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le fulîl, & j'en ai vû même qui le i bois rare, & elles ont au bout ufaifoient
en courant à cheval. Mais;ne pointe de fer quarrée, ou méce
en quoi ils font principalement
paroitre leur adrefle, c'eft à manier
la Zagaie. C'eft un bâton d'environ
quatre pieds de long , de la
groiTeur d'un bon pouce, rond par
le bout de devant & plat par celui
de derrière , & ordinairement
de bouix i voici comme on y joue.
me platte.
Ceux qui ne font pas d'une hu-r, , ,
meur trop fevere , peuven^ fc divertir
aflez agréablement avec une
efpece de femmes que les Turcs appellent
Singis. Ce font des Danléufes
publiques qui vont par tout
où o ^ v.i^.1,1111, uu j juuc. uu una lleess dueemaanndûee ,, &6c ccee floonnct
On s'aflèmble plufieurs dans quel- ordinairement des Juifves , des Arme-
qQuuee oplaine ou dans nqiuleflnqiuiep oanurtrree^ nipnnr.o J T7/- I
lieu fpacieux , & un de la troupe
court devant ; un autre , la 2agaïe
à la main le fuit de toute fa
force. Celui qui va devant, à mefure
qu'il court, regarde toujours
autour de foi, tant afin d'eviter le
coup, que pour tâcher d'attraper
la Zagaïe, & lors qu'il la peut avoir
, comme il arrive aiTez fouvent,
le jeu change, & celui qui
auparavant fuioit eft à prefent celui
qui pourfuit. Cet exercice eft
rude, & n'eft pas fans danger; car
fi le dos qui eft l'endroit ou l'on
vife n'eft point frappé de la Zagaïe
, à caufe du detour que l'on
fait de temps en temps pour en
eviter le coup, c'eft fouvent la tête
qui en porte la peine , & le
coup ne fçauroit qu'il ne foit rude
, parce que celui qui jette la
Zagaïe la pouffe de toute fa force
le bout tourné pour frapper le
dos de celui qui court dévant, ce
qui fait fouvent une blefllire conliderable.
Il n'eft prefque pas
croyable combien ils peuvent jetter
niennes , ou bien des Efclaves
Chrétiennes. 11 y a auffi de jeunes
garçons Juifs qui s'en mêlent
quelque fois & qui s'habillent en
femmes. Ces Singis font d'ordinaire
fort agiles, & en danfint elles
jouent d'une efpece de caftagnettes
dont le bruit eft affez agréable,
Scquivaà la cadence desmouvcmens&
des poftures de leur corps. Je
me fuis trouve fouvent dans des lieux
où l'on fedonnoitcedivertiifement,
& entre autres au logis de Monfieur
Coljers AmbaiTadeur de leurs
Hautes PuifTances à la Porte , lors
qu'il traittoit l'AmbalTadeur de France
, ou celui de Venife. Cela
duroit quelque fois jufques bien avant
dans la nuit, mais fans y mêler
de ces poftures lafcives & deshonnêtes
auxquelles les Turcs prennent
tant de plaifir. La gravité
n'en étoit pourtant pas il grande
que Meffieurs les AmbaiTadeurs
ne s'epanouiflènt la rattc de temp.?
en temps. Mais lors qu'on laiiTe
toute la hberté à ces Danfeufes, &
. j r ^L^ qxju«' on leur fidaiiLt ppajiruoiiLtrrec qqu' oonn pprreenndd
loin ce baton; & fi je difois que; plaifir à leur peu de reteniiê, elles font
je lai vu faire jufqu'a la longueur jdes nrouvcmens les plus deshonde
trois à quatre cens pieds, jene|nêtes qu'on fe puiife imaginer, car
parlerois point avec exaggeration :, des leurs jeuneile elles ont telle
mais il eft vrai auffi que tous ne ; ment accoutumé tous leurs mem
le font pas avec cette force Se cet
te adreflï. Qiiand on fe bat tout
de bon, l'experience eft d'un grand
ufage dans cet exercice , & alors
on fe fert aulieu de Zagaies , de
brcs. à tout ce qu'elles veulent, qu'-
elles leur font faire mille poftures
différentes.
Les Turcs , outre le Luth qui
, _ eft rinftrument à quoi ils fe piaicertames
petites lances que les jeu-i fent le plus, & q,n n'eft comme E™c
nés hommes portent avec eux lors nous avons dit qu'a trois cordes
qu'ils voiagent , ils en ont ordì- & d'une harmonie fort mediocre
ont encore plufieurs autres inftrumens;
Ils fe fervent auffi de la flûnairement
trois qu'ils mettent l'u
ne fur l'autre à côté de leur cheval.
Ces petites lances font d'ebeinc
ou de quelque autre forte de
te de Pan , de la C
Tambour de Bafque à
mbale ou
maniere
des
en EGY P T E , SYRIE, &c. „7
neft pa, encore allée chez eux jVqu
a ce point là, '
i'" ' Sl'îiH
i Liiiïii
Mais pour ces beaux Inftrumens
que nous avons dans la Chrétienté,
ils n'en ont pas feulement
G H A p I T R E XXIII.
"Bel ordre pour h yivres. Trecamiom contre les meurtres
re, c'eft d'entretenir ufbon „„ or uiuri
t e Lx ^heV l' - f a n t avec
en toutes chofes; & ceux qui ne' v o ^ i " , 1 '^
en toutes chofes; & ceux qui pe
chent contre les Loix peuvent s'attendre
d'en être auffi tôt punis.
Bdordre II y a toujours un prix fixé pour
P^r les les vivres , au delà duquel on
noferoit aller car fi quelqu'un y
étoit furpris & qu'on en allât porter
la plainte au Juge, le marchand
leroit auffi tôt condanné à l'amende,
& auroit encore plufieurs coups
de bâton fous la plante des pieds.
Afin que ce bel ordre ne foit point
enfraint, il y a de certaines perfonnes
établies , qu'on pourroïc appele
r des maîtres de marché, qui ont
infpeftion fur les' poids, fur• les. me-
, VA. lit-
A l'égard des démelez & des que-
Jesrues, ilsontencoreun très bonor-les meiirare.
Car pour obliger chacun
les empecher autant qu'il cft poffible
, il y a une Loi qui porte que
s il fe trouve une perfonne qui aie
ère tuee , & qu'on ne fachc point
qui a commis le meurtre , celui devant
la maifon duquel il a été commis
doit paier lui même le prix du
lang, & cela va d'ordinaire à trois
cens écu^ Dans d'autres villes c'eft
fnres, &c . qui vont tous les ÔÛ. bto^u t el e QcuaSrti^er Fquri en eft reponfaaire
la ronde, pour voir s'il L fe i pomt f rts'^ " e t ^
fait rien contre les ordres; & s'ils oui . f l u
rencontrent quelqu'un qui ait vendu
trop cher, ou qui ait fait la mefure
trop petite, ils le font auili tôt coucher
par terre ; & outre l'amende
qu'on lui fait paier , on lui donne
les coups de bâton à l'ordinaire j
C'eft ce que j'ai vû fouvent à Conftantinople
& ailleurs , principalement
à l'égard des Boulangers qui
faifoient le pain trop petit. Cette
punition exafte & fevere tient tellement
les marchands en bride, qu'-
on peut fans craindre envoier un
enfant au marché, car ces officiers
parlent au enfans qui viennent d'acheter
quelque chofe , ils s'enquiercnt
de ce qu'il leur coûte , ils le
pefent, & s'ils voyent que le marqu
a fait le coup cft pris, & qu'il
loit convaincu , on n'a que faire de
paier la fomme , & f, les p^ens du
mort veulent bien entendre à quelque
accommodement, le meurtre fe
peut racheter pour trois ou quatre
cens ecus: Mais fi ce font^es mineurs.
Il faut que le meurtrier demeure en
prifon jui^u'à ce qu'ils foient en âge,
& alors .1 depend d'eux de prendre
de 1 argent ou de pourfuivre lamort
du meurtrier.
Pour ce qui cft des Duels, on ne
fçait ce que c'eft en Turquie , ce
qu il faut attribuer à U fage prevoiancc
de leur Prophete qui a cornme
coupe les deux racines de ce mal,
içavoir 1 yvrognerie & le jeu : Car
chez les Turcs les honnét^ gens ne
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