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 1 3 0  V O Y A G E  au  L E V A N T  
 le  fulîl,  &  j'en  ai  vû  même  qui  le i bois  rare,  &  elles  ont  au  bout  ufaifoient  
 en  courant  à  cheval.  Mais;ne  pointe  de  fer  quarrée,  ou  méce  
 en  quoi  ils  font  principalement  
 paroitre  leur  adrefle,  c'eft  à  manier  
 la  Zagaie.  C'eft  un  bâton  d'environ  
 quatre  pieds  de  long  ,  de  la  
 groiTeur  d'un  bon  pouce,  rond  par  
 le  bout  de  devant  &  plat  par  celui  
 de  derrière  ,  &  ordinairement  
 de  bouix i voici  comme  on  y  joue.  
 me  platte.  
 Ceux  qui  ne  font  pas  d'une  hu-r,  ,  ,  
 meur  trop  fevere  ,  peuven^  fc  divertir  
 aflez  agréablement  avec  une  
 efpece  de  femmes que  les Turcs  appellent  
 Singis.  Ce  font  des  Danléufes  
 publiques  qui  vont  par  tout  
 où  o ^  v.i^.1,1111, uu  j  juuc.  uu  una   lleess   dueemaanndûee   ,,   &6c   ccee   floonnct   
 On  s'aflèmble  plufieurs  dans  quel-  ordinairement des Juifves , des Arme- 
 qQuuee   oplaine  ou  dans  nqiuleflnqiuiep   oanurtrree^  nipnnr.o  J  T7/-  I  
 lieu  fpacieux  ,  &  un  de  la  troupe  
 court  devant  ;  un  autre  ,  la  2agaïe  
 à  la  main  le  fuit de  toute  fa  
 force.  Celui  qui  va  devant,  à  mefure  
 qu'il  court,  regarde  toujours  
 autour  de  foi,  tant  afin  d'eviter  le  
 coup,  que  pour  tâcher  d'attraper  
 la  Zagaïe,  &  lors  qu'il  la  peut  avoir  
 ,  comme  il  arrive  aiTez  fouvent, 
   le  jeu  change,  &  celui  qui  
 auparavant  fuioit  eft  à  prefent  celui  
 qui  pourfuit.  Cet  exercice  eft  
 rude,  &  n'eft  pas  fans danger;  car  
 fi  le  dos  qui  eft  l'endroit  ou  l'on  
 vife  n'eft  point  frappé  de  la  Zagaïe  
 ,  à  caufe  du  detour  que  l'on  
 fait  de  temps  en  temps  pour  en  
 eviter  le  coup,  c'eft  fouvent  la  tête  
 qui  en  porte  la  peine  ,  &  le  
 coup  ne  fçauroit  qu'il  ne  foit  rude  
 ,  parce  que  celui  qui  jette  la  
 Zagaïe  la  pouffe  de  toute  fa  force  
 le  bout  tourné  pour  frapper  le  
 dos  de  celui  qui  court  dévant,  ce  
 qui  fait  fouvent  une  blefllire  conliderable. 
   Il  n'eft  prefque  pas  
 croyable  combien  ils  peuvent  jetter  
 niennes  ,  ou  bien  des  Efclaves  
 Chrétiennes.  11  y  a  auffi  de  jeunes  
 garçons  Juifs  qui  s'en  mêlent  
 quelque  fois  &  qui  s'habillent  en  
 femmes.  Ces  Singis  font  d'ordinaire  
 fort  agiles,  &  en  danfint  elles  
 jouent  d'une  efpece  de  caftagnettes  
 dont  le  bruit  eft  affez  agréable, 
  Scquivaà  la cadence  desmouvcmens& 
  des poftures de leur corps.  Je  
 me  fuis trouve  fouvent dans des lieux  
 où  l'on  fedonnoitcedivertiifement,  
 &  entre  autres  au  logis  de  Monfieur  
 Coljers  AmbaiTadeur  de  leurs  
 Hautes  PuifTances  à  la Porte  ,  lors  
 qu'il  traittoit l'AmbalTadeur de France  
 ,  ou  celui  de  Venife.  Cela  
 duroit  quelque  fois  jufques  bien  avant  
 dans  la  nuit,  mais  fans  y  mêler  
 de  ces  poftures  lafcives  &  deshonnêtes  
 auxquelles  les Turcs  prennent  
 tant  de  plaifir.  La  gravité  
 n'en  étoit  pourtant  pas  il  grande  
 que  Meffieurs  les  AmbaiTadeurs  
 ne  s'epanouiflènt  la  rattc  de  temp.?  
 en  temps.  Mais  lors  qu'on  laiiTe  
 toute  la  hberté  à  ces Danfeufes,  &  
 . j  r  ^L^  qxju«' on  leur  fidaiiLt  ppajiruoiiLtrrec  qqu' oonn  pprreenndd   
 loin  ce  baton;  &  fi  je  difois  que; plaifir à leur peu de reteniiê, elles font  
 je  lai  vu  faire  jufqu'a  la  longueur jdes  nrouvcmens  les  plus  deshonde  
 trois  à  quatre  cens pieds,  jene|nêtes  qu'on  fe  puiife  imaginer,  car  
 parlerois  point  avec  exaggeration  :, des  leurs  jeuneile  elles  ont  telle  
 mais  il  eft  vrai  auffi  que  tous  ne ; ment  accoutumé  tous  leurs  mem  
 le  font  pas  avec  cette  force  Se  cet  
 te  adreflï.  Qiiand  on  fe  bat  tout  
 de  bon,  l'experience eft  d'un  grand  
 ufage  dans  cet  exercice  ,  &  alors  
 on  fe  fert  aulieu  de  Zagaies  ,  de  
 brcs.  à  tout  ce  qu'elles  veulent,  qu'- 
 elles  leur  font  faire  mille  poftures  
 différentes.  
 Les  Turcs  ,  outre  le  Luth  qui  
 ,  _  eft  rinftrument  à  quoi  ils  fe  piaicertames  
 petites  lances que  les  jeu-i fent  le  plus,  &  q,n  n'eft  comme  E™c  
 nés  hommes  portent  avec  eux  lors  nous  avons  dit  qu'a  trois  cordes  
 qu'ils  voiagent  ,  ils  en  ont  ordì-  &  d'une  harmonie  fort  mediocre  
 ont  encore  plufieurs  autres  inftrumens; 
   Ils  fe  fervent  auffi de  la flûnairement  
 trois  qu'ils  mettent  l'u  
 ne  fur  l'autre  à  côté  de  leur  cheval. 
   Ces  petites  lances font  d'ebeinc  
 ou  de  quelque  autre  forte  de  
 te  de  Pan  ,  de  la  C  
 Tambour  de  Bafque  à  
 mbale  ou  
 maniere  
 des  
 en  EGY P T E ,  SYRIE,  &c.  „7  
 neft  pa,  encore  allée  chez  eux  jVqu  
 a  ce  point  là,  '  
 i'"  '  Sl'îiH  
 i  Liiiïii  
 Mais  pour  ces  beaux  Inftrumens  
 que  nous  avons  dans  la  Chrétienté, 
   ils  n'en  ont  pas  feulement  
 G  H  A  p  I  T  R  E  XXIII.  
 "Bel ordre pour h  yivres.  Trecamiom  contre les meurtres  
 re,  c'eft  d'entretenir  ufbon  „„  or uiuri  
 t e  Lx  ^heV  l' - f a n t  avec  
 en  toutes  chofes;  &  ceux  qui  ne'  v o ^ i " ,  1 '^  
 en  toutes  chofes;  &  ceux  qui  pe  
 chent  contre  les Loix  peuvent  s'attendre  
 d'en  être  auffi tôt  punis.  
 Bdordre  II  y  a  toujours  un  prix  fixé  pour  
 P^r  les les  vivres  ,  au  delà  duquel  on  
 noferoit  aller  car  fi  quelqu'un  y  
 étoit  furpris  &  qu'on  en  allât  porter  
 la  plainte  au Juge,  le  marchand  
 leroit  auffi  tôt  condanné  à  l'amende, 
   &  auroit  encore  plufieurs coups  
 de  bâton  fous  la  plante  des  pieds.  
 Afin que  ce  bel  ordre  ne  foit  point  
 enfraint,  il  y  a  de  certaines  perfonnes  
 établies  ,  qu'on  pourroïc  appele 
 r  des  maîtres  de  marché,  qui  ont  
 infpeftion fur les'  poids,  fur•  les.  me- 
 ,  VA.  lit- 
 A  l'égard  des démelez  &  des  que- 
 Jesrues,  ilsontencoreun  très bonor-les  meiirare. 
   Car  pour  obliger  chacun  
 les  empecher  autant  qu'il  cft poffible  
 ,  il  y  a  une  Loi  qui  porte  que  
 s il  fe  trouve  une  perfonne  qui  aie  
 ère  tuee  ,  &  qu'on  ne  fachc  point  
 qui  a  commis  le meurtre  ,  celui  devant  
 la  maifon  duquel  il  a  été  commis  
 doit  paier  lui  même  le  prix  du  
 lang,  &  cela  va  d'ordinaire  à  trois  
 cens  écu^  Dans  d'autres  villes c'eft  
 fnres,  &c  .  qui  vont  tous  les  ÔÛ.  bto^u t  el e  QcuaSrti^er Fquri   en  eft  reponfaaire  
 la  ronde,  pour  voir  s'il  L  fe i pomt  f  rts'^  " e t ^  
 fait  rien  contre  les  ordres;  &  s'ils  oui  .  f l  u  
 rencontrent  quelqu'un  qui ait vendu  
 trop  cher,  ou  qui  ait  fait  la mefure  
 trop  petite,  ils  le  font auili  tôt  coucher  
 par  terre  ;  &  outre  l'amende  
 qu'on  lui  fait  paier  ,  on  lui  donne  
 les  coups  de  bâton  à  l'ordinaire  j  
 C'eft  ce que  j'ai  vû  fouvent  à  Conftantinople  
 &  ailleurs  ,  principalement  
 à  l'égard  des  Boulangers  qui  
 faifoient  le  pain  trop  petit.  Cette  
 punition  exafte & fevere  tient  tellement  
 les  marchands  en  bride,  qu'- 
 on  peut  fans  craindre  envoier  un  
 enfant  au  marché,  car  ces officiers  
 parlent  au  enfans qui  viennent  d'acheter  
 quelque  chofe  ,  ils  s'enquiercnt  
 de  ce qu'il  leur  coûte  ,  ils  le  
 pefent,  &  s'ils  voyent  que  le  marqu  
 a  fait  le  coup  cft  pris,  &  qu'il  
 loit  convaincu  ,  on  n'a  que faire  de  
 paier  la  fomme  ,  &  f,  les p^ens  du  
 mort  veulent  bien  entendre  à  quelque  
 accommodement,  le  meurtre  fe  
 peut  racheter  pour  trois  ou  quatre  
 cens ecus: Mais fi ce font^es mineurs.  
 Il  faut  que  le  meurtrier demeure  en  
 prifon jui^u'à  ce qu'ils foient en  âge,  
 &  alors  .1 depend  d'eux  de  prendre  
 de  1 argent  ou  de  pourfuivre  lamort  
 du  meurtrier.  
 Pour  ce qui  cft des  Duels,  on  ne  
 fçait  ce  que  c'eft en  Turquie  ,  ce  
 qu il  faut  attribuer  à  U  fage  prevoiancc  
 de  leur  Prophete qui a cornme  
 coupe  les deux  racines de ce mal,  
 içavoir  1 yvrognerie  &  le  jeu  :  Car  
 chez  les Turcs  les honnét^  gens  ne  
 S  boiliUi  
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 I  ••1'  i l : ; -  'iâ  
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