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 ly, J  f':'  
 358  VOYAGE  au  L  E V A N  T  
 re  ,  difenc  qu'à  caufe  d'un  certain  ! fuer  plus  pirticulieremcnt  ces  Ruievcncnient  
 delagreable  qui  leur  arri-,  nés,  mais  qu'en  paiîànt ils  copièrent  
 va  ,  ils  perdirent  l'envie  d'aller vi-  ' l'Infcripcion  fuivante.  
 CenrilMlON  OTOPOAHN  TON  KFATICTON  
 eiIlTPÛnON  CgEACTOT  AOTKHNAPION  
 KAl  AP..  AnHTHN  lOTAIOC  ATPHAIOC  CANwHC  
 w a c c i a n o t  TOT  M.-AgNAiOY  inneYc  
 P O Y W A M M  TON  (HAON  KAI  nPOCTATHN  
 e T O Y C  H O <1)  M H N e l  HANAIKMDans  
 cette  Infcription  la  principale  
 diflîculré  ett  au  mot  ¿pajnÌTn»  
 qui  dans  la  Dii&rtation  qu'on  vient  
 <ie mettre  au J o u r ,  fe  lit par «poiîrsTn»  
 &:  fcmble  lignifier  quelque  officier  
 particulier  chez  les  Syriens  ,  comme  
 chez  les  Latins  'Ducenarius  
 Peut  être  que  ceux  qui  font  fçavans  
 dans  les  Coutumes  &  dans  les  Langues  
 de  l'Orient  ,  feront  capables  
 de  l'expliquer,  
 Outre  cela  ces voiageurs  defignent  
 un  peu  plus  particulièrement  la  fituation  
 de  Tadmor  ,  que  le  premier  
 ,  quand  ils  difcnt  „  Autant  
 35 que  nous  le  pûmes  inférer  de  nos  
 3) journaux  ,  &  de  l'elfime  de  notre  
 chemin  ,  prife  avec  deux  
 bonnes  Bouifoles  ,  Tadmor  eft  
 M éloigné  d'Alep  environ  Cent  cin- 
 3,  quante  milles  d'Angleterre  ,  &  
 le  cours  qu'on  prend  eft  Sud-Eft,  
 jj  ou  plutôt  un  peu  plus  vers  le Sud»  
 ,)  i"û  la  declinaifon  de  la  bouflble  
 3,  qui  dans  ces  quartiers  là  eft  d'une  
 3,  bonne  demie ligne  versI'Gueft.  
 Mais  comme  ces  fortes  de  chofes  
 font bien  plus agrcables quand  on  leur  
 peut  apporter  quelque  eclairciiTement  
 ,  confidcrons  un  peu  ce  que  
 l'Auteur  dit  dans  fa  DiiTertation  des  
 mois  de  Novembre  6c  de  Décembre  
 1Ó95.  pour  donner  quelque  lumiere  
 à  ceci.  
 La  Ville  de  Tadmor  dont  les  ruines  
 donnent  tant  de  marques  de  
 l'état  floriflànt  oil  elle  a  été  autre  
 fois  ,  eft  vraiflemblablement  celle  
 que  Salomon  ,  ce  grand  Roi  
 d'Ifraël,  bâtit  dans  le  Defert  i  Rois  
 ç:  18.  &  2  Chron.  8:  4.  La  verfion  
 Vulgate  ,  qu'on  attribue  à  S.  Jerome  
 a  tourné  condiaït  'Palmyram  
 in  Deferto.  Et  Jofeph  au  I.  S.  de  
 fes  Antiquitez  ,  oii  il  parle  de  Salomon  
 &  de  fes  flits  ,  dit  ,  Et  il  
 bâtit  une  -ville  dans  le  'Defert,  ¿r  
 la  nomma  Thadamora  -,  Et  les  
 Syriens  la  nomment  même  de  ce  
 nom  jufqu'a  prefent  ,  mais le  nom  
 en  Grec  eft  'Pulmyra.  C'eft  donc  
 un  nom  Grec  qui  n'a  rien  de  commun  
 avec  le  mot  Latin  Talma,  
 mais  qui  femble  plutôt  être dérivé  de  
 ou  qu'Heiychius  traduit  
 f,tmikiùi  eu  peut-être  de  
 îroA/iÙTi(ç  qui  fuivant  le  même  Auteur  
 ,  étoit  une  Idole  chez  les  
 Egyptiens.  Auftl  le  mot  Ebreu  n'eft  
 pas "iDin  Tadmor,  mais "ibn Tamor  ou  
 Tomer  qui  en  Ebreu  fignifie  un  Palmier. 
   
 Pour  ce  qui  regarde  les  divers  
 changemens  qui  font  arrivez  à  cette  
 ville  ,  &  quelques  autres  circonftances  
 durant  les  grands  troubles  
 furvenus  fous  les  diverfes  Dominations  
 qui  fe  font  fuccedées  les  unes  
 aux  autres dans  l'Orient  ,  les  livres  
 n'en  parlent  point.  Mais  il  eft  fort  
 aifé  de  conjeiturer  qu'une  ville  fi  
 confiderable  ,  éloignée  de  Jerufalem  
 de  plus  de  trois  cens  milles  ,  
 n'eft  pas  demeurée  long  temps  entre  
 les  mains  des  Juifs  ,  fi  l'on  confidere  
 qu'immédiatement  après  Salomon  
 ,  ils  tombèrent  dans  un  grand  
 Schifme  ,  &  qu'ils  diviferent  leurs  
 forces  ,  tellement  qu'il  ne  faut  point  
 douter  que  cette  ville  n'ait  été  afliijettie  
 aux  Rois  de  Babylone  &  de  
 Perfe  ,  &  après  eux  ,  aux  Macédoniens  
 fous  Alexandre  ,  &  fous  
 les  Seleucides.  Mais  lors  que  les  
 Romains  curent  mis  le  pieddansces  
 quartiers  là  ,  &  que  les  Parthes  
 qui  étoient  les  Maitres  dans  l'Orient  
 fembloient  les  devoir  arrêter  dans  
 leurs  conquêtes  ,  Cette  ville  de  
 Paimyrc  qui  étoit  comme  frontière  
 entre  
 en  E  G  Y  P  T E ,  S Y R I E ,  bic.  
 entre  ces  deux  Empires  ,  prit  occafion  
 de  fa  lituation  ,  qui  eft  au  
 milieu  d'un  grand  dcfcrt,  &  où  par  
 confequent  une  armée  qui  auroit  
 voulu  l'aller  contraindre  ,  n'auroit  
 pû  fubfifter,  audi  bien  que de  la  jaîoufie  
 &  desconteftationsquiétoient  
 entre  ces  deux  Puiffances  t  elle  en  
 prit  di-je  occafion  de  fonger  à  fe  
 mettre  en  liberté  ,  &  d'être  comme  
 le  Magafin  du  commerce  pour  la  
 commodité  de  ces  deux  grands  Empires, 
   comme  il  paroît  par  ce  qu'en  
 difent  Appien  &  Pline.  
 Le  premier  nous  dit  au  f.  livre  
 des  Guerres  Civiles  que  Marc  Antoine  
 envoia  fa  cavalerie  pour  piller  
 la  ville  de  Palmyre  ,  fous  ce  feul  
 prétexté  ,  qu'elle  n'entroit  pas  aflcz  
 dans  les  Interefts  de  Romains  ,  iç  
 Pwftiiiwv  y-t/À nuphic/uv  hrsç ê(Popoç  Èç  ¿•^arépciç  
 ¿^iSeIîuî  iixov  &  qu'étant  marchands, 
   ils  anienòient  les  marchandifes  
 des  Indes  &  de  l'Arabie  par  la  
 Perfe  dans  l'Empire  Romain,  quoique  
 la  veritable  caufe  fût  les  grands  
 trefors  de  cette  ville,  dontil  vouloit  
 enrichir  fa  Cavalerie.  
 Mais  les  Palmireniens  étant  avertis  
 de  ce  deflêin  allèrent  au  devant,  &  
 tâchèrent  d'empêcher  le  pillage  de  
 leur  ville.  Cette  entreprife de Marc  
 Antoine  caufa  une  grande  rupture  
 entre  les  deux  Empires.  
 Pline  ,  qui  étoit  environ  cent  
 ans  après  Appien,  témoigne  dans  
 le  f.  livre  de  fon  Hiftoire  Naturelle., 
   que  de  fon  temps  cette  
 ville  jouiftbit  encore  de  fa  liberté.  
 Comme  fes  paroles  viennent  fort  
 à  propos  ,  j'ai  cru  queje  neferois^  
 pas  mal  de  les  rapporter  ici.  
 Talmyra  Urbs  nobilis  Jltu,  divitiis  
 foli  atcjue  aquis  amoewis,  -vajlo  undique  
 ambitu  arenis  includit  agros  ,  
 ac  -velut  terris  exempta  à rerum  Natura. 
   privata  fort  e inter  duo  imperia  
 fumma  Remanornm  Varthorumque,  
 &  prima  in  difcordià  ¡emper  utrinque  
 cura.  
 D'ici  il  paroît  non  feulement  que  
 du  temps  de Vefpaflen Palmyre  étoit  i Edifices  publics,  
 une  Republique  ou  ville  libre,  '  '  
 mais  aufli  que  fa  fituation  eft  fort  
 5 5 9  
 bien  reprefentée  comme  fi  c'étoit  
 une  Ifte  ,  un  pais  fort  fertile,  tout  
 environné  de  fables  arides  comme  
 d'une  mer.  
 Strabon  dit  qu'il y  avoit  beaucoup  
 de  femblables  païs  dans  la  Libie.  
 Les  Egyptiens  les  appelloient  
 fes  &  peut-être  eft-cc  de  là  qu'eft  
 venu  le  nom  des  Abiffins.  
 Aiant  donc  joui  près  de  deux  
 fiecles  de  ces avantages  de  la Liberté,  
 de  la  Neutralité,  &  du  Commerce,  
 il  ne  faut  pas  s'etonner  qu'elle  foit  
 parvenue  à  cette  grandeur  de  gloire  
 &  de  richeflès  qui  a  produit  tous fes  
 fuperbes  bâtimens.  Mais  quand  les  
 Romains  eurent  fait  voir  du  temps  
 de  Trajan  que  la  puiftance  des  Parthes  
 ne  pouvoir  pas  l'emporter  fur  
 la  leur  ,  puis  que  cet  Empereur  
 avoir  pris  Babylone  &  Ctefiphonte  
 qui  étoient  les  deux  fieges  de  l'Empire  
 des  Parthes  ,  I almyre  fut  enfin  
 obligée  de  fe  declarer  pour  les  
 Romains  comme  elle  fit  en  efftt,  
 en  fe  foumettant  à  l'Empereur  
 Adrien  ,  environ  l'an  130.  dejefus  
 Chrift  ,  quand  il  traverfa  I 3  
 Syrie  pour  aller  en  Egypte  ,  enfuite  
 de  quoi  ce  Prince  confiderant  
 la  force  &  la  fituation  de  cette  ville,  
 prit  à  tâche  de  la  rebâtir  &  de  l'embellir, 
   &  ce  fut  vrai-femblablement  
 dans  ce  temps  là  qu'il  lui  accorda  le  
 privilege  d'être  une  Colonie  Juris  
 Italici  fcomme  le  dit  Ulpien)  &  
 que  les  Palmyreniens  pour  reconnoiffance  
 fe  firent  appeller  AdrianopoUteS  
 ÉTiKT/o-ôf/o-fç  T^Ç  îroAfiWi vvé  T8  ¿wrcr  
 xp«Top«s  dit  Stephanus.  Auffi  y  a-t-il  
 aflèz  d'apparence  que  la  plus  part  
 de  ces  colonnes  de  marbre  dont  
 nous  avons  parlé  ,  &  principalement  
 celles de la grande  galerie,furent  
 des  effets  de la libéralité de ce Prince.  
 En  effet  il  n'y  a  aucune  de  leurs  infcriptions  
 qui  foit  de  plus  ancienne  
 date  -,  &  c'étoit  d'ailleurs  la  coutume  
 des  Empereurs  Romains  ,  de  
 donner  aux  villes  qu'ils  voulaient  
 gratifier  ,  &'  qui  leur  avoient  rendu  
 quelques  fervices,  de  ces  colonnes  
 de  marbre  pour  en  orner  leurs  
 Il  ne  les  falloit  
 pas  aller  chercher  bien  loin  ,  la  
 montagne  voifine  leurfourniflàntdu  
 marbre  
 WM