
 
        
         
		im  ¿ 4 i í  .  d i  11 J;  
 8 x  V O Y A G E  au  L E V A N T  
 Car  ils  font  aimcz  dc  îeurs  maitres,  
 qui  ne  les  empêchent  point  d'aller à  
 l'Egliic  &  d'y  faire leurs  devotions.  
 Ils  font  aufli  aiTez  fouvent  dans  la  
 bonne  grace  de  leurs  Maitrefles,  
 qui  par  la  compaflion  qui  eft  naturelle  
 au  fexe,  adouciflent  par  quelques  
 gratifications  &  par  quelques  
 prefens,  la  rigueur  de  la  fervitude.  
 Ainlî  ce  n'eft  pas  une  condition  fi  
 mallieureufe  qu'on  fe  l'imagine  que  
 d'etre  efclave  d'un  Mahometan.  On  
 y  en  trouve  rarement  qui  foient  
 par  celle  de  leurs  Percs,  &  l'on  fc  
 contente  de  leur  rompre  le  petit  
 doigt  de  la  main  gauche,  pour marque  
 qu'ils  n'ont  point  été  circoncis. 
   
 Enfin  s'il  arrive  qu'un  Juif  fc  
 vkille  faire  Mahometan,  on  ne  le  
 circoncit  point,parce  qu'ill'eftdéja.  
 Car  quoi  que  la  Circoncifion  des  
 Juifs  différé  un  peu  de  celle  des  
 Turcs,  comme  nous  l'avons  remarqué, 
   elle  ne  laifl'e  pas  de  fufBre  
 dans  cette  occafioii.j  ^  . "aiio  «...iii,  ui.Lajiuii.   O«njn  ifce ccoonnttccnn-- 
 contraints  par  leurs  maîtres  d'abju-! te  donc  de  lui  faire  reciter  tout  
 rer  leur  foi  ;  Et  quoi  que  les  bons ¡haut  la  confeflion  de  foi  des  Ma- 
 Mululmans  fc  faiTent  une  loi  d'ex- j horaetans,  La  illa  itlalk  Mebemet  
 hortcr  au  moins  trois  fois  le  jour;  ri/«^  c'eft  à  dire,  Il  n'y  a  foint  
 ceux  qu'ils  ont  en  leur  puifTance  autre  'Dieu  que  T)ieu  &  Mahoembralfer  
 1'Alcoran,  ¿1  s'en  nouvc[met  efl fon  Trophete.  Pendant  qu'- 
 rrcs  peu  pourtant  qui  les  y  forcent ¡il  dit  cela,  il  tient  le  premier  doigt  
 par  de  mauvais  traittemens.  i éléve  en  haut,  &  par  là  il  eft réputé  
 Il  faut  que  j'ajoute  encore  au  fu-'être  Turc.  Ils  n'ont  pas  befoin  
 jet  de  la  circoncifion ,  que  le  lieu de ! non  plus  de  fe faire  Chrétiens  aupacette  
 Ceremonie  fanglante  n'eft  ravant,  comme  plufieurs  fe  le  font  
 point  fixé,  non  plus  que  le  temps,  accroire,  car  il  faudroit  fi  cela  étoit  
 lluu   llee   cchhooiixx   ddee   llaa   ppeerrlfoonnnnee   ppaarr   qquuii   qu'ils  receuiTent  le  Baptême  qui  eft  
 elle  fe  doit  faire, ou  aux bains,  ou à  
 la  maifon,  par  un  Imam,  aulli  bien  
 que  par  un  Chirurgien,  quand  il  y  
 en  a  un.  Car  comme  c'eft  iîmplenient  
 une  marque  du  Mahometifme  
 le  facrement  de  la  profeiTion  du  
 Chriftianifme  ,  mais  ce  Sacrement  
 n'eft  point  du  tout  en  ufage chez les  
 Turcs.  Peut  être  cette  inia  
 ;ination  
 eft-elle  venue  de  ce  que  
 —  ^ ^  —  ."^.-i.i..^,  ï^iiiic  uc  LU  que  ,  oorrss   qquuee   
 &  non  pas  un  Sacrement  ,  on  en  les Juifs  embraflent  la  Religion  Matrouve  
 la  celebration  bonhe  fans  di  
 ilinftion  ,  en  tout  temps,  en  tous  
 lieux,  &  par  toutes  fortes  de  perfonnes. 
   
 On  n'attend  pas  cette  Ceremonie  
 pour  donner  le  nom  aux  Enfans  ,  
 car  quoi  qu'il  y  ait  un  Parrain  ou  
 Compere,  ce  n'eft  pas  pour  donner  
 le  nom.  Cela  fe fait  à  la  maifon ,  
 des  que  l'enfant  eft  né,  lors  que  le  
 Pere  par  une  louable coutume  prend  
 l'enfant  entre  fcs  bras,  &  l'cleve  en  
 haut  pour  l'oftrir  à  Dieu,  &  lui  
 mettant  en  fuite quelques  grains  de  
 ici  dans  la  bouche,  le  nomme  par  
 foil  nom  en  difant,  "Dieu  -vueille  
 N.  N.  que fon  J'.  Nom  te  fuijfe  
 toujours  être  aujjt  agréable  que  ce  
 Jel  qui  eft  en  ta  bouche,  &  qu'il  
 l'empêche  d'avoir  du goût  jiour  les  
 chafes  de  la  Terre.  Pour  ce  qui  regarde  
 ceux  qui  meurent  jeunes  &  
 avant  que  d'avoir  reccu  la Circoncifion  
 hometane,  ils  font  obligez  de  croire  
 de  nôtre  Sauveur  ce  que  les  Mufulmans  
 ,  on  eftimc  qu'ils  font  fauvezj/^i-.  
 en  croient  ,  fçavoir  que  Tefus  
 Chnft  eft  la  Parole  de  Dieu  ,  
 qu'il  a  été  conceu  du  Souffle  ou  de  
 l'Efprit  de  Dieu  &  né  de  la  Vierge  
 Marie,  qu'il  eft  le Meflîe  &c.  Mais  
 cette^  creance  ne  les  fait  pas  être  
 Chrétiens  pour  cela,  non  plus  que  
 les  Mahometans  ne  le  font  pas,  
 quoi  qu'ils  croient, de  Jefus  Chrift  
 quelque  chofe  que  les  Juifs  n'en  
 croyent  pas.  
 I.e  S'.  Thevenot  rapporte  des  
 Mores  d'Egypte  qu'en  ce  qui  regarde  
 la  Circoncifion,  ils  font  encore  
 plus  fupcrftitieux  que  les  Turcs,  
 parce  qu'ils  font  circoncire  leurs  filles, 
   ce  que  ceux  ci ne  font  pas.  Ce  
 font  les  femmes  qui  leur  adminiftrent  
 cette  circoncifion,  en  leur  
 coupant  une  petite  parrie  de  ce  
 que  les  Anatomiftes  appellent  Njm- 
 Comme  
 en  EG  YPT  E,  S Y R  I E,  Î3  
 Pardon  Comme  il  n'eft  pas  moins de  l'in-i  excité,  mais  auili  fur  les  plus  innodes  
 E i i n e - j j ,  tranquillité  publique  de  cens  fpcdateurs  ,  une  grcfle  de  
 pardonner  à  nos  ennemis,  qu'il  eft  
 certain  que  notre  Sauveur  nous  l'a  
 expreflement  commandé,  il  ne  faut  
 pas  s'etonner  fi  la  Loi  des  Turcs  
 {qui  eft  un  aiTemblage  maldigetéde  
 ce  qui  leur  a  paru  de  meilleur  parmi  
 les  Chrétieiis,.  les  Juifs,  &  les  Idolatres} 
   recommande  à-  '{es  Mufuttnans  
 de  pardonner  à  leurs  ennemis  
 particuliers:  car  pour  ce qui regarde  
 les  ennemis  de  leur  Religion  &  de  
 leur Etat,  ils  font  obligez d'en  avoir  
 de  tout  autres  fentimens.  
 Il  n'y  a  donc  prefque  point  d'iniraitiez  
 entre  les  Turcs,  &  s'ils  ont  
 coups  de  bâton  ,  fans  qu'ils  s'en  
 puflènt  garentir  en  criant  Toba  Sultanutn, 
   comnie  ont  accoutumé  dc  
 faire  ceux  que  l'on  châtie,  &  qui  
 demandent  qu'on  leur  pardonne  la  
 faute  qu'ils  ont  faite.  Dans  cette  
 apprehenfiôn'  chacun  fe tient  en  repos, 
   &  ceux  qui  feroient  d'humeur  
 à  quereller  n'oferoient' laiflêr  émouvoir  
 leur  bilé,  de peur d'être châtiez  
 par  la  bourfe,,  &  qu'il  leur  en  coûtât  
 quelque'riiilic  Âfpres  s'ils éroient  
 accufez  au  D/Vàre j  & encore  moins  
 oferûient-ils  sVntrebattre,  de  craints  
 d'etre  battus  'd'une  autre  forte:  
 quelque  fois  des  raiforts qui  les met-  ainfi  dès  qu'ils  voient  un  Commentent  
 mal  cnfcmble,  ils  he  fauroient  cement  lie querelle,  ils  font  obligez  
 laiflêr  pafler  le Vendredi,  pour  le-: liir  les  mêmes  peines  de  faire  leurs  
 quel  ils  ont  la  même  veneration  que  efforts pour  l'appaifer,  &  d'ordinainous  
 avons  pour  le Dimanche,  fans  
 fe  reconcilier  avec  leurs  ennemis:  
 Et  s'ils  ne  le  peuvent  faire,  il  faut  
 ¡au  moins  qu'avant  que  de  fe mettre  
 à  prier  Dieu,  ce  qu'ils  font  obligez  
 de  faire  ce  jour  là,  ilsproteftent devant  
 Dieu  qu'ils  pardonnent  à  leurs  
 •ennemis,  autrement  ils'croient  qu'- 
 ils  ne  feroient  pas exaucez.  
 •  Sur  ce  fondement  ,  il  eft  très  
 exprefTément  deffendu  à tous les Ma- 
 -hometans  ,  dans  toute  là  Turquie,  
 re ils ne quittent poin t que le diffèrent  
 ne  foie  vuide.  Atifti voit-on  la  plus  
 part  du  temps ' qu'ils  les obligent  dc  
 s'embraflèr  apfés  leurs  demélçz,  &  
 de  renouer 'lirié^âmitié  ,  qui  feroit  
 rompue  pour  j'àimàis,  fi  l'on  laifToit  
 agir  la  paflîon  de  deux  emportez,  
 faute  de  s'entrernettre  de  les  accorder  
 ,  comme'  cela  ne  fe. voit  que  
 trop  en  divers  lieux  parmi  les Chrétiens. 
   
 Quand ceux qui fe querellent ou  qui  
 -de  faire  aucun  tort  à  fon  pro-  fe  battent  ne  vfeuknt  point  cefler,  
 chain,  foit de  bouche, en  lui  difant  quelques  exhortations  qu'on  leur  
 •des  injures,  foit  de  fait  en  le frap-  fafle,  &  quelque  pafTage de  l'Alcopant, 
   ou  en  lui  ôtant  fon bien  ,  foit  fan  qu'on  leur  allégué,  (ce  qui  arenfin  
 par  autrui,  en  incitant  quel-  riye  rarement}  on  les  fépare  malgré  
 qu'un  à  lui  faire du  mal.  Au  con-  qu'ils  en  ayent-,  '&  en  criant  Char a  
 traire  il  y  a des  peines  établies  pour  utta  qui  veut,  dire  par  la  Loi  de  
 ceux  qui  viendront  à  pecher  contre  ^'Dieû,  on  les  meine  devant  le  Kadi  
 cette  Loi.  Le  bâton  eft  la  feule  ou  quelque  autre  juge,  afin  deles  
 plume  dont  ils  fe  fervent  pour  écri-  faire  châtier'  de  leur  opiniâtreté,  
 re  cette  fentence,  &  pour  la  faire  Pour  cet  effet  on  couche  le  coupaexecuter. 
   Aullî  difent-ils  qu'il  eft  ble  fur  le  dqs,,  &  après  lui  avoir  
 defcendu  du  Ciel,  parce  qu'il  leur  donné  deux  ou  trois  cens  coups  dc  
 imprime  plus  de  refpeft,  &'qu'il les  bâton  fous  la  plante  des  piedsqu'on  
 retient  mieux  dans  leur  devoir,  que  ¡lui  a  attachez  à  une  Falaque,onlm  
 les  Loix  les  plus  faintes n'y  fervent | fait  encore  paier  deux  ou  trois  
 parmi  nous.  C'eft  aiTez  que  le  mille  afpres pour  s'etre  laifle  empor- 
 Souhachy  aille  de  côté  &  d'autre  par  
 les  rues  pour  faire  fongcr  aux  habitàns  
 d'une  ' ville  ,  que  le  moindre  
 bruit  qui  pourroit  arriver  entr'eux,  
 ftroit  capable  de  faire  tomber  ,  non  
 felilement  fur  ceux  qui  l'auroient  
 ter  a  la  colere  jufqu'a  fe  faire ainfi  
 mal  traitter.  
 La  feverité de  ces  loix  non  feulement  
 retient  par  force  dans  les  bornes  
 de  leur  devoir  les  Turcs  qui  
 voHdroient quereller les autres, & leur  
 L  2  faire