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 Turcs  font  fi  déñans  à  l'égard  de  
 cette  ville  ,  qu'ils  ne  permettent  à  
 aucun  étranger  d'y  mettre  le  pied  ;  
 fi  ce  n'eft  peut-être  lors  que  le Confuí  
 vient  faluer  le  BaiTa  qui  y  vient  
 quelquefois  avec  fes  Galeres.  Les  
 Grecs  même  qui  demeurent  dans  
 rifle  n'oferoient  approcher  des remparts  
 ,  &  fi  l'on  y  en  trouvoit,ils  
 courroient  rifque  d'être  contraints  
 de  fe  faire  Turcs.  
 Autour  de  la  ville  il  y  a  cinq  
 Bourgs  dont  quelques  uns font agréablement  
 fituez  dans  des  endroits  
 bien  plantez  d'arbres.  
 Il  y  a  là  beaucoup  de  foie  ,  auiïï  
 la  plus  part  des  arbres font des meurriers  
 blancs  dont  on  nourrit  les  vers  
 à  foye.  On  en  recueille  tous  les  
 ans  environ  huit  mille  ocques  ,  qui  
 font  environ  vingt  mille livres pefant  
 de  Hollande.  
 Eglifefous  Lors  que  nous  fumes  retournez  
 terre.  de  Famagoiifle  au  bourg  de  Spigliotiifa  
 où  j'avois  choifi  ma  demeure, 
   on  me  mena  voir  uneEglife  
 fous  terre  qui  porte  le  nom  du  
 bourg.  Pour  y  aller  on  defcend  
 vingt  quatre  degrez  qui  font  tous  
 tail  ez  dans  le  Roc  ,  de  même que  
 l'Eglife,  qui  eft  accompagnée  d'un  
 puits  &  d'une  chambre.  J'y  visauili  
 plufieurs  anciennes  peintures,  mais  
 la  plus  part  tout  effacées.  
 Un  peu  après  midi,  nous  nous  
 remîmes  en chemin,  & peu de temps  
 après  nous  pallames  un  petitvillage,  
 &  vinmes  enfuite  à  un  Pont  qui  a  
 onze  arches;  on  l'appelle  Jeftiery  
 de  Trapefe  j  8f  après  avoir  encore  
 paiTé  plufieurs  villages  ,  nous  arri- 
 Cytheria. vîmes  le  foir  au  bourg  Cytheria,  
 ainfi  appellé  peut-être  de  la  DeeiTe  
 de  l'amour.  On  y  voit  aufli  la i^oraiaine  
 de  Venus.  
 Le  lendemain  matin  ,  qui  étoit  
 le  troifiéme  jour  ,  nous  repartîmes  
 de  là  ,  prenant  avec  nous  encore  
 quelques  perfonnes  du  bourg  ,  connues  
 par  tout  aux  environs,  &  c'etoic  
 expreflement  afin  d'aller  voir  
 un  certainMieu  fitué  dans  la  monta- 
 Os pétri-B"®'  os des hommes  
 fiez.  &  des  bétes  qui  fe font  incorporez  
 à  la  roche  ,  qui  s'entretiennent  &  
 qui  fe font  pétrifiez.  
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 Lors  que  j'etois  à  Larnica  ,  le  
 Confuí  m'avoit  fort  recommandé  
 d'aller  voir  ce  lieu  là,  &  comme  je  
 m'etois  imaginé  que  j'y  trouverois  
 quelque  chofe  de  confiderable,  j'avois  
 fair  prendre  avec  nous  des  marteaux  
 &  des  cifeaux.  )'cxecutai  en  
 partie  le  deifem  que  j'avois,  car  je  
 fis  arracher  quelques  uns  de  ces  os  
 de  la  roche.  Le  principal  fut  un os  
 qui  reflèmble  à  celui  du  bras  d'un  
 homme  ,  que  les  Anatomiftesappellent  
 radius.  Il  étoit  tellement  attaché  
 à  la  roche  que nous  travaillâmes  
 bien  deux  heures  avant  que  de  l'en  
 îouvoir  feparer  ,  &  quoique  nous  
 e  filïïons  avec  bien  de  la  precaution  
 ,  pour  tâcher  de  l'avoir  entier,  
 nous  ne  pûmes  empêcher  qu'il  nefe  
 rompît  en  deux,  puree  que  la roche  
 elle  même  fe  fendit,  tellement-  qu'il  
 fallut aulli que l'os fe rompit.  Mais ce  ,  
 que  je  regardois  d'abord  comme  un  
 malheur  ,  fe  trouva  dans  la  fuite  
 être  un  avantage  ,  car  par  le  m-jieii  
 de  cette  rupture  ,  nous  vîmes dans  
 le  dedans  de  cet  os  la  forme  d j  la  
 moelle  fort  bien  marquée.  Je  l'enveloppai  
 fort  foigneufement  dans  
 du  coton  ,  afin de l'emporter  avec  
 moi  ,  comme  je  le  garde  en  effet  
 encore  ,  &  il  eft  reprefenté  ici  N".  
 19^.  tel  qu'il  eft  en  fubftance,  environné  
 de  plufieurs  petites  pierres,  
 &  par  deflbus  ,  de  plufieurs  morceaux  
 d'autres  os  dont  on  voit  encore  
 la  moelle,  &  qui  êroient  tous  
 joints  enfemble  avec  la  roche.  |e  
 trouvai  dans  le  même  endroit  quanitité  
 d'autres  morceaux  quiétoientun  
 peu  cachez  en  terre,  dont  quelques  
 uns  étoient  des  os  d'hommes  ,  &  
 les  autres  de  bêtes  de  diverfes fortes,  
 &  même  des  dents  d'une  grandeur  
 extraordinaire.  
 Tout  autour  de  la  roche  je  vis  
 plufieurs  bouts  de  cierges  appliquez  
 contre  les murailles  ,  d'oujejugeai  
 aufli  tôt  que  cette  place  avoit  été  
 venerée  comme  un  lieu de  devotion,  
 &  l'on  me dît en effet que les Grccs y  
 alloient  quelquefois  faire  leurs  prières, 
  dans la penfée peut-être que  quelques  
 uns  de  leurs  Saints  y  font  enterrez. 
   J'emportai  avec  moi  tout  
 ce  que  j'avois  arraché  de  cette  roche, 
   
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