures  
 qu'ils  vont  fouper.  Quand  ils  font  
 hors  de  table ils retournent encore à  
 l'Egliic  pour  y  faire un  fervice  qu'ils  
 appellent  Apodipho  ou  fervice  du  
 foir,  c'eft  ce  que  dans  l'Eglife  Romaine  
 on  nomme  Complies.  Il  fi- 
 -  nit  environ  huit  heures  du  foir,  
 vient  enluitc  ,  c'eft  la  pricre  du i &  lors  qu'il  eft  achevé  chacun  fe  
 point  du  jour  ,  qui  eft  fuivie  de j retire  en  fa  chambre  &  fe  va  controls  
 autres  prières,  comme  Troti  cha  ,  jufqu'au  lendemain  matin  
 «r^  qui  le  fait  à  la  premiere  heu-1 qu'ils  fc  relevcnt.  Ils  n'ont  pas  
 re  du  matin,  Triti  ora,  qui  fe  fait ; grand  peine  à  s'habiller  pour  rea  
 la  troiiieme  heure,  &  .Ê^r/<7™,  j tourner  à  l'Eglife  ,  parccque  c'eft  
 qui  le  fait  à  lix.  Aurefte  quoi  ' leur  coutume,  comme  c'cft  celle  de  
 quon  loit  obligé  de  Tobferver  tou-  ' prefquc  tout  le  monde  en  Orient,  
 jours  ainii  ,  ils  en  oublient  aiTcz  ide  fe coucher  tout  habillêz,  ou  au  
 louvent  une  partie  &  palTent  par  ! moins  à  demi  ,  ne  failant  qu'ôter  
 deiius  excepte  dans  les  grands  leur  habit  de  deft-us.  Car-les  Eu- 
 Jeunes  ,  ou  ils  font  toujours  | ropeens  font  prefque  les  feuls  dans  
 obligez  d'être  plus  exafts.  Il  faut, la Turquie  qui  couchent  entre  deux  
 que  le  Prêtre  ait  fait  tout  cela  a-  | draps.  
 vant  que  le  fervice  qu'il  doit  fai--  Comme  les  Calo^ers  poflèdent  
 re  dans  l'Egife  commence;  c'eft  à  , les  premieres  charges  de  l'Eglife  
 àitc  Liturgie,  &  la  ou  ! Grecque,  les  autres  Prêtres  &  mi- 
 Ji^uchariftie.  Enfuite . vient  i niftres  particuliers  de  chaque  Eglinati, 
   qui  eft  la  priere  de  neuf  heu-; fe  fe  forment  à  leur  exemple  aures  
 ,  après  quoi  vient  Efperinos,  ^tim  qu'ils  peuvent.  Quand  une  
 qui  eft  la  priere  du  foir  ou  vef-  i Eglife  eft  riche  elle  a  pluiieurs  mipres  
 ,  de  forte  que  le  fervice  que  I niftres  ,  &  elle  n'en  a  qu'un,  fi  elles  
 Irêtres  font  obligez  de  faire du-  ^ le  n'en  peut  pas  entretenir  davanre  
 environ  cinq  heures.  , rage.  Mais  foit  que  les Eglifes  foi- 
 Lors  que  la  priere  du  matin  eft i eut  riches  ou  pauvres,  on  fait  tous  
 aehevee  ,  les  Moines  vont  au  re-  • les  jours  dans  chacune  d'elles  une  
 tectoire  ,  ou  pendant  qu'ils  font  à  | Agia  Koinonia  ,  ou  celebration  de  
 table  ,  on  fait  la  leèTiiire :  Et  lors  ' l'Euchanftie,  &:  il  v  en  a  plufieurs  
 que  le  repas  eft  fini  tant  au  foir  1  où  on  la  fait  plus  d'une  fois,  mais  
 nnn  M qu'à  M.irdl,i ,.   lUe   cuifinier  .v.a.   fre.   met- > ^^^^  ^^^  
 tre  à  genoux  à  la  porte,  &  comme  
 s'il  demandoit  la  recompenié  
 de  fa  peine,  ou  le  pardon  de  fes  
 pechez,  il  dit  aux  Caloyers  à  niefure  
 qu'ils  fortent,  Euiogite  Tateres  
 {benijfez  moi  mes  Teres)  &  
 chacun  d'eux  le  faluant  lui  repond  
 O  Theos  Syncorefi  {Dieu  -vous  benife  
 ')  Enfuite  de  quoi  s'étant  tous  
 retirez  dans  leurs  Cellules  ,  ils  y  
 demeurent  ,  s'ils  veulent  ,  ou  s'en  
 .'appellent  A^i/i  Trapeza  c'eft  à  dire  
 la  Sainte  Table.  
 Ainfi  le  Roga  ou  les  appointemens  
 de  vint  ou  trente  écus  que  
 les  Epitropi  c'eft  à  dire  les  Admimltrateurs  
 ou  Marguilliers  de  l'Eglilè  
 donnent  par  an  à  un  Prêtre  
 ne  font  que  pour  ie  fervice  ordinaire  
 , & non pas pour  les meflês ; parce  
 que  dans  les  Eglifes  où  il  y  a  
 plufieurs  Papas  ,  il  s'en  trouve  fouvent  
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