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en E G Y P T E , S Y R I E , &c. 33 ^
aagée , je la vis tomber plufieurs
fois de deiTus Ton mulet, ce qui
obligea les deux autres de la mettre
fur une chaife à porter , qui etoit
pendue au côte d'un cheval, mais
elles s'en aviferent un peu trop tard,
car la derniere chûtc avoit été fi rude
que la pauvre femme en mourut.
Cependant nous continuâmes toujours
à marchcr , & nous vînmes
auprès d'une fontaine oii quoi qu'il
ne fût gueres plus de midi , on fut
d'avis des'arréxr.
Quelque temps après, ces deux
femmes qui etoient demeurées derrière
arrivèrent , & dirent que la
pauvre vieille croit morte de la derjiiere
chute qu'elle avoit faite. Ils
en furent tous fort affligez , & ils
attnbuoient la faute de cet accident,
comme en effet il y avoit bien de
l'apparence , à ce que celui qui l'avoit
en garde n'en avoit paseuafTez
de foin , qu'ainfi il étoit caufe de fa
mort , 6c qu'il en rendoit compte
au jour du Jugement &c. Mais pour
de certaines raifons il fe fit foudain
un grand filence, & on parla d'enterrer
la perfonne qui étoit morte.
Quelques uns eurent ordre de faire
une foife fur une montagne qui étoit
près de là , & cependant on enfevclit
le corps dans un drap , & l'on
fit quelques Ceremonies, parce que
c'étoit une femme Chrétienne du
païs. Quand la foflê fut faite on
porta le corps au haut de la montagne,
on le mit dans la foflè, & on
la recouvrit auffi tôt , en y mettant
une grofle pierre, pour marquequ'"
il y avoit là quelqu'un enterré. J'eus
la curiofité d'affifter à cet enterrement
, quoi qu'il y eût fort peu de
chofe à voir, car on enterra la corps
fans auciirles Ceremonies. C'eft une
chofe trifte à voir que l'incommodité
qu'ont les femmes à voyager
dans ce pais, principalement celles
qui n'ont que peu de chofe à dcpenfer.
Le matin nous continuâmes notre
chemin, & nous arrivâmes environ
midi à un bourg où étoit la demeure
de mon guide; nous nous y arrêtâmes
tous deux jufqu'au foir, auquel
temps nous nous remîmes en
chemin , nous marchâmes jufqu'au
bourg de Kiftin qui eft à douze
heures de chemin de la Riviere Orontes.
La Caravane qui étoit partie
avant nous s'y étoit arrêtée, &
nous l'y allâmes joindre.
Le 12. du même mois nous continuâmes
, & nous vînmes environ
onze heures à une belle Fontaine
qui eft auprès d'un grand bâtiment
où nous nous arrêtâmes un moment
pour nous rafraîchir, & auffi tôt
afin de ne perdre point de temps
nous remontâmes à cheval , parce
que comme on approche d'Alep
KifliD.