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lec de huit pièces ) dont les jointures
étoient autrefois fi proprement couvertes
d'un fueillage de Laurier qu'-
on y avoit gravé, qu'elle neparoiifoit
être que d'une feule piece. Aujourd'hui
elle eft renforcée de grof-
Ics bandes de fer qu'on y a mifes
pour empêcher qu'elle ne tombe.
Apres avoir parlé de tous ces mo-
Tombeau nnmcns de l'Antiquité , 'j'ajouterai
(lu Vizir quelque chofe au fujet dutoma
S ' ' beau du Grand Vizir A/aAawi Cuitaili.
peril Bafia pere d'Jchmet Cuperli
Baffa, qui lui a fuccedé dans cette
grande charge. Il efl: dans la grande
rue, & n'eft pas lom de l'Eglife
de S. Sophie. 11 rciTemble à une petite
a u L E V A N T
Sud. Quand c'eft le premier qui
fouffle , il ne peut rien venir de la
Mer Blanche ou de la Propontide,
par ce qu'on n'y peut rien amener
par le Bolphore de Thrace: Maisen
même temps les vaiilèaux qui viennent
Mofquée couverte d'un Dome &
aiant un portail tout ouvert du côté
de la Mer Noire ou Pont Euxin
, & qui paiTent par le Bofphore
de Thrace ont le vent favorable, fie
peuvent ainiî fournir la ville de tout
ce dont elle a befoin. Et au contraire
lors que c'éft le vent du Sud
qui regne, il ne peut rien venir du
Pont Euxin, mais on peut tout amener
de la Propontide , de forte
que ces deux vents peuvent avec raifon
être regardez comme les deux
Clefs de Conflantinople, puifqu'ils
en ouvrent & qu'ils en ferment l'ende
la ruë , fous lequel il eft enter- trée aux vaiflèaux.
Port.
ré. Car environl'an ló/?. ou 1674.
on en ôta la couverture, afin que le
tombeau pût être arrofé de la pluie.
ILn voici la raifon telle que la difcnt
les habitans. Le Grand Seigneur
& fon premier Vizir fils de
celui dont nous parlons, curent un
même fongc en une même nuit. 11
leur fembla que le Vizir deffuntleur
apparoiflbit & qu'il les prioit de lui
donner quelque rafraichiiTement
d'eau, parce qu'il bruloit au lieu où il
etoit couché. Le matin ils s'entreraconterent
avec un pareil ctonnement
ce qui leur etoit arrivé la nuit,
Mais pour revenir à parler du Port ,
la Nature» fans qu'il fût néceilàire
que l'art y ajoutât rien, en a fait le
plus beau Port du monde, même
pour les plus grands vaiflèaux, qui
y ont aiTez de fonds pour approcher
fi près de la Terre qu'il ne faut que
jetter une planche pour y paiTer. Tout
fon circuit eft du moins de fix mille
pas de longueur fur mille de largeur.
& enfuite aiant pris confeil du
ti, celui-ci jugea à propos de faire
ôter la couverture du Portail, afin que
la pluie pût arrofer le Tombeau. Le
dire du commun peuple eli: que ce
Vizir cft puni dans l'autre monde de
la Tyrannie qu'il aexercée en celui-ci
fur leurs bourfes.
Il ne faut pas oublier non plusde
parler ici du Port de cette ville ,
puis qu'il eil digne d'admiration.
Son entrée cil placée entre la Mer
Blanche & la Mer Noire, le Canal
de chacune defquelles eft tellement
oppofe à l'autre, que quand le vent
cmpeche les vaiffeaux de s'avancer
vers la ville par l'un des Canaux, il
eft propre à les y faire aborder par
l'autre Canal. Car il n'y a que deux
vents qui regnent dans cet endroit là,
fçavoir celui du Nord , & celui du
A tourner du Midi au Couchant,
on voit Conftantinople, au Nord on
voit Fidicli & Tophana, & à l'Orient
on a la vue de Scutari. Tout
cela fait à la vue l'objet le plus agrêable
qu'on fe puifle jamais imaginer
: parce que comme tous ces
lieux font difpofez en maniéré d'Amphitheatre,
on les voit tous d'un coup
d'oeil. Le mélange des Cyprès & des
frontiipices des maifons qui font
ceints de diverfes couleurs, & enfin
es Domes & les Minarets des Mofquées
ajoutent encore confiderablemcnt
à la beauté de cette vue. Mais
pour dire aulli les chofes comme elles
font, toute la beauté de Conftantinople
ne confifte qu'à la voir par
dehors & de loin, car lorsqu'on y
eft une fois entré, on y trouve très jj^^jf^^j^
peu de belles chofes, par ce que les
rues en fon fort fales & fort laides
par la negligence des habitans. Elles
font de plus la plufpart étroites,
tortues & inégales, dans un endroit
elles
RuësS
e t i E G Y Í T E,
elles font hautes; & dans un autre
elles font baflès , en un mot elles
font telles qu'on a dé la peine à y
marcher, & pour ce qui eft des maifons
des particuliers , elles ne font
.point du tout belles, & ne font en
grande partie bltics que de bois.
Enfin , pour ce qui regarde la Sal-
Salle ou le oil l'on a autrefois tenu un Con-
™ Co,S- & dont M', de Mox,corns Îm
le, mention dans fon hiftoire du voiage
qu'il fit àConftantinopleen i648.")e
ne l'ai point vue, mais je ne laiflèrai
pas d'en dire quelque chofe, ne
fuft-ce que pour contenter l'envie
de ceux qui fe donneroient peut-etre
la peine de lachercher. CetteSalle,
dit-il , eft auprès des Sept Tours ,
dans la maifon d'un Arménien, ou
l'on voit une petite Eghfe (car autrefois
il y avoit un Cloître) dont
les Turcs ont enlevé fix des principales
Colonnes. Sans doute qu'elle
a autrefois fervi de refeftoire ,
comme on le peutconjeifturerparles
Tables qu'on y voit encore des deux
. côrez le long de la muraille. Sa longueur
eft de quarante pas & fa largeur
de huit. On y voit les portraits
de plufieurs Reclus qui y ont
: mené une viefainte. Ils y font peints
en frefque le long des murailles. Au
deifus il y a une frife où font peints
les Patriarches à demi corps, & au
deiTus encore une autre frife oii eft
repréfentée la vie de la vierge Marie.
La voûte fait un demi Dome, oii
l'on voit reprefenté en Mofaïque la
Pafque que Notre Seigneur fit avec fes
jPifciples, mais au lieu d'un Agneau
il y a un poiflbn dans un plat avec
de l'eau, qui eft au milieu de la Table.
Au bout du côté de la porte
on voit d'un côté le portrait d'un
Empereur Grec , & de l'autre celui
de 'Impératrice. Ils ont chacun une
grande fille auprès d'eux j mais
S Y R I E , &c. 51
entre l'Empereur & ià fille, on en
voit une autre plus petite, comme
de dix à douze ans. L'Empereur a
fur la tête iine couronne fermée femblable
à celle des Archiducs. Elle cft
toute de pierreries avec une eij^ece
de Turban qui y eft entortillé. Sa
robe Impériale lui va jufqu'aux pieds,
& a des manches fort larges au bout
defquelles il y a un bord depierreries
de la largeur d'un demi pied, &quii
fait une efpece de braifelet. Au coude
& au dciFus vers les épaules il y
en a un femblable & de la même largeur.
Au tour du cou il y a un fort
grand collet ou rabat, & fur la poitrine
une large piece à peu près femblable
à ce qu'on voit aux habits de
quelques Ecclefiaftiques. Elle eft d e
la même etofiè que le rabat, & elle
pend jufqu'au bas de la robe. Au
milieu du corps il y a une large ceinture
qui redouble fous le bras gauche.
L'impératrice eft vetuë de même, à
la referve que fes manches font bien
plus étroites. Se qu'elles ferment fur
le bras. Ils ont Pun & l'autre des fouliers
rouges. La petite fille n'a qu'une
courronne de comte fur la tête & elle
a la poitrine couverte d'un Manteau
Ducal pareil à ceux que portoient
les Généraux Romains quand ils étoient
à l'armée; il eft fermé furl'epaule
droite & un peu relevé avec la
main gauche, la droite fort dehors
par l'ouverture. Les deux grandes ,
filles font vetuès comme l'Empereur,
excepté leurs couronnes qui rellêmblent
à la Triple couronne des Papes,
& leurs manches qui font fort longues
pendent jufqu'à terre comme
aux anciennes Reines de France. On
voit auflî en ce lieu un Agiafma ou
Eau confacrée que les Grecs croient
qui a la vertu de guérir toutes fof
tes de maladies.
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